Qu'il s'agisse d'un médicament contre le cholestérol ou l'hypertension, d'une thérapie contre la sclérose en plaques ou d'un spray nasal à la cortisone, l'achat d'un médicament remboursé par les caisses maladies peut coûter cher. Car depuis début 2024, ceux qui optent pour le médicament original au lieu du générique doivent assumer une quote-part de 40%, contre 10% auparavant.
Avec cette révision de l’ordonnance, le Conseil fédéral visait à augmenter la part de marché des génériques et des biosimilaires (les versions génériques des biopharmaceutiques), qui sont relativement bon marché, et à freiner ainsi la hausse des coûts de la santé.
Plusieurs experts doutaient à l’époque de l’efficacité de la mesure. Car les personnes qui prennent de nombreux médicaments atteignent de toute façon le plafond annuel de 700 francs de quote-part – simplement un peu plus tôt avec cette nouvelle règle.
Mais les sceptiques n’avaient pas prévu la réaction des patients: car l’augmentation de la quote-part semble bel et bien porter ses fruits, comme le montre l’analyse des données de la caisse Swica pour plusieurs médicaments. Par exemple, le nombre d’assurés chez Swica qui prennent le traitement contre le cholestérol Crestor a presque diminué de moitié en un an.
Parallèlement, le nombre de personnes ayant opté pour un générique approprié a augmenté en 2024 par rapport à 2023. Le même schéma est observé dans les évaluations concernant le médicament contre le cholestérol Atozet et l’antihypertenseur Exforge HCT de Novartis.
Pour le traitement contre la sclérose en plaques Gilenya, également commercialisé par Novartis, le nombre d’assurés Swica l’utilisant a même diminué des trois quarts. Et cela est payant : selon les chiffres de 2024, un patient sous Gilenya coûte en moyenne 8896 francs par an à Swica, tandis qu’un patient prenant le générique correspondant ne coûte qu’environ 4555 francs par an.
Les différences sont moins impressionnantes pour le Crestor: les coûts s'élèvent ici à 219 francs par an et par personne, contre 141 francs pour le générique correspondant. Mais le nombre de personnes qui utilisent des médicaments contre le cholestérol et l'hypertension est beaucoup plus élevé que ceux qui ont besoin de traitements contre la sclérose en plaques:
D'autres assurances-maladie ont probablement fait des expériences similaires à celles de Swica. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) n'est, toutefois, pas encore en mesure de présenter des statistiques détaillées «à l'heure actuelle», comme il nous le précise. L'office renvoie cependant à une présentation d'un cabinet de conseil pour l'association de l'industrie pharmaceutique (Vips).
Celle-ci montre qu'en 2024, les ventes de médicaments de marque en Suisse ont diminué de 14%, soit 86 millions de francs, tandis que celles des génériques ont augmenté de près de 13%, pour atteindre 118 millions de francs. En ce qui concerne les principes actifs biologiques, les ventes de médicaments de marque ont baissé de près de 106 millions de francs, celles des biosimilaires ont augmenté d'un peu plus de 50 millions de francs.
L'objectif du Conseil fédéral était d'économiser 300 millions de francs par an grâce à l'augmentation de la quote-part. L'OFSP a confiance que cet objectif sera atteint – d'autant plus qu'une autre réforme allant dans le même sens est entrée en vigueur depuis la mi-2024. Celle-ci élimine des incitations erronées dans la distribution des médicaments.
Auparavant, les revenus des pharmacies, des hôpitaux et des médecins étaient liés au prix des médicaments. Plus le prix du médicament était élevé, plus les prestataires de soins recevaient d'argent.
Le montant qu'ils reçoivent est désormais fixe et ne dépend plus du prix des médicaments. Les promoteurs de la réforme espèrent que cela aussi devrait stimuler la vente des génériques et des biosimilaires, comparativement moins chers – et se répercuter sur les statistiques des caisses d'assurance maladie.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci