Un reportage de l'émission Temps Présent récemment diffusé sur la RTS a révélé de graves dysfonctionnements internes chez Implenia. Des fournisseurs et des sous-traitants de la société de construction ont dénoncé, entre autres, des retards dans le paiement de leurs factures pouvant aller jusqu'à huit mois. Contactée, Implenia affirme vouloir examiner la situation et se réserve le droit de prendre d'éventuelles mesures.
Certains fournisseurs et sous-traitants, dont Implenia était le client principal, ont même été poussés à la faillite, a affirmé la RTS. En 2024, des factures de fournisseurs pour près d'un milliard de francs sont en effet restées en suspens, selon le rapport annuel du groupe.
Après avoir annulé l'interview prévue, André Wyss, alors encore directeur général du groupe zurichois, a répondu par écrit à l'équipe de Temps Présent que «par principe, Implenia payait ses fournisseurs dans les délais impartis».
Contactée par l'agence AWP, Implenia indique dans une prise de position «regretter que la RTS ne l'ait pas confrontée aux cas particuliers, afin qu'elle puisse donner des explications fondées». «Différentes raisons, telles que la qualité des prestations, le respect des délais ou la facturation, peuvent retarder les paiements», explique un porte-parole, ajoutant qu'Implenia «est toujours contractuellement tenue de veiller à ce que les projets de construction dont elle est responsable soient exécutés conformément aux engagements pris envers le maître d'ouvrage».
Par ailleurs, lors de plusieurs «Supplier Summit», soit des «sommets des fournisseurs» en 2019, la direction a convoqué des sous-traitants pour leur demander de verser volontairement de l'argent à Implenia. Selon le reportage, l'objectif était de faire remonter les marges bénéficiaires de l'entreprise. Sous couvert d'anonymat, des employés, obligés alors d'exercer une pression sur les fournisseurs, ont exprimé leur malaise.
En Côte d'Ivoire, des ex-employés de la société Sisag, appartenant à Implenia, ont également dénoncé la gestion des cas de harcèlement sexuel, dont l'auteur serait toujours en poste. Ceux qui ont signalé les faits, en revanche, auraient été poussés vers la sortie. Selon Implenia, les accusations formulées ont fait l'objet d'une enquête indépendante en 2023. Selon le porte-parole, le rapport d'enquête n'a pas pu confirmer les reproches jusqu'à présent.
«Nous allons analyser les reproches et arguments concrets soulevés dans l'émission Temps présent de la RTS pour en tirer de nouveaux enseignements et examiner et décider d'éventuelles mesures allant au-delà de celles qui ont été prises jusqu'à présent», affirme-t-il encore.
Wyss, qui a quitté Implenia fin mars, a rejoint le 1er mai le conseil d'administration des CFF, qu'il présidera dès l'année prochaine, en remplacement de l'actuelle présidente Monika Ribar. (jzs/ats)