Affaire Dittli, tags racistes et antisémites aux Brandons de Payerne: 2025 a des airs d’annus horribilis pour le canton de Vaud. C’est la reine Elisabeth II qui avait eu cette formule pour qualifier l’année 1992, tant tout était allé de travers: Charles et Diana s'était séparés, le château de Windsor avait été la proie des flammes. Buckingham Palace, la résidence officielle des souverains britanniques, avait vécu l’horreur.
Le «Château», le Buckingham Palace vaudois, est ces temps-ci mis au supplice par sa Lady Di. Valérie Dittli. Son entrée de star, en lunettes noires et en léger retard sur l’horaire, ce vendredi, dans la salle où se tenait la conférence de presse consacrée à la crise que traverse l’Etat de Vaud, témoignait d’un certain cran face à l’adversité.
La gouvernante, la directrice générale de la fiscalité, prend une retraite anticipée, mais la princesse n’est pas épargnée par le rapport du surintendant Jean Studer. Force est de constater qu’entre les Royals du Conseil d’Etat et Valérie Dittli, les relations sont au bord de la rupture.
Sous l’Etat de Vaud, on trouve l’Etat PLR. On l’a déjà dit, on le répète: sans le PLR, à l’époque dirigé par Marc-Olivier Buffat, il n’y aurait probablement pas eu d’alliance avec la Zougoise Valérie Dittli, alors resplendissante d’aplomb et d’énergie. Résultat des courses: la Lady Di d’Oberägeri entra au Château et elle y fut malheureuse. Ses manières, pour partie dénoncées dans le rapport de Jean Studer, se sont heurtées aux convenances de la cour.
Celle qui a été élue au Conseil d’Etat un peu par accident est peut-être ce qu’on appelle de manière inélégante une erreur de casting, eu égard aux usages locaux. La présente crise en suit deux autres, avec toujours la même au centre de l'attention. Cela fait beaucoup en à peine deux ans et demi de mandature.
Début 2023 éclatait l’affaire de ses déménagements fiscaux, suivie mi-2024 de ses démêlés avec un ancien président de la commission foncière rurale – un accord évitera l’ouverture d’une instruction pénale contre la conseillère d’Etat. Et maintenant, des accusations d’abus de pouvoir.
Valérie Dittli est aujourd'hui mise sur la touche. Les choses vont-elles se tasser ou le jeu de massacre va-t-il se poursuivre dans une réciproque détestation? La droite n’est majoritaire qu’avec Valérie Dittli. Pense-t-elle les tenir de cette façon? Voudra-t-elle jouer le rôle de la «princesse du peuple» contre les sans-cœurs du palais? Il aurait peut-être fallu songer à trancher le cas Dittli plus tôt. La situation n'a fait que s'envenimer avec les mois.
A Payerne, le «pas de vagues» l’a finalement emporté dans l’affaire des tags racistes et antisémites. Là non plus, le PLR, tout au sauvetage des apparences, n’a pas tranché. Ou plutôt si, au moyen d'une promotion. Il a récompensé le municipal Lionel Voinçon, l’un des «barbouilleurs» de vitrines, en le désignant candidat du parti à la syndicature du chef-lieu de la Broye vaudoise. Pas sûr que le Rassemblement national en France aurait investi un candidat impliqué dans pareil scandale.
Le grand vieux parti vaudois invoquera l’autonomie communale. Il n’en demeure pas moins que le municipal en question aurait pu faire l’objet au moins d’un blâme de la part du PLR. L’élu socialiste lausannoise Mountazar Jaffar, qui avait liké des tweets antisémites au premier semestre 2024, avait eu droit à un conseil de discipline ordonné par les instances du PS (sans conséquence pour le mis en cause) et à une dénonciation pénale de la Licra Vaud (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).
L’Etat de Vaud, c'est son charme, vit au rythme des moissons, une saison en chasse une autre. La terre a du bon. Le courage aussi.