C'est peut-être LA tendance économique de 2024: après avoir longtemps et fortement progressé, l'inflation a reculé à une vitesse surprenante. Au plus fort de la vague haussière de l'été 2022, elle dépassait encore les 3%. Selon les prévisions du Centre de recherches conjoncturelles de l'EPFZ (KOF), le vent a tourné - et cela s'en ressentira en 2025.
Mais reprenons depuis le début. Selon le KOF, l'inflation n'atteindra plus que 1,1% en 2024 et 0,5% l'an prochain. Au niveau fédéral, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) table encore sur une moyenne de 0,3% sur douze mois, soit deux fois moins que l'été dernier (0,7%). Pour 2026, on devrait à nouveau s'attendre à 0,7%, non pas en raison d'une reprise de la tendance, mais d'effets statistiques.
Certains indices laissent penser qu'il n'y aura quasiment pas d'inflation dans les mois à venir. Les enquêtes du KOF montrent que, dans de nombreux secteurs, la plupart des entreprises ne prévoient aucune augmentation de prix au cours des trois prochains mois. Et selon l'Office fédéral de la statistique, l'indice national des prix à la consommation n'a plus du tout progressé au cours des six derniers mois - tout a donc stagné, en moyenne.
Cette victoire rapide sur l'inflation a désormais des conséquences considérables. La Banque nationale suisse (BNS) pouvait encore opérer un rapide revirement lors de la baisse des taux d'intérêt en 2024. Sa dernière décision, pour l'heure, a été de réduire le taux directeur d'un demi-point de pourcentage en décembre. Cela devrait se poursuivre l'année prochaine.
D'après la prévision du KOF, la Banque nationale continuera d'assouplir sa politique monétaire et réduira à nouveau son taux directeur d'un quart de point de pourcentage en mars. Elle arriverait alors à 0,25%, ce qui fait écrire au KOF:
L'inflation a donc considérablement reculé et devrait continuer à le faire. Il en va de même pour le taux directeur de la BNS - et cela entraîne désormais une longue chaîne de conséquences.
Les taux hypothécaires se stabiliseraient à un niveau plus bas, selon le KOF. UBS a publié des prévisions détaillées à ce sujet. Il en ressort qu'une grande partie des hypothèques récemment conclues sur le marché monétaire coûtent actuellement entre 1,1 et 1,6%. Dans un an, ce taux se situerait plutôt entre 0,8 et 1,3%.
Pour les hypothèques à taux fixe sur dix ans, les valeurs ont déjà baissé de 0,8 point de pourcentage en un an. Mais selon la grande banque, cela est en train de s'estomper. La majorité de ces hypothèques ont actuellement un taux d'intérêt compris entre 1,1 et 1,6% - et se situeront dans une fourchette comparable dans un an.
La baisse des taux directeurs a déjà entraîné une nette diminution du taux d'intérêt moyen sur toutes les hypothèques en cours. Néanmoins, en décembre, cela n'a pas suffi à faire baisser le taux d'intérêt de référence hypothécaire correspondant. Cela arrivera en mars, écrit le KOF. Le taux d'intérêt de référence reculera à nouveau pour la première fois et de nombreux locataires en fin de bail auront alors droit à une réduction. Le Seco s'attend lui aussi à un fléchissement du taux d'intérêt de référence en 2025.
Raiffeisen affirme même que le niveau moyen des taux d'intérêt de toutes les hypothèques en cours pourrait chuter à tel point qu'il faudrait revoir à la baisse le taux d'intérêt de référence deux fois l'année prochaine. Pour que cela se produise effectivement, la BNS ne devra pas se contenter de frôler le seuil du zéro, mais elle devra y parvenir dans les faits. Selon Raiffeisen, c'est ce qui va se produire: la BNS procédera encore à un deuxième ajustement après le mois de mars et aura un taux directeur de 0% en 2025.
Par ailleurs, l'inflation a surpris les partenaires sociaux à deux reprises ces dernières années. En 2022 et 2023, les prix à la consommation ont grimpé beaucoup plus rapidement que ce que les employeurs et les syndicats avaient prévu lors des négociations salariales. Ainsi, les salaires nominaux ont moins progressé que les prix - et les salaires réels ont baissé en deux ans, conclut le KOF. Il en a découlé une perte de pouvoir d'achat.
C'est pour ainsi dire la partie inverse qui se joue à présent: les partenaires sociaux n'avaient pas anticipé la chute rapide de l'inflation. Lors des négociations salariales, ils sont partis du principe que l'inflation se maintiendrait à un niveau élevé. Les salaires réels augmenteront donc d'un peu plus de 1% cette année et de bien plus en 2025. Ce qui aide aussi les travailleurs, c'est la diminution de leur nombre sur le marché du travail dans les années à venir. Le vieillissement de la population a provoqué un fléchissement primordial: le nombre d'actifs qui partent à la retraite chaque année dépasse désormais celui des nouveaux venus.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)