Si le genou craque, il y a Condrosulf. Tous les jours, pour toujours. Et comme de nombreux genoux craquent en Suisse, mais aussi dans le monde entier, la demande est grande pour les comprimés blancs qui sortent des cuisines de l'une des plus grandes entreprises pharmaceutiques de Suisse. Le siège d'Ibsa se trouve au Tessin, non loin de Lugano. De là, elle vend ses médicaments dans près de 90 pays par le biais de 20 filiales et de nombreux points de distribution.
Les médicaments sont développés et produits en grande partie au Tessin même et en partie en Chine et en Italie. La production dans le pays voisin a été développée depuis 2015, c'est-à-dire depuis l'année où la Banque nationale suisse a laissé tomber le cours minimum de l'euro à 1,20 franc. Le chef de l'unité suisse, Maleša Sidjanski, explique que le compte n'y était plus avec des coûts de production suisses élevés et des prix européens bas.
Le problème des prix continue de préoccuper Maleša Sidjanski aujourd'hui. Les coûts de fabrication augmenteraient ainsi que les prix de l'énergie et des matières premières:
Cela a à son tour des conséquences pour l'entreprise: «Notre marge diminue». Et pour le pays:
Dès 2016, Maleša Sidjanski a donc créé une communauté d'intérêts avec des entreprises pharmaceutiques suisses partageant les mêmes idées, un réseau qui a intensifié les contacts pendant la pandémie et a même lancé une initiative populaire «Oui à la sécurité de l'approvisionnement médical» au printemps 2023. Celle-ci vient d'être déposée à la Chancellerie fédérale.
L'initiative, qui est également soutenue par le corps médical, les pharmaciens et les organisations de patients, vise notamment à obliger la Confédération à «encourager la recherche, le développement et la fabrication de produits thérapeutiques importants en Suisse», à maintenir des stocks et à assurer la distribution et la répartition fine.
Malgré toutes les difficultés, Ibsa ne veut pas quitter la Suisse ou le Tessin. C'est là que se trouvent les racines de l'entreprise, c'est là qu'habite le propriétaire et président du conseil d'administration Arturo Licenziati, aujourd'hui âgé de 89 ans, qui vient encore tous les jours au bureau pour travailler. En 1985, il a repris l'entreprise Institut Biochimique SA avec une quarantaine de personnes. Aujourd'hui, l'entreprise compte environ 3200 employés dans le monde, dont 900 travaillent au Tessin.
Et l'entreprise va rester dans les mains de la famille, les deux petits-enfants travaillent déjà aujourd'hui pour Ibsa. Maleša Sidjanski s'en réjouit également. C'est un vétéran d'Ibsa, qui a rejoint l'entreprise pharmaceutique tessinoise en 1992 et qui est resté depuis. Cela s'explique par le succès de l'entreprise, qui a créé des centaines d'emplois au Tessin et qui n'a jamais licencié personne «même pendant la pandémie», comme il l'explique. Et bien sûr à la culture d'une entreprise familiale dirigée par son propriétaire.
Au total, Ibsa réalise un chiffre d'affaires de près d'un milliard de francs - par exemple avec le Condrosulf, l'antiarthrosique en question, les pansements actifs Flector, qui promettent un soulagement en cas d'entorses, de contusions et de claquages musculaires, mais aussi avec ses préparations thyroïdiennes en ampoules et en capsules molles et ses hormones de fertilité.
Et l'entreprise veut aller plus loin. Elle vient d'augmenter les capacités de production de son siège social. Aujourd'hui, environ 7,5 millions d'emballages par an passent sur la chaîne de remplissage moderne d'hormones thyroïdiennes, qui répond également aux exigences de l'autorité sanitaire américaine FDA. Le potentiel est de plus de 9 millions d'emballages par an, ajoute Maleša Sidjanski lors de la visite de l'usine.
Les six sites de production tessinois d'Ibsa seront bientôt regroupés au siège principal, à Pian Scairolo, la zone industrielle et commerciale située entre Lugano et Collina d'Oro. C'est ici, «dans le Spreitenbach du Tessin», comme le dit un collaborateur d'Ibsa, que de nombreuses entreprises de production ont leurs succursales, en plus d'Ikea, Jumbo et de nombreuses marques automobiles.
En tout cas, le plan de construction est déjà établi et les investissements sont réservés.
Car dans ce canton méridional, qui est parfois perçu comme une destination touristique, l'industrie est également responsable d'environ un cinquième de la performance économique et, comme dans le reste de la Suisse, l'industrie pharmaceutique tessinoise dépasse toutes les autres.
Traduit et adapté par Chiara Lecca