La Suisse fait face à une triple accélération des menaces: géopolitique, technologique et géo-économique, a souligné mercredi Christian Dussey, le directeur du Service de renseignement de la Confédération (SRC).
«La Suisse est directement concernée», a expliqué devant les médias, le directeur du SRC Christian Dussey. «Nous faisons face à quinze thèmes brulants et sommes face à une triple accélération.»
Au niveau géopolitique, les conflits dégénèrent brutalement, la technologie évolue à vitesse fulgurante et ceux qui ne peuvent pas suivre cette course à l'armement sont distancés ou marginalisés. Et la situation géo-économique peut changer en quelques heures par le blocage des chaînes de livraison, a indiqué Dussey.
On voit se dessiner les contours d'une confrontation mondiale entre, d'un côté, les Etats-Unis, et de l'autre la Chine et la Russie, constate le SRC. «Et la Suisse n'y échappera pas. Nous ne sommes pas de simples observateurs», a prévenu le directeur du SRC.
L'ampleur des modifications que l'administration américaine pourrait apporter à l'ordre mondial reste encore incertaine. La politique américaine reste encore contradictoire, note le rapport.
En tant que siège de nombreuses organisations internationales et centre d'innovation, la Suisse est dans la ligne de mire des services de renseignement étrangers. La menace demeure élevée. De nombreux Etats ont envoyé du personnel de leurs services de renseignement en Suisse de manière dissimulée, surtout la Russie et la Chine.
Ces deux pays ont suffisamment de moyens pour espionner d'autres cibles que leur propre diaspora, indique le SRC. Et de mentionner des autorités fédérales, des corps de police, des entreprises, des organisations internationales, des représentations diplomatiques étrangères, des journalistes, des hautes écoles, des universités et d’autres instituts de recherche.
La Russie, l'Iran et la Corée du Nord tentent aussi de plus en plus d'obtenir via la Suisse des biens à double usage et des technologies pour leurs programmes militaires et nucléaires. «Les besoins sont extrêmement diversifiés», a précisé Dussey.
Le SRC soutient le Secrétariat d’Etat à l’économie en matière de contrôle des exportations de biens à double usage. Il examine les chaînes d’approvisionnement de biens ne figurant pas sur les listes afin d’empêcher les transferts à grande échelle vers la Russie. Il sensibilise également les entreprises qui fabriquent en Suisse et au Liechtenstein des produits dont la Russie a besoin et qui se trouvent donc exposées aux tentatives d’acquisition.
La menace terroriste inspirée par le djihadisme contre les intérêts juifs et israéliens est par ailleurs toujours élevée en Suisse. Elle est toutefois diffuse car les attentats sont commis par des individus isolés ou de petits groupes d'inspiration djihadiste qui commettent des actes de violence spontanément et avec des moyens simples.
La police est intervenue à plusieurs reprises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. La plupart du temps, ce sont des jeunes qui figuraient au centre de ces interventions.
La radicalisation en ligne de ces jeunes constitue un défi majeur, la détection précoce est essentielle, estime le SRC. La radicalisation se fait plus vite chez les jeunes que les adultes. Pour Christian Dussey, «ils ont une souplesse idéologique plus grande». Et le directeur de préciser qu'il «n'y a aucun indice concret d'attentat en Suisse».
Le SRC fait face à plusieurs défis qui mettent à l'épreuve la capacité de résilience du service: la rapidité des opérations, leur complexité grandissante, l'augmentation des tâches et les développements technologiques. Le but est de faire de la Suisse un espace complexe et difficile et de ne «pas se faire distancer par nos adversaires».
Et le directeur de saluer les succès de ses collaborateurs malgré des attentes de plus en plus importantes. Christian Dussey, qui a encore rappelé que «ça ne brûle pas au SRC», quittera ses fonctions à la fin mars 2026.
La menace terroriste inspirée par le djihadisme contre les intérêts juifs et israéliens est par ailleurs toujours élevée en Suisse. La radicalisation en ligne des jeunes constitue un défi majeur, la détection précoce est essentielle, estime le SRC. (sda/ats)