La présidente de la Confédération a disparu
C'est le conseiller fédéral en charge de l’Economie, Guy Parmelin, qui a présenté vendredi devant les médias le nouveau compromis douanier conclu avec les Etats-Unis. Une conférence de presse qui s'est tenue sans la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter. Voilà qui peut étonner, face à l'importance d'une telle nouvelle.
Ce printemps, pour mémoire, la présidente de la Confédération avait conduit la délégation suisse aux Etats-Unis à l'occasion des négociations aux côtés de son ministre de l’Economie.
Par la suite, elle était restée activement impliquée dans les discussions et la communication avec les Américains. Pourtant, elle a renoncé à annoncer elle-même la fin de la procédure, et que les tarifs devenait repasser de 39% à 15%. Mais depuis le printemps, beaucoup de choses se sont passées.
Le choc des annonces de Trump
Tout a commencé le 2 avril dernier, avec le Liberation Day, le «jour de libération» durant lequel Donald Trump avait lancé sa guerre commerciale mondiale. Son objectif principal était d’obtenir des balances commerciales qu'il jugeait plus équilibrées.
La Suisse n’avait pas eu de chance, puisqu’elle affichait un excédent commercial vis-à-vis des Etats-Unis. C’est pourquoi, ce jour-là, Trump l’a sanctionnée en appliquant des droits de douane de 39%.
En mai, après le choc initial, Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin avaient rencontré le secrétaire au Trésor Scott Bassent, espérant, à l’instar du Royaume-Uni, décrocher un accord avantageux.
La rencontre 👇
Auparavant, un appel téléphonique entre Keller-Sutter et Trump avait fait sensation: la présidente helvétique s’était vu surnommer la «celle qui chuchote à l'oreille de Trump».
Mais ensuite, plus rien ne bougea pendant des semaines.
Keller-Sutter et Parmelin se sont finalement envolés pour Washington. À leur retour, ils croyaient avoir obtenu une réduction du tarif à 10 % — une annonce faite sans coordination préalable avec les Etats-Unis.
Erreur.
Le coup de fil fatal avec Donald Trump
En plein 1er août, Donald Trump avait finalement fixé le tarif douanier à 39%. La Suisse était sonnée. Des indices laissaient alors penser qu’un nouvel appel téléphonique entre Karin Keller-Sutter et Donald Trump avait déclenché ce revirement. On affirmait depuis Washington qu’elle aurait sermonné le président américain.
Nous vous avions alors révélé le véritable déroulement de l’entretien entre le président américain et la présidente de la Confédération. Plus tard, un enregistrement audio de l’appel a montré qu’il n’y avait aucune trace de sermon, juste un président blessé dans son orgueil.
Pour apaiser les tensions, Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin s'étaient à nouveau rendus à nouveau aux Etats-Unis début août. Ils étaient revenus les mains vides.
KKS reste à distance des États-Unis
Et maintenant? Ce mercredi, Guy Parmelin s’est rendu une nouvelle fois à Washington, mais seul, afin de finaliser un nouvel accord avec le représentant américain au commerce Jamieson Greer. Karin Keller-Sutter n’était pas de la partie. Ces dernières semaines, elle s’était déjà faite discrète sur le dossier douanier — sans doute par calcul. Mieux valait éviter de provoquer Trump à nouveau.
Guy Parmelin était donc également seul ce vendredi lors de la conférence de presse à Berne. La question se pose légitimement: les Etats-Unis ne voulaient-ils plus voir Karin Keller-Sutter après la querelle autour de l’interprétation du coup de fil fatal avec Donald Trump?
Répondant à la question d’un journaliste, Guy Parmelin a simplement dit:
Il n'en dira pas plus.
Pour désamorcer toute tension, Parmelin a tenu à rappeler que, dans d’autres pays aussi, la conclusion des accords n’impliquait pas nécessairement les chefs d’État. Il a précisé qu’il avait soigneusement validé l’annonce avec Jamieson Greer – cette fois – avant de la rendre publique.
Mais contrairement au printemps, ce sont les Etats-Unis qui ont annoncé l’accord en premier. S’exprimant durant après-midi sur la chaîne CNBC, Jamieson Greer a déclaré:
Le Conseil fédéral l’a confirmé par la suite.
A noter toutefois que Jamieson Greer n’a pas été tout à fait le premier à communiquer la nouvelle. Le lapsus est venu du propre parti de Guy Parmelin. Avant même les Etats-Unis, l’UDC avait félicité Parmelin pour le nouvel accord douanier. Selon le parti, il s’agissait d’une erreur.
