La rumeur enflait depuis plusieurs jours, la voici confirmée: Washington a écrit à Berne pour indiquer que le «prix ferme convenu» dans l'acquisition d'avions de combat américains F-35 «reposait sur un malentendu», a indiqué le chef de l'armement Armasuisse Urs Loher, mercredi.
Il accompagnait le conseiller fédéral en charge du Département fédéral de la Défense et des sports (DDPS), Martin Pfister, devant la presse mercredi. Et a confirmé que les surcoûts devant être versés aux Américains devraient se monter entre 750 millions et 1,35 milliards de francs. Les coûts possibles pour un retrait des contrats ne sont, eux, pas connus.
La séquence de questions qui a suivi a vu plusieurs journalistes se montrer critiques du processus. «La Suisse a-t-elle été naïve», «Les Américains nous ont-ils roulés dans la farine», a-t-on pu entendre, ou encore «Découvrez-vous des cadavres dans les placards» de l'administration Amherd? Les autorités assurent qu'elles vont relever les «défis» présents.
Martin Pfister a informé le reste du Conseil fédéral de cette somme le matin même, lors de sa séance hebdomadaire. Cela n'a toutefois rien changé. «Le Conseil fédéral approuve la suite de la procédure d'acquisition préconisée par le DDPS», explique un communiqué, et préfère explorer «la voie diplomatique».
L'exécutif suprême considère ainsi que «la Suisse et les Etats-Unis ont convenu contractuellement d'un prix ferme pour l'achat des avions de combat F-35», par ailleurs confirmé par des rapports externes et l'ambassade américaine à Berne. Le problème, c'est que, comme il est indiqué dans le même communiqué, d'autres pans de l'administration américaine ne l'entendent pas forcément de cette oreille.
C'est ainsi que le Joint program office, responsable des projets liés au F-35, a indiqué à Berne en août 2024 «qu'il pourrait y avoir un surcoût». Rebelote en février 2025: la Defense security cooperation agency (DSCA), a écrit par écrit à la Suisse. Pour quelle raison?
Le Conseil fédéral a été informé de cette situation par Viola Amherd début mars 2025, soit quelques jours avant l'élection à Berne de son successeur, Martin Pfister.
C'est désormais ce dernier qui est en charge du dossier. Et qui a reçu un message ce mois-ci, dans lequel «les Etats-Unis confirmaient leur position». Le montant des surcoûts est connu, mais le Conseil fédéral ne le précise pas. Celui-ci laisse entendre qu'un bras de fer est lancé entre Berne et Washington:
Les Américains l'expliquent par l'inflation, la hausse des prix des matières premières et de l'énergie, à la suite du Covid.
La rumeur était forte depuis quelque temps à Berne. Tout d'abord, un constructeur américain a indiqué que les coûts des F-35 devraient augmenter, notamment à cause des droits de douane de Trump.
C'est ensuite un journaliste alémanique, bien informé dans les milieux de la sécurité, qui a estimé que les surcoûts dans le dossier du F-35 seraient fixés à 1,3 milliard de francs.
«Ces derniers mois, certains pans du programme ont rencontré des obstacles de diverses origines», reconnaît-on lire dans le communiqué du Conseil fédéral.