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En descente, Pinturault va devoir gérer les parties de glisse

Alexis Pinturault of France pictured during training prior the FIS Alpine Ski World Cup season in Soelden, Austria, on Friday, October 22, 2021. The Alpine Skiing World Cup season 2021/22 will be open ...
Après plus de 330 départs en Coupe du monde, «Pintu» a décidé de relever un nouveau défi.Image: KEYSTONE

Pour briller en descente, Pinturault va devoir surmonter un sérieux obstacle

Le Français a décidé de se tourner vers la descente et s'alignera sur celle de Bormio jeudi. Un nouveau challenge qu'il n'a aucune chance de réussir s'il ne maîtrise pas une technique bien spécifique.
26.12.2023, 06:0026.12.2023, 11:21
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Alexis Pinturault a toujours été attiré, intrigué même par la discipline reine du ski alpin. Jeudi prochain, il pourra enfin confronter ses fantasmes à la réalité sur l'une des pistes les plus exigeantes et techniques du circuit: la mythique Stelvio de Bormio. Mais pour bien figurer en descente, le vainqueur du gros globe de cristal en 2021 devra apprivoiser une des spécificités de la discipline: les portions de glisse. Celles-ci sont fréquentes et sélectives sur le circuit Coupe du monde. Presque éliminatoires.

Certains skieurs perdent en effet beaucoup de temps sur le plat, quand d'autres se démarquent de leurs adversaires et y engrangent de précieux dixièmes. Bien glisser est un art et Alexis Pinturault devra le maîtriser s'il veut être dans le coup et atteindre son objectif, qui est de «remporter une descente d'ici trois hivers».

Bormio ne présente pas de longues portions plates, ce qui est une chance pour le Français, qui se retrouvera sur des terrains nettement moins favorables plus tard dans la saison. Le champion olympique 2006 Antoine Dénériaz l'a déjà prévenu:

«Techniquement, il n'y a rien à dire. C'est un skieur incroyable. Après, en vitesse, il y a un travail spécifique, celui de la glisse. Il faut savoir laisser aller les skis et pour ça, je pense qu'il y a une part d'inné (...) On est glisseur ou on ne l'est pas. Et si on n'avance pas sur les plats, on a aucune chance de gagner une descente. Je pense que ça peut être sa plus grande difficulté.»
Antoine Dénériaz dans L'Equipe

Pauli Gut nous avait dit un jour que c'est «dans les portions de glisse que l'on perd, une course». «Dans la pente, on peut toujours corriger», avait-il ajouté, fixant ensuite le point de bascule à 80 km/h:

«Au-dessus de cette vitesse, la position est importante. En dessous, c'est plutôt la façon de skier»
Pauli Gut, entraîneur et père de Lara Gut-Behrami

L'idée consiste alors à «laisser aller les skis». Ça paraît tout bête, mais c'est très difficile à réaliser, car les athlètes doivent désapprendre leur posture habituelle. «Normalement, tu es censé être assez stable du haut du corps, ce qui se répercute sur le bas. Quand tu skies sur les carres en géant, il faut que ce soit solide, schématisait Didier Défago dans Le Matin dimanche. Or sur le plat, il faut faire preuve de davantage de souplesse au niveau des articulations.»

Swiss ski racer Didier Defago during the second downhill training at the FIS Ski World Cup at the Lauberhorn in Wengen, Switzerland, Wednesday, January 16, 2013. (KEYSTONE/Peter Schneider)
Defago sur une portion de plat de Wengen en 2013.Image: KEYSTONE

Des skieurs comme Antoine Dénériaz ou Peter Müller avaient «la glisse dans les pieds», comme nous le dit un jour Luc Alphand, au contraire de gars «comme Marcel Hirscher et Alexis Pinturault, qui sont de fabuleux skieurs, mais de mauvais glisseurs».

Tout n'est pas pour autant perdu pour «Pintu». Car si bien glisser «relève pas mal du talent naturel», selon Luc Alphand, ceux qui ne sont pas nés avec ce don peuvent s'améliorer. «Ça peut se travailler avec les réglages du matériel, le calage des chaussures, les fixations», liste Antoine Dénériaz. La prise de masse peut aussi servir: Alexis Pinturault a d'ailleurs pris trois kilos et demi (il pèse 87,5 kg pour 1,80 m) pour gagner en vitesse. Il a aussi changé de duo d’entraîneurs. «Stéphane Quittet et Nicolas Thoule ont laissé la place, au printemps, à Martin Sprenger, un ancien coach de l’équipe autrichienne de vitesse, et à Maxime Tissot, qui s’occupait précédemment des espoirs tricolores», renseigne Le Monde.

Des séances répétitives et fastidieuses, en soufflerie puis sur la neige, peuvent aussi améliorer la posture et l'attitude sur les skis. «Bien glisser s’apprend avec les kilomètres. Ça ne se fait pas du jour au lendemain», rappelle Didier Défago. Durant sa carrière, le champion olympique de descente s'était forcé à enchaîner des sorties sur des portions plates, trouvées entre Sölden et Val Gardena.

«Je faisais entre vingt et vingt-cinq passages sur des tronçons de glisse pure en essayant différents skis. Après un certain temps, ça vient tout seul, car tu te décontractes. J’ai pu acquérir une certaine légèreté dans la façon de poser mes skis à plat.»
Didier Défago

Cette légèreté à trouver, c'est le grand défi d'Alexis Pinturault, qui sait très bien qu'il lui faudra du temps pour ne serait-ce qu'espérer chatouiller les meilleurs descendeurs du monde.

«Je suis parfaitement conscient que l’objectif est élevé, mais c’est ce qui rend le challenge aussi palpitant. C’est hyperexcitant»
Alexis Pinturault

Il n'envisage d'ailleurs pas son apparition dans la discipline comme un nouveau challenge à aborder, et s'élance surtout sur un cycle de trois ans, le conduisant jusqu'aux Jeux olympiques de 2026, à Milan-Cortina.

D'ici là, il pourrait entrer un peu plus dans l'histoire de son sport. Le Français est en effet le seul skieur à comptabiliser des victoires dans six disciplines (slalom, géant, super-G, combiné, city event et parallèle). Il tient à en claquer une en descente d'ici la fin de sa carrière.

Il ferait ainsi jeu égal avec Mikaela Shiffrin, mais surtout, il rejoindrait au panthéon du ski les cinq coureurs masculins (Marc Girardelli, Pirmin Zurbriggen, Günther Mader, Kjetil-André Aamodt et Bode Miller) qui détiennent au moins un succès dans chacune des épreuves traditionnelles de la Coupe du monde, à savoir le slalom, le géant, le super-g, la descente et le combiné. Le défi est de taille, mais Alexis Pinturault met tout en œuvre pour le relever.

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