Il y a un an, alors que les Swiss Indoors se remettaient à peine de l'onde de choc qui les avait frappés quelques semaines plus tôt avec la retraite de Roger Federer, c'est lui qui a soudain fait chavirer les cœurs à Bâle: Stan Wawrinka, ce joueur qui était jusque-là resté si souvent dans l'ombre de Federer.
Bâle et Stan, ça a souvent été une relation contrariée, en tout cas jamais le grand amour. Le Vaudois a certes atteint les demi-finales en 2006 et 2011, mais il a aussi perdu huit fois au premier tour. Mais les choses ont changé l'an dernier, lorsque Wawrinka a battu Casper Ruud, alors numéro 3 mondial, avant de susciter de formidables émotions au cours de son épopée jusqu'en quart de finale.
Le Vaudois n'avait retrouvé le circuit qu'en mars 2022 après une année d'absence. Presque personne ne l'avait alors cru capable de revenir aussi fort, aussi bien, et sans doute que lui-même ne s'attendait pas à ce que tout aille aussi vite non plus. Submergé par le soutien du public rhénan, il avait alors déclaré: «C'est à cause d'émotions comme celles-ci que je me suis accroché. Parce que je n'ai jamais perdu l'envie de jouer devant un tel public, devant vous.» Les spectateurs de la St. Jakobshalle, pleine à craquer, avaient alors chaviré de bonheur pour leur nouveau chouchou.
Aujourd'hui encore, un an plus tard, Stan Wawrinka est visiblement ému lorsqu'il repense à son parcours de l'automne dernier:
L'émotion était également au rendez-vous parce qu'il y avait parmi le public deux invités plutôt rares, le père Wolfram et la mère Isabelle. Et surtout, parce que son ex-femme Ilham Vuilloud et sa fille Alexia, aujourd'hui âgée de 13 ans, étaient également présentes. A ce mélange d'émotions s'ajoutait le fait que Wawrinka pouvait annoncer le retour de Magnus Norman comme entraîneur. C'est sous la houlette du Suédois que Wawrinka était devenu un triple vainqueur de Grand Chelem et qu'il avait atteint le 3e rang mondial, et c'est avec lui qu'il avait vécu la meilleure période de sa carrière.
Norman avait mis fin à leur collaboration en 2017, car il voulait passer plus de temps avec sa famille et s'occuper de son académie en Suède. Pour Wawrinka, le monde s'était alors effondré. Peu de temps auparavant, il avait dû subir deux opérations au genou et avait ensuite traversé des épisodes dépressifs. C'était l'heure la plus sombre du Vaudois. Le fait que Norman ait tiré un trait précisément à cette époque l'a profondément blessé. Wawrinka avait alors déclaré:
L'amitié a toutefois survécu à la déception et Norman n'a jamais complètement disparu du cercle de Wawrinka, réapparaissant régulièrement dans son box. La deuxième séparation, à l'automne 2020, s'est faite dans la douleur. Comme Wawrinka l'a confirmé, les retrouvailles ont eu lieu après l'US Open 2022. «C'est lui qui me connaît le mieux, moi et mon tennis. Nous voulons écrire le dernier chapitre tous les deux et fermer le livre ensemble», a-t-il déclaré.
Wawrinka fêtera son 39e anniversaire en mars prochain. Il ne précise pas combien de temps durera ce qui pourrait être son dernier chapitre ni combien de temps il jouera encore au tennis. Il met encore trop de passion dans son jeu. Et puis, le Romand est encore trop compétitif pour s'arrêter. Alors qu'il était numéro 147 mondial au début de l'année, il figure désormais dans le top 50 grâce à ses 25 victoires en 2023. C'est seulement une de moins que le cumul des trois années précédentes.
En juillet, une défaite en finale à Umag l'a privé de son premier titre en tournoi depuis six ans. Remporter une nouvelle fois un trophée est son objectif déclaré. Peut-être à la St. Jakobshalle cette semaine? Vingt ans après sa première apparition à Bâle, Stan Wawrinka croit en ses forces, sans savoir si elles seront suffisantes:
S'il était considéré comme réservé, voire presque timide, au début de sa carrière, Stan Wawrinka est devenu un grand seigneur du circuit, qui n'hésite pas à dire des vérités qui dérangent. Il a vivement critiqué les réformes de la Coupe Davis. Et lorsque des images d'un petit tournoi quelque part dans le monde montrent de mauvaises conditions, il est l'un des premiers à les dénoncer publiquement. A-t-il changé?
Pas nécessairement. «J'ai toujours évoqué les choses qui ne me plaisaient pas. Je veux provoquer des changements», comme par exemple moins de tournois et une pause plus longue en automne et en hiver. On ne peut toutefois nier que le Vaudois dénonce désormais les dysfonctionnements avec plus d'insistance. «Parfois, la patience me manque parce que je constate que nous discutons toujours des mêmes sujets», admet-il.
Stan Wawrinka sait qu'en raison de son âge, la fenêtre d'opportunité qui lui reste dans le tennis est de plus en plus étroite pour initier des changements. Mais aussi pour réaliser son dernier souhait: remporter un ultime trophée.