Pas d’inquiétude: la loi instaurant le «mariage civil pour toutes et tous», autorisant par-là-même la procréation médicalement assistée pour les couples de lesbiennes, est annoncée largement gagnante le 26 septembre en votation. Sous réserve d'une proportion de «non» qui serait restée cachée. Durant la campagne, de quoi a-t-il été surtout question chez les partisans de cette évolution sociétale? De droits. D’égalité. Moins de lutte contre l’homophobie.
Etant donné qu’il s’agissait de présenter le mariage pour tous comme une revendication égalitaire, ce sont moins les différences que leur absence qui aura tactiquement prévalu. Le couple homosexuel est un couple hétérosexuel comme les autres... Aussi l’expression «mariage gay» fut-elle très peu de rigueur.
L’acquisition d’un statut parental devrait permettre à l’homosexualité de se normaliser davantage. D’apparaître, un jour prochain, aussi naturelle que l’hétérosexualité. De la même façon que le pantalon porté par les femmes a fini par passer inaperçu.
Si la loi créant le mariage pour tous est porteuse de bienfaits pour les futurs couples de même sexe, il faut espérer qu’elle contribuera à marginaliser l’homophobie dans les collèges et les gymnases. Là où il arrive assez souvent qu’elle se manifeste, provoquant crainte, colère, tristesse et parfois rejet de soi chez les personnes concernées. A l’école (aux cantons) d’agir contre cela en mettant en termes éducatifs non militants ce qui relève d’habitude de la communication LGBT.
Le mariage pour tous n’éradiquera pas l’homophobie, peut-être la renforcera-t-elle chez quelques-uns. L’homosexualité reste taboue dans certaines cultures, certains milieux, certains sports. Mais le fait que le mariage entre personnes de même sexe soit crédité d’une forte acceptation dans les sondages, indique que la partie est en voie d’être gagnée. Du moins sur les principes. Dans les faits, c'est autre chose.