Commençons par la bonne nouvelle: la start-up zougoise Velas a réussi à éviter la faillite. L'entreprise existe à nouveau sans la mention «en liquidation» dans le registre du commerce.
En avril, personne ne s'est présenté à l'audience de Velas. Le tribunal cantonal de Zoug a alors ouvert la procédure de faillite. En juin, l'entreprise s'est toutefois opposée avec succès à la décision du tribunal.
Comme d'autres entreprises, Velas n'avait apparemment pas prêté attention à une modification de la loi entrée en vigueur cette année. Cette loi stipule que les dettes fiscales peuvent également conduire à la faillite des entreprises. Pour Velas, les problèmes avec l'administration fiscale cantonale ont été réglés après le dépôt de 6344,50 francs que l'entreprise devait.
On pourrait donc simplement mettre cette affaire sur le compte de la négligence. Mais il y a aussi une mauvaise nouvelle.
Le prix de la cryptomonnaie Velas VLX touche le fond. Selon le portail Coinmarketcap, une unité coûtait 0,0017 franc suisse vendredi midi. Dans le chat Telegram de la communauté Velas, un utilisateur demandait: «Hey, quoi de neuf? Le projet est-il mort?» Un autre utilisateur a répondu: «On dirait bien». Un troisième a contesté, espérant un avenir meilleur.
A son apogée, en novembre 2021, le coin Velas valait environ 40 centimes l'unité. L'année précédente, l'entreprise était apparue dans la liste des 50 meilleures entreprises de Crypto Valley Venture Capital. Cette association d'investisseurs suisse s'occupe des crypto-start-up zougoises. En effet, le canton s'est spécialisé dans l'implantation d'entreprises de blockchain. Velas était donc aussi une sorte de figure modèle.
En 2022, le logo de Velas figurait sur les bolides de l'écurie de Formule 1 Ferrari, aux côtés de marques connues comme les lunettes de soleil Ray-Ban. «La technologie blockchain de Velas est la plus rapide au monde», disait le message publicitaire.
L'objectif de l'entreprise est que des applications et des places de marché utilisent son infrastructure. Comme quelques autres entreprises, Velas s'inspire d'Ethereum, la deuxième cryptomonnaie après le bitcoin. Le succès d'Ethereum est nourri par l'espoir que de nombreuses applications, aujourd'hui encore centralisées par les entreprises et les autorités, se dérouleront bientôt de manière numérique sur la blockchain.
Selon cette vision du commerce du futur, des systèmes numériques décentralisés remplaçant les reçus et les documents classiques devraient à l'avenir confirmer l'authenticité des transactions financières ou des contrats. Velas a vanté sa propre technologie comme étant plus rapide et plus écologique.
Velas a été fondée par Farkhad Shagulyamov et Alex Alexandrov. Shagulyamov, de nationalité suisse, a des racines en Ouzbékistan et a habité à Zumikon (ZH). Il a été le premier membre du conseil d'administration, puis président de ce dernier et a occupé le poste de CEO entre 2021 et 2024.
Alex Alexandrov est né en Ukraine et aurait vendu des journaux pour gagner de l'argent lorsqu'il était enfant. Il a ensuite émigré au Canada, où il s'est lancé dans le secteur de la cryptographie. Il a acheté la société Coinpayments, qui propose des services de paiement en cryptomonnaies. On peut d'ailleurs toujours y utiliser le VLX, la monnaie de Velas. Cependant, ce n'est pas le cas de toutes les plateformes d'échange de cryptomonnaies: certaines ne répertorient plus le coin Velas.
Les cryptomonnaies disparaissent généralement des plateformes d'échange lorsque la demande est trop faible ou que les fournisseurs ne parviennent pas à s'entendre avec les propriétaires de la plateforme. Comme Alexandrov est impliqué dans Velas et Coinpayments, le coin VLX devrait continuer à y être accepté.
En septembre 2023, le fondateur de Velas, Shagulyamov, a quitté le conseil d'administration et s'est installé à Dubaï. Depuis lors, Velas n'est plus représentée en Suisse que par un employé d'une société qui offre des services administratifs aux entreprises actives au niveau international. Il semble que tous les acteurs importants de Velas aient quitté la Suisse, d'où l'intervention d'une personne externe au conseil d'administration et résidant en Suisse.
L'économiste et expert-comptable Jürg Kradolfer est un expert en cryptomonnaies. Il est plus étonné par l'ascension du prix du coin Velas que par sa chute. Il déclare:
Même si les applications de la blockchain devenaient plus importantes à l'avenir, cela n'irait pas nécessairement de pair avec une augmentation de la valeur des cryptomonnaies.
Pour Kradolfer, la cryptomonnaie Velas a des similitudes avec un «shitcoin». Les cryptomonnaies affublées de ce surnom peu racoleur sont rendues attrayantes pour les investisseurs par le marketing et le sponsoring, et prennent de la valeur grâce à la demande ainsi générée. Mais, comme l'explique Kradolfer:
Il fait remarquer que, contrairement au bitcoin, la «masse monétaire» des Velas et autres cryptomonnaies alternatives n'est pas limitée. Les fournisseurs de ces coins peuvent augmenter la quantité d'argent à tout moment, ce qui entraîne une perte de valeur, même si les fournisseurs promettent de ne pas le faire.
Obtenir un commentaire de Velas s'est avéré difficile. Une adresse e-mail autrefois prévue pour les demandes de presse ne fonctionne plus. Une demande à une adresse qui fonctionnait encore n'a pas reçu de réponse. Sur la plateforme X, le fondateur Alexandrov a annoncé pour la dernière fois en mars de nouvelles fonctions de la plateforme Velas, ce qui a amené certains utilisateurs à le traiter d'escroc.
Il a répondu ironiquement par un smiley en forme de baiser. Au téléphone, l'unique membre du conseil d'administration de Velas se contente de dire que la faillite n'est plus d'actualité et que l'entreprise continue d'exister. Il ne peut pas répondre aux autres questions.
Le club d'investisseurs Crypto Valley Venture Capital ne souhaite pas commenter la situation actuelle de l'entreprise. Selon lui, l'inscription de Velas dans le top 50 en 2020 a été faite sur la base des données disponibles à l'époque et pour une période spécifique.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci