Cet élu PS veut prendre Trump à son propre piège
39%: aucun autre pays européen n'a subi aussi durement que la Suisse les sanctions douanières américaines. Mais jusqu'à présent, la guerre commerciale est restée unilatérale: après l'entrée en vigueur des droits de douane le 7 août, Berne a renoncé pour l'instant à adopter des contre-mesures.
Elle mise plutôt sur la voie de la négociation. Un voyage du ministre de l'Economie, Guy Parmelin (UDC) à Washington début septembre a certes donné lieu à des «discussions constructives» au niveau ministériel, mais sans résultats concrets.
Le Vaudois a présenté au gouvernement américain l'«offre optimisée» du Conseil fédéral. Selon les médias, elle comprend notamment l'ouverture du marché suisse aux poulets américains traités au chlore et la volonté d'importer des Boeing pour Swiss et sa société mère Lufthansa.
Approche «erronée» face à Trump
Mais pour le conseiller national socialiste David Roth (LU), l'exécutif n'adopte pas la bonne approche:
Or, on ne peut pas convaincre un acteur irrationnel avec des arguments rationnels.
L'élu regrette que le gouvernement envisage d'importer des poulets chlorés et des avions américains malgré «d'importants doutes», compromettant ainsi la sécurité alimentaire et aérienne:
Il réclame une réaction complètement différente face aux sanctions douanières: il déposera une motion demandant au Conseil fédéral d'imposer «des taxes ciblées sur des produits américains emblématiques». Dont les motos Harley-Davidson, le whiskey bourbon ou les composants pour les Boeing. Les mesures doivent se conformer aux règles de l'OMC et minimiser les répercussions négatives sur l'emploi et les chaînes d'approvisionnement en Suisse.
Voici qui enverrait un signal fort et médiatique à l'adresse de Washington, estime Roth:
Le fait que bon nombre des produits mentionnés soient fabriqués dans des circonscriptions électorales et des Etats qui ont majoritairement soutenu le républicain renforce encore l'impact politique des mesures.
Bien sûr, compte tenu de son poids économique, la Suisse ne peut pas gagner une guerre économique contre les Etats-Unis, concède le Lucernois. Il s'agit plutôt de donner, en coordination avec d'autres pays, un signal attestant que «leurs partenaires commerciaux n'acceptent pas sans broncher tout ce que les Etats-Unis exigent».
Roth souligne que des pays comme le Canada, le Mexique, la Turquie ou encore l'UE ont pris des mesures similaires ou ont au moins envisagé de le faire sur le ton de la menace. Certaines ont été levées après un accord avec les Etats-Unis, ce que le Conseil fédéral espère vivement.
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker