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Dépistage du cancer du sein menacé: «Les femmes vont trinquer»

Eine Roentgenassistentin, rechts, und eine Medizinisch-Technische Assistentin, links, demonstrieren am 26. April 2007 das Mammographie Screening Programm in Berlin. Ein Streit um die beste Brustkrebs- ...
Chaque année, 6500 femmes sont atteintes d'un cancer du sein en Suisse.Image: AP

Dépistage du cancer du sein: «Les femmes en paieront le prix»

La nouvelle structure tarifaire Tardoc menace le dépistage du cancer du sein en Suisse. Les experts tirent la sonnette d'alarme. De récents chiffres allemands montrent en effet qu'un examen précoce réduit la mortalité de 20 à 30%.
16.07.2025, 18:5416.07.2025, 18:54
Anna Wanner
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Chaque année, 6500 femmes sont atteintes d'un cancer du sein en Suisse. Le dépistage précoce peut aider à mieux le traiter. Mais l'accès à ce test n'est pas toujours équitable. Michael Knauer, expert de cette maladie, explique pourquoi l'évolution actuelle l'inquiète.

Les spécialistes mettent sérieusement en garde contre la suppression des mesures de dépistage du cancer du sein. Est-ce qu'ils exagèrent?
Michael Knauer: Non. Le passage au nouveau tarif médical Tardoc réduira drastiquement la rémunération des radiologues. Pour nous, cela signifie que nous ne pourrons plus couvrir nos frais pour les dépistages.

Pourquoi?
Car la tarification ne correspond pas aux coûts réels. Aujourd'hui déjà, les cantons et les caisses maladie mettent la différence. Il manque de l'argent pour financer les programmes. Ce sont les femmes qui en font les frais.

Portrait
Michael Knauer est chirurgien. Il travaille au centre des tumeurs et du sein de Suisse orientale à Saint-Gall. Il est aussi directeur médical à la clinique spécialisée de Stephanshorn.

Les femmes ne peuvent-elles pas prendre en charge elles-mêmes leur dépistage?
Le grand avantage des campagnes organisées est que les frais sont pris en charge, quel que soit le montant de la franchise d'une assurée. L'assurance de base finance les dépistages du cancer du sein.

«Par ailleurs, à partir d'un certain âge, chaque femme reçoit une convocation, pour autant qu'elle vive dans un canton disposant d'un programme de ce genre.»

Peu importe le milieu social, les migrantes ou les personnes peu instruites, cela vaut pour toutes.

Vous dites que c'est au niveau du prix que tout se joue. Les radiologues sont-ils vraiment à plaindre?
La tarification ne prévoit pas assez pour cette prestation, dans les 65 francs. Si de nombreux radiologues disent ne plus pouvoir proposer le dépistage à ce tarif, cela devient difficile. Ce n'est que grâce au soutien des radiologues publics des hôpitaux cantonaux et des instituts privés que des milliers de femmes peuvent être examinées chaque année.

C'est donc une question de sous; 50% de diminution, c'est beaucoup - mais ne pourrait-on pas en parallèle réduire le prix de la prestation?
Peut-être que si. Il est absolument essentiel que nous gardions à l'esprit la rentabilité. Et je pense aussi qu'il existe un potentiel d'économie grâce aux progrès de la mammographie. Mais -50%, c'est dramatique. Ce qui est encore plus grave à mes yeux, c'est que l'accès n'est plus garanti.

«On donne un signal complètement erroné»

On dépense tellement plus d'argent à d'autres endroits du système de santé. Il ne faut pas chipoter pour 20, 30 ou 50 francs. Et encore moins pour un problème aussi concernant.

Que représentent ces programmes pour les femmes?
Leur principal point fort est de permettre un dépistage précoce. Nous avons de très bonnes données pour la Suisse orientale. Chez les participantes à la campagne, on détecte la maladie bien plus tôt. Cela signifie moins d'ablations, moins de chimiothérapie, et donc aussi moins de dépenses. Et puis, bien sûr, de meilleures chances de survie.

«Une autre étude menée en Allemagne révèle que la mortalité due au cancer du sein recule de 20 à 30%. Avec 6500 femmes atteintes chaque année, cela représente de nombreuses vies épargnées.»

Pourquoi ce rétropédalage en matière de prévention?
La Suisse est le seul pays d'Europe à ne pas avoir de programme de dépistage uniforme au niveau national. La santé est l'affaire des cantons. En Suisse centrale et à Zurich, par exemple, il n'existe toujours pas de campagne officielle. Les experts sont pourtant unanimes: les avantages des mammographies l'emportent sur les inconvénients.

Mais d'un point de vue purement scientifique, c'est contestable.
En fait, il y a malheureusement encore des gens qui critiquent cette pratique. Les mammographies ne sont pas la panacée. Certaines tumeurs passent parfois sous les radars. Ou à l'inverse, une mammographie fait soupçonner une tumeur, qui n'en est au final pas une.

«Pour la patiente en question, la pilule est difficile à avaler»

Les faux positifs créent peur et incertitude - pour rien, au final. Le dépistage organisé demeure toutefois une bonne solution. Il répond à des normes de qualité très élevées - contrairement à ce qui se passe lorsque les femmes ou les médecins s'en occupent eux-mêmes.

Qu'est-ce que cela signifie?
Qu'on réalise une double lecture de la radio par deux radiologues. A l'avenir, on y ajoutera de l'IA. Les experts sont spécialisés dans les images du sein, ils en examinent plusieurs milliers par an.

Un ou une gynécologue ne peut pas également réaliser des examens importants?
Bien que nous ayons un dépistage par mammographie depuis longtemps à Saint-Gall, plus de la moitié des femmes arrivent encore dans notre centre avec un résultat sur la base d'une palpation. Mais la maladie a alors déjà un stade plus avancé.

Ne réagit-on pas trop tard? Faudrait-il commencer la prévention avant 50 ans?
En fait, les cas de cancer du sein chez les femmes plus jeunes affichent une hausse depuis quelques années. On ne parvient pas encore à bien l'expliquer.

«La mammographie chez des femmes plus jeunes est malheureusement moins probante, car les tissus sont très denses. On complète donc l'examen par une échographie - c'est ce qui se fait par exemple en Autriche. C'est en revanche nettement plus compliqué et plus cher.»

Quelle solution reste-t-il alors?
Trouver un compromis entre les assureurs, les radiologues et les responsables des campagnes de dépistage. Autrement dit, ne pas réduire le tarif aussi massivement. Sinon, il faudra que quelqu'un d'autre intervienne pour le financement: par exemple les cantons ou les caisses maladie, pour mettre la différence.

Schaffhouse a suspendu ce programme. Votre proposition arrive-t-elle trop tard?
Non. Nous nous mobilisons aujourd'hui pour que le passage au système Tardoc ne se fasse pas au détriment des dépistages.

Est-ce vraiment une option?
Le directeur du programme «donna» de Suisse orientale, Rudolf Morant, affirme que le programme est sur la sellette. Il a toutefois pris contact avec les partenaires tarifaires - par ailleurs, les assureurs sont eux aussi intéressés par un maintien des campagnes.

Et si cela n'aboutit pas?
Qualitativement, l'accès généralisé au dépistage fait une énorme différence. On l'observe dans d'autres pays, comme les Etats-Unis.

«Les femmes moins éduquées et avec moins de moyens financiers consultent un médecin lorsque le cancer est déjà avancé»

Leur taux de mortalité est plus élevé. C'est ce que l'on cherche absolument à éviter.

(Traduit et adapté par Valentine Zenker)

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