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Guerre contre l'Ukraine

La Romandie peine à intégrer les réfugiés ukrainiens: voici pourquoi

La Romandie peine à intégrer les réfugiés ukrainiens.
Le taux d'activité des réfugiés ukrainiens a augmenté dans tous les cantons, mais de manière diverse.shutterstock/imago

La Romandie peine à intégrer les réfugiés ukrainiens: voici pourquoi

Si la Suisse est sur la bonne voie, le taux d'emploi chez les réfugiés ukrainiens fixé par la Confédération n'est pas encore atteint, en particulier dans les cantons romands. Explications.
14.01.2025, 13:47
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De plus en plus de réfugiés venus d'Ukraine ont trouvé un travail en Suisse. A la fin 2024, le taux s'élevait à près de 30%. Le but affiché par le Conseil fédéral, 40%, n'est cependant pas encore atteint.

C'est ce qui ressort de chiffres présentés mardi par la Confédération et les cantons. Au 30 décembre 2024, 12 280 personnes bénéficiant du statut de protection S travaillaient, soit un taux de 29,6%. En novembre 2023, le Conseil fédéral avait fixé un taux de 40% pour la fin 2024.

Des représentants de la Confédération et des cantons se sont toutefois montrés positifs face aux médias. La situation de ces personnes s'est globalement améliorée sur le marché du travail.

Le taux moyen d'occupation des Ukrainiennes et Ukrainiens était de 71% au premier trimestre 2024. Le salaire moyen (brut et extrapolé à 100%) est de 4608 francs.

Sur la bonne voie

L'intégration prend du temps, ont rappelé plusieurs orateurs. Parmi les Ukrainiens présents en Suisse depuis le début de la guerre, au printemps 2022, le taux d'activité se monte à environ 38%. Parmi les 18-50 ans de ce groupe, ce taux grimpe même à 42%, soit au-delà des objectifs.

Environ 10% des personnes au statut S et en âge de travailler séjournent en Suisse depuis moins d'un an. Cela montre que, s'il reste du travail à faire, la Suisse est sur la bonne voie, selon un représentant de la Confédération.

Objectif pas réaliste

Le taux d'activité a d'ailleurs augmenté dans tous les cantons, mais de manière diverse. Les situations restent très différentes d'un canton à l'autre. Dans les cantons romands et au Tessin, le taux d'activité reste faible, entre 14% (Genève) et 22% (Fribourg). Différents facteurs sont en jeu, comme la structure économique locale ou les mouvements migratoires régionaux (concurrence transfrontalière au Tessin et à Genève par exemple).

Les cantons se sont d'ailleurs toujours montrés critiques face à l'objectif global de 40% du Conseil fédéral, a rappelé une de leurs représentantes. Ce taux ne serait pas réaliste et pas assez spécifique.

L'intégration des Ukrainiens au marché du travail prend plus de temps qu'attendu par le Conseil fédéral, pour différentes raisons. Comme par exemple le fait que la majorité des réfugiés sont des femmes, souvent avec enfants, ce qui nécessite des solutions de garde ou d'écolage.

L'intégration passe aussi par des cours de langue. Parmi les personnes présentes depuis 2022, de nombreuses ont atteint le niveau B1 requis pour accéder au marché du travail. Les inscriptions aux cours de langue ont nettement augmenté. Mais la motivation des personnes et leur présence continue en Suisse jouent là aussi un rôle.

Mesures à venir

En septembre dernier, le Conseil fédéral a décidé qu'en cas de levée du statut S, les personnes tavaillant en Suisse bénéficieront d'un délai de départ de 12 mois, ce qui doit offrir une certaine sécurité aux employeurs.

Un système de malus pour inciter financièrement davantage les cantons à atteindre le taux de 40% est aussi à l'étude, mais les cantons y sont nettement opposés. Ils estiment en faire déjà beaucoup en matière d'intégration, notamment pour les enfants, les jeunes et pour l'encouragement linguistique.

Diverses mesures doivent être déployées d'ici l'automne 2025. L'obligation de participer à des programmes d'insertion professionnelle sera notamment étendue au statut S. Si une personne ne respecte pas cette obligation, les prestations d'aide sociale peuvent être réduites.

D'autres mesures sont encore prévues, comme l'introduction d'une obligation d'annonce auprès des services publics de l'emploi, et la possibilité de changer de canton pour aller y travailler. Fin 2024, 2674 personnes étaient inscrites auprès d'un office régional de placement, soit 62% de plus par rapport à mai 2024. Elles n'entreraient toutefois pas en vigueur avant fin 2026. (jzs/ats)

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