C'est un trajet très utilisé par les pendulaires, le voyage en train de Zurich à Berne et retour. Ceux qui l'empruntent régulièrement ont probablement un abonnement général (AG). Cependant, cet AG, qui coûte maintenant près de 4000 francs, n'est pas toujours rentable. Par exemple, pour ceux qui ne se rendent au bureau que deux jours par semaine, il faut faire un calcul précis. Or, dans la jungle tarifaire actuelle, ce n'est pas une tâche si simple.
Alliance Swisspass – qui chapeaute les abonnements de transports en Suisse – promet de simplifier considérablement les déplacements en train, bus ou tram. Ainsi, l'entreprise de transport public réalise actuellement un test sur le terrain avec son modèle dit «Myride».
Au lieu d'un prix d'abonnement forfaitaire, la nouvelle application, qui enregistre simultanément les trajets en arrière-plan, calcule le tarif individuel le plus avantageux. La distance parcourue chaque jour est facturée au centime près. Et plus on utilise les transports publics, plus le prix au kilomètre diminue.
Depuis la mi-mai, les clients intéressés peuvent tester ce nouveau modèle. Les CFF et d'autres compagnies attirent avec une offre attractive: par exemple, ceux qui empruntent la ligne Zurich-Berne deux fois par semaine paient avec l'abonnement Myride «Smart» nettement moins cher qu'un AG annuel, qui coûte 350 francs par mois. Grâce à un bonus, le nouvel abonnement numérique ne coûte que 233 francs.
Pour l'heure, on ne sait pas combien de participants prennent déjà part à ce test. Cependant, les premières enquêtes montrent un résultat positif et les taux de recommandation sont également encourageants. Avec ces tests, on veut déterminer si l'offre répond à un besoin, explique Susanna Wittwer, porte-parole de l'Alliance Swisspass. La question centrale est de savoir si cela a le potentiel d'atteindre le grand public.
Lors du lancement du projet, le secteur s'est montré convaincu. Les entreprises de transport souhaitent vendre presque exclusivement leurs billets via des canaux de distribution numériques d'ici 2035. En plus de Myride, l'Alliance Swisspass a également lancé le nouveau «Demi-tarif plus», un abonnement numérique de crédit qui enregistre également les voyages et promet des réductions aux grands voyageurs.
Néanmoins, le secteur souligne toujours que l'avenir des billets est ouvert. «Nous sommes en pleine expérimentation. Le résultat peut être totalement différent de ce que nous attendons», a-t-on entendu lors du lancement du projet Myride. La Fondation pour la protection des consommateurs, qui accompagne le projet depuis le début avec une grande critique, l'espère. Elle déplore, par exemple, que les prix ne soient plus connus avant le départ, que les utilisateurs de monnaie fiduciaire soient discriminés ou que le suivi numérique puisse porter atteinte à la vie privée.
Le succès du test actuel auprès des clients sera décisif. Il faudrait encore plusieurs années avant l'introduction d'un nouveau système tarifaire. Les canaux de vente traditionnels, tels que les distributeurs de billets, resteraient en place. L'application de suivi serait dans un premier temps un canal de distribution alternatif. «Si une transition devait avoir lieu, elle se ferait progressivement. Il n'y aurait pas de mise en œuvre radicale», affirme Wittwer.
Pour les entreprises de transport, l'enjeu est de taille. Après les années financièrement difficiles dues au Covid, elles souhaitent regagner des passagers. Pour beaucoup, les systèmes tarifaires actuels constituent un obstacle, a déclaré René Schmied, chef de la stratégie de l'Alliance Swisspass, à CH Media il y a un an. Sa vision? «Les transports publics doivent devenir aussi simples que la conduite automobile.»
(Traduit de l'allemand par Tim Boekholt)