L’eczéma est une maladie de la peau largement répandue. Ses symptômes sont aussi visibles que désagréables. Et même parfois dangereux. Il s'agit d'une «inflammation non contagieuse de la peau qui s'accompagne de rougeurs, de fines vésicules, de squames et de démangeaisons», précise le site PasseportSanté. A un certain stade, des lésions cutanées peuvent même apparaître.
Rien de très sympa donc, surtout quand on pratique une activité physique, comme par exemple la gymnastique artistique. Les démangeaisons peuvent par exemple altérer le confort lors de l’exécution des gestes et ainsi compromettre la réussite de ceux-ci.
Mais cela n’a, semble-t-il, pas trop dérangé Sunisa Lee puisque l’Américaine, atteinte d’eczéma depuis son enfance, est devenue championne olympique du concours général en 2021 à Tokyo (elle défend son titre à Paris). Pourtant, cette maladie impacte bel et bien la jeune femme de 21 ans, mais d’une manière indirecte. Plus vicieuse.
C’est ce qu’elle a expliqué notamment au média CBS News. Dans son cas, c'est surtout de psychologie dont il est question. Plus précisément, de la peur du regard des autres. Cette crainte l'a affectée dès son plus jeune âge, et même en dehors des salles de gym. «Cela peut être une sorte d'isolement (social) lorsque vous avez une poussée d'eczéma», témoigne celle qui espère que sa parole permettra aux autres personnes souffrant de cette maladie de ne plus en avoir honte.
Même si elle «ne pense pas vraiment qu'en réalité, les gens y prêtent autant d'attention», la simple idée que le public remarque ses problèmes de peau effraie encore aujourd'hui la championne olympique. Au point de la bloquer en compétition. «Je dois me présenter dans un justaucorps avec lequel ma peau est entièrement exposée et tout le monde peut la voir, et l'insécurité que je ressens me retenait», confie-t-elle.
Pire: le fait de craindre une poussée d'eczéma peut justement... faire apparaître de l'eczéma. Car oui, c'est notamment le stress qui engendre les rougeurs et autres boutons, comme le font savoir les experts. «L'eczéma apparaît dans ma tête», appuie Sunisa Lee. Elle détaille cette spirale infernale:
Le stress de l'apparence, donc. Mais il y a aussi celui lié à l'enjeu de la compétition, contre lequel Lee se bat «quotidiennement et qui s'accentue lors des concours». Oui, la gymnastique artistique a un côté pernicieux en forçant ses athlètes à toujours paraître belle et gracieuse tout en devant sans cesse performer. De quoi leur infliger une pression extrême. On se souvient par exemple de la star américain Simone Biles, qui avait zappé une grande partie des épreuves aux JO de Tokyo pour «préserver sa santé mentale».
Mais les gymnastes ne sont pas les seules à devoir gérer ces contraintes. De plus en plus exposés, notamment à cause des réseaux sociaux, les stars du sport ont l'obligation de soigner leur image.
Pas étonnant, donc, de voir par exemple les footballeurs emmener leur coiffeur personnel sur les grands tournois pour se faire une beauté. «On se sent mieux dans sa peau. La confiance en soi, donc les performances, augmentent», assurait à watson le Vaudois Roby Myozaki, as du peigne.
Pour apaiser son stress et, par extension, son eczéma (ou vice versa), Sunisa Lee a choisi l'écriture d'un journal intime et la thérapie chez un psy, en plus d'un traitement dermatologique. De quoi avoir désormais la peau dure. C'est certain: l'eczéma n'aura pas la sienne.