Deux jours après le Conseil des Etats, le National a donné jeudi à l'unanimité son feu vert à l'aide d'urgence de la Confédération pour le village sinistré de Blatten, dans le Lötschental. L'idée d'une loi pour les catastrophes naturelles est revenue lors du débat.
Le Parlement a ainsi avalisé à l'unanimité et en un temps record la base légale pour la contribution fédérale de solidarité en faveur des habitants de Blatten (VS). Le 28 mai, il y a un peu plus de deux semaines, le village a été enseveli sous des millions de mètres cubes de roches et de glace, à la suite de l'éboulement du glacier de Birch.
Les élus de la Chambre du peuple, tous partis confondus, ont témoigné leur solidarité avec la population blessée. «Une situation extraordinaire appelle des mesures extraordinaires», a déclaré pour la commission Anna Giacometti (PLR/GR).
«Les habitants ont tout, tout perdu en quelques secondes, leur maison, leurs biens, leurs souvenirs, pour certains, leur outil de travail», a déclaré, ému, Emmanuel Amoos (PS/VS). Le soutien de la Confédération, ajouté à celui du canton du Valais, est un message à leur intention: «Vous n'êtes pas seuls». Et son collègue de parti Jürg Grossen (BE) d'ajouter:
La Confédération peut et doit montrer à Blatten qu'elle n'est pas livrée à elle-même, a renchéri Céline Weber (PVL/VD). Et son collègue de parti Jürg Grossen (BE) d'ajouter:
Michael Götte (UDC/SG) s'est étonné des longues discussions en commission pour une aide d'urgence «à notre population», alors même que cette contribution ne représente que 0,14% de ce que la Suisse verse chaque année à l'aide au développement à l'étranger. Ces propos ont rendu furieux Emmanuel Amoos qui a critiqué une récupération politique honteuse.
Sans remettre en question la nécessité de l'aide immédiate au Lötschental, Irène Kälin (Vert-e-s/AG) a soulevé la question de la stratégie de la Confédération à plus long terme. Aujourd'hui c'est Blatten, l'an dernier, c'était le Tessin et les Grisons. On ne peut plus se contenter de mesures prises dans l'urgence. Il en va aussi d'une question d'égalité de traitement et de sécurité juridique, selon elle.
L'idée d'une loi pour les catastrophes naturelles est dans l'air. Une commission parlementaire a déposé une motion en ce sens. Une loi permettrait de clarifier les critères réalisables au déblocage d'une aide fédérale, sachant que le réchauffement climatique accélère les événements naturels.
Reste à savoir s'il faut vraiment une loi ad hoc. «Aujourd'hui, l'heure n'est pas à la polémique», a souligné Damien Cottier (PLR/NE). Mais la discussion a commencé pour réfléchir à l'avenir.
Le ministre de l'environnement Albert Rösti a lui rappelé le caractère exceptionnel de l'éboulement dans le Lötschental, un événement qui ne se produirait qu'une fois bien au-delà de tous les 300 ans. Un nouvel éboulement d'un pan entier de montagne, suivi de la chute d'un glacier, a peu de chances de se reproduire dans un avenir proche, selon lui.
Albert Rösti a rappelé que les 5 millions étaient une première étape. Cette contribution est versée au titre de première assistance financière. Elle va directement à la commune pour des mesures d'urgence qui ne sont couvertes ni par des assurances ni par des subventions et qui doivent être mises en œuvre rapidement. La commune pourra en disposer comme elle l'entend.
La Confédération assurera encore une aide à moyen terme et à long terme. Quant à la reconstruction du village, la décision reviendra à la population, a rappelé Rösti.
Mais pas question d'envisager de quitter les vallées de montagne, a lancé le conseiller fédéral en son nom propre. «Deux tiers du pays seraient remis en question», a-t-il lancé. Et une désertion de ces régions réduirait la sécurité des ouvrages hydroélectriques alpins, qui fournissent 55% de la production électrique. (jzs/ats)