L'horreur a duré environ quatre heures. Jeudi 8 février, un demandeur d'asile a détenu douze passagers et le conducteur d'un train régional entre Baulmes et Yverdon. L'Iranien de 32 ans était armé d'une hache, d'un marteau et d'un couteau. A 22h15, la police est intervenue, en tuant le ravisseur. Le bureau du procureur enquête sur les circonstances de la fusillade et les motivations de l'homme.
Selon des informations partagées par plusieurs médias, l'homme souffrait de graves problèmes psychologiques. Il a déposé une première demande d'asile en Grèce, a ensuite traversé une demi-douzaine de pays européens et a demandé une protection en Suisse en août 2022. Trois mois plus tard, il est affecté au canton de Genève.
En avril 2023, une audition a eu lieu au Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). Non seulement l'homme a proféré des menaces de représailles du régime iranien, mais il s'est aussi senti persécuté en Suisse. En juin, il s'est infiltré, probablement au Royaume-Uni, avant de retourner au centre d'asile fédéral de Boudry (NE) en janvier de cette année.
Le drame du train régional n'est que le dernier chapitre d'une liste de faits-divers impliquant des demandeurs d'asile.
A cela s'ajoutent les plaintes pour beaucoup de petites infractions dans les centres d'asile fédéraux (CFA). La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider s'était rendue l'année dernière à Boudry et Chiasso pour apaiser les tensions.
Après la prise d'otages à Yverdon, l'attention se porte désormais sur Beat Jans, le successeur de Baume-Schneider au département fédéral de justice et police. Le ministre a annoncé sur X que le Secrétariat d'Etat à l'Immigration étudierait avec les cantons concernés les circonstances de l'affaire et les conséquences possibles.
Beat Jans devra s'exprimer publiquement dès l'heure des questions de la session de printemps du Parlement. Le conseiller national vaudois Yvan Pahud (UDC) a annoncé une interpellation au sujet de la prise d'otages. Il demande par exemple quelles mesures le Conseil fédéral entend prendre pour éviter que de tels événements ne se produisent à l'avenir. Le Vaudois exige également une stratégie de tolérance zéro envers les demandeurs d'asile, qui représentent à ses yeux un danger pour la population et les personnes qui s'en occupent.
Pendant ce temps, Alain Ribaux (PLR), conseiller d'Etat neuchâtelois et vice-président de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP), a présenté à la RTS un catalogue complet de revendications: plus d'argent pour la sécurité, plus d'occupation dans les centres fédéraux d'asile, plus de moyens pour la détection des problèmes psychologiques chez les demandeurs d'asile.
On sait que de nombreux demandeurs ont vécu des expériences traumatisantes dans leur pays d'origine et/ou au cours de leur voyage vers l'Europe. Beaucoup ont des pensées suicidaires.
Le Secrétariat d'Etat à la Migration (SEM) a déclaré qu'il inclura dans ses analyses tous les incidents en matière d'asile. La manière dont il réagira concrètement à la prise d'otages reste à déterminer. Le porte-parole Reto Kormann mentionne plusieurs mesures de prévention existantes. Ainsi, dans les centres d'asile fédéraux, 130 personnes chargées de la prévention des conflits et 15 aumôniers travaillent. Les communautés locales soutiennent le SEM par des patrouilles extérieures. Les demandeurs d'asile retraités sont transférés au centre spécial des Verrières (NE).
Le SEM accorde la priorité à la santé mentale, affirme Reto Kormann. Si le personnel – il est formé pour cela – dans les centres d'asile fédéraux détecte des anomalies psychologiques, des investigations seront rapidement engagées.
Les délais d'attente pour les soins psychiatriques constituent un problème fondamental pour l'ensemble de la population - la pénurie de personnel qualifié ne s'arrête pas non plus dans le domaine de l'immigration. Dans ce contexte, le SEM est en train de créer une offre d'interventions à bas seuil pour les problèmes de santé mentale.
Le SEM n'est pas favorable à l'idée de réduire le taux d'occupation dans les centres d'asile. Selon lui, non seulement cela nécessiterait davantage de personnel et augmenterait la charge logistique, mais cela allongerait également les procédures d'asile, car les demandeurs d'asile doivent être transférés dans des CFA ayant une fonction procédurale pour les étapes de la procédure.
Le SEM souligne que la grande majorité des demandeurs d'asile se sont comportés correctement. Il n'est pas surprenant qu'il y ait toujours des affrontements dans les centres d'asile fédéraux. La liberté de mouvement et l'intimité sont restreintes, on est condamné à attendre et à ne rien faire, le droit de séjour est en suspens, la toxicomanie s'y ajoute parfois. L'année dernière, un millier de plaintes ont été déposées pour un incident de sécurité, dont environ un tiers était lié à une agression. Pour 10 000 nuitées, ça fait 8 opérations de police. Ce chiffre est supérieur à celui de l'année précédente (5,2), mais inférieur à celui de 2021 (10,3) et de 2020 (9,8).
(Traduit de l'allemand par Tim Boekholt)