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Aides sociales: le Jura innove et ça porte ses fruits

Ce canton romand se bat pour donner de l'argent à ceux qui en ont besoin

En Suisse, de nombreuses personnes en situation précaires auraient droit à une aide financière, mais ne la demandent pas. Le Jura prend le contre-pied et en tire un bilan positif.
05.10.2024, 11:4405.10.2024, 11:52
Kari Kälin / ch media
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Les personnes qui ne parviennent pas à couvrir les coûts minimaux de la vie avec les revenus de la prévoyance vieillesse ont droit à une aide de l'Etat. En 2023, 223 600 retraités ont perçu des prestations complémentaires pour un montant de 3,3 milliards de francs.

Mais plus de 230 000 autres retraités ne feraient pas valoir leur droit aux prestations complémentaires alors qu'ils y sont éligibles. C'est ce que l'Université de Genève et la Haute école zurichoise des sciences appliquées ont découvert lors d'une recherche mandatée par Pro Senectute Suisse. Les personnes concernées ne seraient simplement pas au courant de l'existence de cette aide. D'autres n'arrivent pas à remplir la demande ou choisissent sciemment de ne pas être une charge pour l'Etat.

Le constat est le même ailleurs. L'année dernière, la Haute école spécialisée bernoise a passé au crible le non-recours à l'aide sociale dans la ville de Bâle. Conclusion: 30% évitent les services sociaux, dont de nombreux étrangers, parfois par peur de risquer leur statut de séjour.

Face à ce phénomène, le canton du Jura a décidé d'agir. Du 2 mai au 16 juin, il a mené une campagne publique pour attirer l'attention des Jurassiens sur les offres de soutien de l'Etat et pour lutter contre la pauvreté. Des affiches ont été installées dans l'espace public, dans certaines églises, associations et communes, des annonces ont aussi été publiées dans les journaux. L'objectif de l'action était de mobiliser 100 personnes potentiellement touchées par la pauvreté. Elles pouvaient s'inscrire par SMS ou via un formulaire en ligne pour un entretien de conseil confidentiel avec des travailleurs sociaux.

Au moment de dévoiler les résultats, le canton du Jura se réjouit du succès de son action. Le site Internet contenant les informations a été consulté plus de 9 000 fois. Et 145 personnes ont profité de l'offre de conseil, en majorité des mères célibataires et des retraités. Les principales raisons du non-recours sont en premier lieu le manque de connaissances et, dans une moindre mesure, la honte, a fait savoir le canton du Jura.

Sur demande de CH Media, éditeur de watson, le canton a révélé plus de détails. Il a contacté 59 personnes une deuxième fois. Entre-temps, 11 d'entre elles ont commencé à percevoir une prestation sociale, 32 attendent encore la réponse et 16 n'ont finalement pas fait de demande. Le canton ne sait pas de quel type de prestation sociale il s'agit - aide sociale, prestations complémentaires ou réduction des primes d'assurance maladie.

Le Jura ne craint pas que la campagne entraîne une augmentation des dépenses publiques. Raphaël Fehlmann, du service social cantonal, part du principe qu'une intervention précoce permettra d'aider les personnes en situation précaire avant qu'elles ne tombent dans un tourbillon de dettes et d'autres problèmes qui, au final, coûteraient plus cher aux pouvoirs publics.

Des efforts politiques sont également en cours dans d'autres cantons pour réduire le non-recours aux prestations sociales. Le parlement du canton de Bâle-Ville a transmis cet été une motion en ce sens de la députée PS Nicole Amacher. Le PS bernois prévoit une intervention en se référant au modèle jurassien. Et la commission santé et affaires sociales du PS argovien se penchera sur les expériences du plus jeune canton de Suisse lors de sa prochaine réunion.

Etude au niveau fédéral

Certains cantons informent, sur la base de données fiscales, les ménages qui ont droit à des subsides pour les aider à payer leurs primes d'assurance maladie. Dans une motion, la conseillère nationale socialiste saint-galloise Barbara Gysi a demandé au Conseil fédéral d'obliger les cantons à procéder de la même manière pour les prestations complémentaires.

«Il serait facile de le dire aux gens au moment de leur déclaration d'impôts. Il y a vraiment beaucoup de gens qui n'osent pas ou qui ont honte, et cela ne doit pas être le cas.»
Barbara Gysi

Le Conseil fédéral a rejeté l'intervention. Elisabeth Baume-Schneider a souligné que les cantons remplissaient déjà leur mission. En effet, les retraités sont informés de l'existence des prestations complémentaires à chaque première décision AVS, puis tous les deux ans en même temps que les adaptations de rentes. La conseillère fédérale jurassienne a toutefois reconnu que les cantons informaient de manière plus ou moins efficace sur ces prestations.

L'année prochaine, la Confédération publiera donc un rapport sur le sujet. Il s'agira entre autres d'examiner si les cantons s'efforcent réellement d'identifier de manière ciblée les bénéficiaires potentiels de prestations complémentaires via les données fiscales.

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