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Immobilier: Ce danger menacera «toutes les maisons suisses»

Les effets des intempéries à Sorte, dans les Grisons, en juin 2024.
Les effets des intempéries à Sorte, dans les Grisons, en juin 2024.Image: KEYSTONE

Ce danger menacera bientôt «toutes les maisons suisses»

Les maisons individuelles sont chères et convoitées, mais ne sont pas à l'abri des dangers pour autant. La crise climatique menace la plupart du parc immobilier suisse.
27.05.2025, 05:3527.05.2025, 05:35
Niklaus Vontobel / ch media
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«Les conséquences du changement climatique ne touchent aucun autre secteur aussi directement que le secteur immobilier», affirme le réassureur Munich Re. Rien qu'en 2024, on a recensé 43 catastrophes naturelles ayant chacune causé des dommages supérieurs à un milliard de dollars. Dans ce scénario, les Suisses risquent d'investir dans des biens immobiliers qui perdront de leur valeur, car ils seront menacés par des tempêtes, des chaleurs extrêmes ou des inondations.

Le cabinet Wüest Partner prend, lui aussi, le changement climatique au sérieux. En collaboration avec Climada Technologies, le bureau de conseil a calculé l'impact de différents scénarios climatiques pour tous les bâtiments de toutes les régions suisses.

L'analyse montre que les dangers liés aux fortes pluies et à la chaleur vont probablement augmenter de manière significative. Et que tous les bâtiments de Suisse pourraient être fortement, voire très fortement menacés. Mais commençons par le début.

Quelques centimètres d'eau suffisent pour inonder une cave

En cas de fortes pluies, il pleut trop en trop peu de temps. La pluie remplit d'abord les endroits où l'eau est censée aller et rester: les sols, les canalisations ou les gouttières. Puis elle atteint les endroits où elle ne devrait pas aller. D'une manière ou d'une autre, elle finit par entrer dans les bâtiments. C'est ce qu'on appelle le ruissellement de surface.

Selon les experts des établissements cantonaux d'assurance, l'eau peut entrer dans les bâtiments par des voies d'accès trop basses, des portes et des fenêtres non étanches, des soupiraux ou des ouvertures d'aération. Quelques centimètres à un endroit critique suffisent pour inonder une cave ou un garage souterrain.

Ou alors, l'eau s'échappe des canalisations et pénètre dans les maisons par les toilettes et les lavabos. Elle peut aussi s'infiltrer dans les sols jusqu'à ce que ceux-ci se ramollissent et glissent jusque dans votre salle à manger.

«Toute la Suisse sera touchée»

Selon Wüest Partner, au tournant du millénaire, les fortes pluies n'étaient déjà plus, pour de nombreuses personnes en Suisse, un phénomène qu'elles pouvaient observer en toute sécurité. A l'époque déjà, près de 20% des bâtiments étaient fortement ou très fortement menacés. Mais ce chiffre devrait bientôt être encore plus élevé.

D'ici 2030, un tiers des bâtiments seront concernés. D'ici 2050, environ la moitié sera menacée par les fortes pluies. Puis 90% d'ici 2100, si l'on ne parvient pas à réduire drastiquement les gaz à effet de serre. Si les émissions nocives augmentent de manière incontrôlée, «toute la Suisse sera touchée, et donc 100% du parc immobilier», selon Wüest Partner.

Une étude de MétéoSuisse a montré que le changement climatique a rendu les fortes pluies plus fréquentes et plus extrêmes au cours des 120 dernières années. La quantité de pluie qui tombe en l'espace de dix minutes a également augmenté de 20% au cours des 40 dernières années.

De leur côté, les établissements cantonaux d'assurance immobilière considèrent que les fortes pluies ne sont pas un problème de demain, mais d'aujourd'hui, et proposent une carte des dangers. Celle-ci montre pour chaque adresse en Suisse le chemin que prend l'eau, les endroits qu'elle inonde et comment elle peut être tenue à l'écart des maisons. Les fortes pluies peuvent avoir lieu partout et environ deux tiers des bâtiments se trouvent à des endroits où un ruissellement de surface peut se produire.

Chaleur extrême

En cas de canicule, les gens ont tendance à se réfugier dans les bâtiments. Mais la chaleur extrême peut également être nocive pour la santé ou endommager les immeubles. Des fissures apparaissent sur les toits ou les murs, les joints se déchirent, les matériaux gonflent ou se déforment d'une manière ou d'une autre.

Une nappe phréatique peut s'affaisser sous une maison. Les fondations peuvent alors se fissurer, voire s'affaisser, du moins partiellement. A l'intérieur du bâtiment, la ventilation et le refroidissement fonctionnent moins efficacement et consomment plus d'énergie. Et il fait trop chaud, au point où cela devient dangereux pour la santé.

Si les températures étaient restées les mêmes qu'au début des années 2000, moins de 0,5 % des bâtiments seraient menacés en Suisse. Seule Morges, l'une des communes les plus chaudes de Suisse, aurait un problème. Dans cette ville, 41% des bâtiments présentent aujourd'hui déjà un risque sérieux de canicule.

Mais Morges ne sera plus une exception si les choses ne changent pas. Selon Wüest Partner, de plus en plus de maisons seront alors rapidement touchées, presque toutes – environ 90% – d'ici la fin du siècle. Les bâtiments les plus menacés par la chaleur seront ceux situés à l'ouest et à l'est du Plateau, dans le sud du Tessin ainsi qu'à Bâle et dans ses environs.

A Genève, Granges (SO), Bâle-Ville et Mendrisio (TI), ce risque touchera 100% des bâtiments. La plupart du temps, ce sont les zones de basse altitude qui sont menacées. Ces risques sont en outre renforcés par des conditions locales qui ne sont pas prises en compte par les modèles climatiques. Cela concerne notamment les villes où il y a trop peu d'arbres pour rafraîchir l'air et trop de rues et de places bétonnées qui retiennent les rayons du soleil et réchauffent l'environnement.

Les climatologues sont également préoccupés par le fait qu'à certains endroits, les records de chaleur précédents ont été largement dépassés. Le village canadien de Lytton, par exemple, a été frappé par une chaleur extrême inattendue. Les températures y ont atteint près de 50 degrés en 2021, soit cinq degrés de plus que le précédent record.

Le climatologue de l'EPFZ Erich Fischer a tiré des leçons de ces cas extrêmes pour la Suisse. Dans une interview accordée l'année dernière à la radio SRF, l'expert a déclaré que des températures de 43 à 44 degrés ne sont pas à exclure pour la ville de Zurich. Fischer avait précisé:

«A l'heure actuelle, ces scénarios sont les plus extrêmes qu'il soit. Mais la Suisse devrait se préparer à faire face à de telles températures»

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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