De gauche à droite: Damien Cottier (PLR), Céline Weber (Vert'Libéraux) et Samuel Bendahan (PS).Image: watson
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Le système politique suisse a un immense avantage
watson accueillera désormais la chronique d'une personnalité romande tous les dimanches matin. Pour ce premier épisode, trois conseillers nationaux racontent comment ils font avancer la Suisse, malgré leurs divergences politiques.
Il faut être clair: en politique, même en Suisse, les désaccords entre les personnes qui siègent au parlement fédéral sont massifs. Chacune, chacun a sa vision de comment la société devrait fonctionner, et les parlementaires ont été élus pour porter des visions parfois extrêmement différentes de cette société.
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Chaque dimanche matin, watson invite des personnalités romandes à commenter l'actu ou, au contraire, à mettre en lumière un thème qui n'y est pas assez représenté. Au casting: Nicolas Feuz (écrivain), Anne Challandes (Union Suisse des Paysans), Roger Nordmann (conseiller stratégique, ex-PS), Damien Cottier (PLR), Céline Weber (Vert'Libéraux), Karin Perraudin (Groupe Mutuel, ex-PDC), Samuel Bendahan (PS) et la loutre de Qoqa.
Mais ces différences ne sont jamais la seule raison pour laquelle les gens décident de faire confiance à un parti ou une candidature. Il y a aussi une attente universelle de ne pas faire de la querelle et de la joute verbale la seule activité politique: les élues et élus ont une mission à accomplir.
Le système suisse pousse à la coopération
C’est difficile, car celles et ceux qui sont armés de convictions, fondamentales pour l’authenticité en politique, sont aussi facilement affectés par celles et ceux qui luttent contre ces idéaux. Comment alors collaborer dans ces conditions? Dans de nombreux pays, la culture politique n’est pas du tout à la collaboration entre forces politiques différentes. Même lorsque des coalitions sont nécessaires pour l’exercice du pouvoir, il est souvent très difficile de les faire fonctionner durablement.
Le système suisse, même s’il n’est de loin pas parfait, apporte un immense avantage par rapport aux systèmes qui donnent beaucoup plus de poids à un seul parti ou à une coalition claire: il pousse à cette coopération. En politique, on ne fait jamais rien seul. En Suisse, le pouvoir s’exerce non seulement avec d’autres personnes, mais aussi avec de larges coalitions, parfois changeantes.
Le système institutionnel suisse nous y oblige, à tous les niveaux de l’Etat, communal, cantonal, comme fédéral, et notre culture politique s’est développée sur cette base. Nous avons donc beaucoup plus de facilités à discuter entre nous, nous entendre, et éviter de faire de nos différences de vue des conflits personnels. Celles et ceux qui savent entrer dans cette logique sont sans aucun doute ceux qui font avancer le pays, car, même sans détenir le pouvoir, des progrès peuvent à long terme leur être attribués.
Il est important de le dire: travailler avec des gens très différents pour trouver un véritable terrain d’entente est l’une des meilleures voies vers le progrès, et n’empêche absolument pas ces mêmes personnes de descendre dans l’arène politique lorsqu’il s’agit de tenter de changer les rapports de forces au Parlement. Chacun conserve ses convictions et ses valeurs, mais accepte des compromis sur les modalités afin de trouver des solutions majoritaires et de faire avancer le pays.
Si nous avons la créativité de trouver ce qui met en commun des adversaires politiques pour en faire quelque chose de concret qui améliore le quotidien des gens, peut-être que nous résisterons mieux avec le temps à cette tendance générale qui affirme que «de toute façon, les politiciens font ce qu’ils veulent».
Des défis nous attendent
Les grands enjeux de demain demanderont une immense capacité à traverser les frontières idéologiques pour le bien commun. Pensez donc:
Nous devrons trouver une solution pour nos rapports avec nos voisins de l’Union européenne, qui soit une plus-value à la fois pour les habitants, salariés, pour les entreprises, pour l’économie en général. Cela demande sans doute des sacrifices importants pour chaque partie, mais, sans ces sacrifices, un échec à trouver une solution mènerait vers encore davantage de sacrifices, pour tout le monde.
Nous avons plusieurs réformes fiscales sur le feu, comme celle de l’imposition individuelle. Il s’agit des projets parmi les plus difficiles à faire aboutir, et pourtant à l’heure de la rédaction de cette chronique, il existe une fenêtre d’opportunité unique après des dizaines d’années de difficultés. Rien n’est encore gagné, mais, sans cette capacité de compromis, nous ne serions pas encore là aujourd’hui.
Les réformes des assurances sociales sont perçues comme nécessaires par tout le monde, mais ont souvent échoué, car le résultat du travail parlementaire n’était finalement pas perçu comme un progrès par une suffisamment grande partie de la population: d’où l’importance de parvenir à trouver des équilibres qui fonctionnent, plutôt que de vouloir imposer son point de vue à tout prix.
Et ce ne sont que quelques défis parmi d’autres, en lien notamment avec la situation géopolitique mondiale et la sécurité du continent, la digitalisation, la situation des finances fédérales ou encore le climat, par exemple.
Nous nous réjouissons de partager nos chroniques à partir de maintenant sur watson, pas toujours pour exprimer le même avis, loin de là, mais systématiquement pour mélanger nos convictions, avec notre foi en ce que nous pensons pouvoir accomplir concrètement les uns avec les autres. Nous espérons que vous aurez du plaisir à découvrir nos idées, nos projets, parfois aussi nos différences, car elles existent et font aussi partie de notre culture politique. Elles sont nécessaires… mais doivent aussi pouvoir être dépassées. Cela forge la base d’un concept qui porte un très beau nom: la démocratie.
Céline WeberImage: dr
Céline Weber est...
...docteure en génie mécanique de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Conseillère nationale pour le parti vert’libéral vaudois, elle siège également à la Commission des Institutions Politiques. Elle a fondé son bureau d’ingénieur dans le conseil en énergies renouvelables. Enfin, Céline Weber préside l’association Réseaux Thermiques Suisses, la Conférence Romande pour la Formation Continue, ainsi que la Commission Centrale des Normes de la Société Suisse des Ingénieurs et Architectes.
Damien CottierKeystone
Damien Cottier est...
...historien de formation, spécialisé en relations internationales, il s’est formé aux Universités de Neuchâtel et de Berlin et aux Hautes Etudes Internationales (HEI) à Genève. Il est conseiller national (PLR/NE) depuis 2019 et président du groupe PLR des Chambres depuis 2022. Il siège au sein des commissions des finances ainsi que des transports et télécommunications. Il fait également partie de la délégation parlementaire qui représente la Suisse au Conseil de l’Europe. Il préside notamment l’Union neuchâteloise des Arts et Métiers (UNAM), VignobleSuisse (Federation suisse des Vignerons), l’association OuestRail qui promeut le développement du système ferroviaire en Suisse occidentale ainsi que l’association parlementaire Suisse-USA.
Samuel BendahanImage: KEYSTONE
Samuel Bendahan est...
... docteur en Sciences économiques de la faculté des HEC de l’Université de Lausanne (Unil) et y enseigne ainsi qu’à l’EPFL. Ce Vaudois est également conseiller national PS, coprésident du groupe socialiste à Berne et membre de la Commission de l’Economie et des Redevances du Parlement. Il est consultant dans le secteur de la stratégie, de la gouvernance, du leadership et de la finance pour de nombreuses entreprises. Enfin, Samuel Bendahan préside la fédération suisse Lire et Ecrire, l’Œuvre Suisse d'entraide ouvrière (Oseo) et encore la coopérative d’habitation SCCH Le Bled.
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