La présentation du demi-tarif Plus fin 2023 avait fait grand bruit. Il a tout d'un moyen de paiement: les clients chargent de l'argent, reçoivent un crédit supplémentaire en cadeau selon le montant et peuvent ainsi acheter des billets dans l'application des CFF ou voyager grâce à la fonction Check-in.
Konsumentenschutz (réd: l'équivalent alémanique de la Fédération romande des consommateurs) a directement critiqué le fait que l'offre ne soit disponible que de manière numérique. L'Aargauer Zeitung l'a qualifiée de bien intentionnée, mais trop complexe. LeTages-Anzeiger est allé jusqu'à la trouver «aussi inutile qu'un lecteur de minidisque» et a immédiatement prédit sa disparition. Mais les derniers chiffres révèlent que les transports publics semblent malgré tout avoir eu fin nez.
La version Plus du demi-tarif plaît apparemment plus que prévu. Au 9 septembre, il s'en était écoulé 141 015, indique la faîtière Alliance Swisspass. La barre des 150 000 abonnements pourrait bien être franchie dans les semaines à venir.
A titre de comparaison, le nombre d'abonnements généraux (AG) a augmenté de 95 000 entre 2010 et 2019 pour atteindre un pic de 500 000 exemplaires. Durant la période Covid, ce chiffre a chuté à 401 000 fin 2021, avant de repartir à la hausse. Mais fin 2023, avec 447 000 AG, on restait bien en dessous des quantités émises avant la pandémie. Depuis, de nombreux pendulaires sont probablement passés au demi-tarif Plus, particulièrement intéressant pour ceux qui alternent entre bureau et télétravail.
L'AG pourrait ainsi ne plus dépasser les 500 000 unités, pendant un certain temps au moins. Le succès de son petit frère, le demi-tarif Plus se retournerait alors contre les CFF et les entreprises partenaires. Il aura certes contribué à l'augmentation du nombre de passagers. Mais l'AG - et son prix plus élevé - reste néanmoins plus rentable pour les CFF. Le secteur ne communiquera ses chiffres sur l'abonnement général qu'en fin d'année.
Juin 2023 avait déjà vu le lancement de nouvelles offres visant les jeunes. Parmi elles, l'AG Night, qui permet aux moins de 25 ans de voyager librement à partir de 19 heures, et même jusqu'à 7 heures le lendemain matin durant le week-end. L'AG Night a remplacé le Seven 25 (auparavant il s'appelait Voie 7), qui a connu un bide historique. Les CFF et ses partenaires n'en ont vendu que 20 000, en raison notamment de son prix plus élevé, 390 francs par an. Avant cela, la Voie 7, avait convaincu environ 60 000 usagers (pour 129 francs par année).
L'AG Night semble avoir trouvé son public: en juillet, il totalisait plus de 100 000 titulaires, selon l'Alliance Swisspass. Cela représente une personne sur sept dans la catégorie des 16-25 ans. Afin d'attirer davantage de jeunes dans les transports publics, le secteur avait également imaginé les cartes journalières Friends et Tandem.
La première permet à quatre personnes au maximum de se déplacer sur le réseau de l'AG suisse pour 80 francs. En l'espace d'un an, 50 000 cartes journalières de ce type ont trouvé preneur. Avec la seconde, une personne de la même tranche d'âge peut accompagner les détenteurs d'un AG jeune pour 20 francs par jour. Cette offre a même dépassé les 100 000 exemplaires.
Ces promotions ciblées sur la jeunesse n'ont pas généré de recettes importantes, mais elles font partie d'une stratégie à plus long terme. Les usagers s'orientent bien souvent vers une solution de mobilité - qui restera ensuite la leur pour longtemps - à des moments clés de leur vie. Parmi ces moments clés, on trouve la fondation d'une famille ou le départ à la retraite - et, dans le cas des jeunes, l'entrée dans la vie active.
S'ils vivent des expériences positives dans les transports publics et les utilisent beaucoup durant cette période, la probabilité qu'ils continuent à miser sur le train et le bus par la suite augmente. Les offres avantageuses sont donc un investissement dans la clientèle de demain. Un calcul qui semble plutôt faire recette aujourd'hui.
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker