Les papillons volent déjà avec entrain dans les jardins. En effet, nous nous dirigeons vers un record de chaleur en février:
Le mois de février actuel se situe à 4,3ºC au-dessus de la moyenne pluriannuelle. Le troisième rang de ce classement des chaleurs est occupé par février 2020, avec +3,6ºC.
Météo Suisse observe 26 espèces végétales différentes dans 160 stations afin de décrire le développement de la végétation. Dès les journées chaudes de début janvier, les premiers noisetiers en fleurs ont été recensés sur quelques sites du réseau d'observation. Si leurs fleurs ont pu se développer si tôt, c'est parce que la température était élevée en décembre. Avec le temps doux qui s'est installé à partir du 24 janvier, les noisetiers ont ensuite fleuri dans de nombreuses stations.
«Il ne faut pas forcément s'attendre à un débourrement [réd: développement des bourgeons] prématuré en raison de la chaleur de février – d'autant plus que des températures un peu plus froides sont à nouveau prévues», explique Rea Furrer de Fruit-Union Suisse. Ce sont surtout les nuits qui sont encore froides, ce qui favorise le repos hivernal des cultures fruitières. Dans certains cas, il peut y avoir un débourrement précoce, mais cela n'est pas habituel. En principe, les plantes se protègent en hiver grâce au repos hivernal.
Les papillons font maintenant ce qu'ils font toujours lorsqu'il fait chaud: ils s'envolent. «Cela n'a donc rien d'extraordinaire en soi», explique Toni Bürgin, président de la Société saint-galloise des sciences naturelles. On peut voir des papillons diurnes qui hibernent dans des abris tels que des buissons d'herbe, des branchages ou les pièces sèches du grenier. C'est ce que font en Suisse les espèces telles que la Petite tortue, le paon du jour et le papillon citron. Toni Bürgin lui-même a déjà observé une première Petite tortue en janvier dans la station de ski de haute altitude de Wildhaus (SG).
«Il y a de nombreuses fleurs précoces comme le perce-neige, la linotte mélodieuse ou l'anémone des bois», explique Toni Bürgin. Fin février, les fleurs de saule viendront s'y ajouter. S'il devait y avoir une nouvelle vague de froid, les papillons se retireraient à nouveau dans des cachettes protégées, où ils attendraient le printemps.
On peut parfois voir des traces de l'hibernation sur leurs ailes, dont les couleurs sont ternes et les bords parfois un peu effilochés.
Dans de nombreuses stations de ski, la couleur est au vert printanier. Depuis Flims, dans les Grisons, il faut regarder très haut pour voir du blanc.
Sur le Weissfluhjoch de Davos (GR) ou sur le Säntis, elles sont même nettement plus élevées que la moyenne. A Arosa (GR), la hauteur de neige se situe dans la moyenne, tandis qu'à Andermatt (UR), elle est nettement inférieure.
En ce qui concerne les précipitations, le Sud des Alpes a reçu en février des quantités supérieures à la moyenne sur une grande partie du territoire. La commune de Stabio, au Tessin, a enregistré jusqu'à présent plus de 160% des quantités de pluie normales. Dans les autres régions de Suisse, les quantités de pluie et de neige étaient généralement inférieures à la moyenne. Par exemple, Sion (VS) n'a signalé jusqu'à présent que 11%, et Zermatt (VS) seulement 10% des précipitations moyennes.
Les oiseaux aussi réagissent au réchauffement.
Cela ne vaut toutefois pas pour toutes les espèces. Mais à long terme, cela pourrait avoir pour conséquence que des espèces qui migrent normalement en hiver vers la Méditerranée (migrateurs à courte distance) ne volent plus du tout vers le sud. Livio Rey cite comme exemple le milan royal, la cigogne blanche ou le pigeon ramier. Les températures chaudes de février n'ont pour l'instant aucune influence sur les migrateurs dits de longue distance, qui se dirigent toujours vers l'Afrique. Ces oiseaux ne reviennent qu'en avril ou en mai.
Mais à long terme, le réchauffement a déjà une influence: les migrateurs à courte distance et les oiseaux sédentaires profitent des hivers doux, car ils peuvent mieux survivre lorsqu'il y a moins de neige et de froid. Ces oiseaux peuvent, selon les cas, se reproduire plus tôt ou élever une couvée de plus par an. A l'inverse, ceux qui voyagent loin ont des problèmes: ils sont génétiquement conçus pour revenir au moment où la nourriture est la plus disponible, afin de pouvoir nourrir leurs petits de manière optimale.
En outre, ils souffrent des sécheresses, des conditions météorologiques extrêmes et de la destruction de leur habitat sur le trajet migratoire entre leur zone de reproduction et leurs quartiers d'hiver.
Certains oiseaux de montagne ont également des problèmes lorsqu'il y a de moins en moins de neige. Le percnoptère des neiges, par exemple, cherche de la nourriture pour ses petits de préférence sur les bords de la neige fraîchement fondue. S'il y a de moins en moins de neige, voire plus du tout, il trouve moins de nourriture pour ses petits. Le succès de la reproduction diminue donc et la population recule.
Les rapaces, en revanche, ont plus de chances d'accéder à la nourriture lorsqu'il n'y a pas de couche de neige continue. «Mais le nombre de souris ne dépend pas uniquement de la température. L'équation "plus de température = plus de souris" est donc un peu trop simpliste», continue l'ornithologue.
Les oiseaux qui passent l'hiver en Europe doivent toujours s'attendre à des vagues de froid et s'y adaptent donc bien. Les oiseaux qui supportent mal les vagues de froid passent l'hiver en Afrique subsaharienne et ne reviennent que lorsqu'il n'y a plus ou presque plus de vagues de froid.
Actuellement, l'aulne et le noisetier sont en fleurs dans toutes les régions de Suisse.
Ces concentrations devraient toutefois diminuer en raison des pluies à venir et des températures plus basses attendues. La saison pollinique a débuté dans la deuxième moitié de janvier. Les dates de début du pollen ont différé ces dernières années, selon Roxane Guillod. «L'année dernière, nous avons battu un record de précocité avec des pollens déjà présents au début de l'année. Le début et le déroulement de la saison pollinique dépendent toujours des conditions météorologiques et des températures.»
D'une manière générale, on peut dire qu'en raison des changements climatiques, la saison du noisetier, du bouleau et du frêne commence environ deux à trois semaines plus tôt qu'il y a trente ans, d'après l'experte du Centre d'Allergie Suisse.
Et les allergies au pollen sont en augmentation: il y a une centaine d'années, moins d'1% de la population suisse était concerné, alors qu'aujourd'hui, ce nombre se situe aux alentours de 20%. «Les raisons de cette augmentation sont multiples, les relations exactes encore un peu floues», explique Roxane Guillod.
Les personnes qui réagissent au pollen doivent éviter autant que possible le contact avec le pollen et avoir à portée de main les médicaments prescrits par leur médecin, généralement des antihistaminiques et une préparation à base de cortisone. Le rhume des foins doit toujours faire l'objet d'un examen médical et d'un traitement médicamenteux. Sinon, un asthme allergique peut se développer. Au quotidien, il est en outre bon de porter des lunettes de soleil à l'extérieur, de ne pas enlever ses vêtements dans la chambre à coucher, de se laver les cheveux le soir et de n'aérer que brièvement par intermittence.
Les personnes qui éternuent, mais qui ne savent pas s'il s'agit d'un refroidissement ou d'un rhume allergique, peuvent le savoir en effectuant un test auprès du Centre d'Allergie Suisse. Des troubles tels que des démangeaisons, des larmoiements et des rougeurs dans les yeux, des démangeaisons dans le nez, le palais ou les oreilles indiquent une allergie au pollen. Et contrairement à un rhume, les sécrétions nasales sont plutôt aqueuses en cas d'allergie au pollen.
Le chaud mois de février s'intègre dans un hiver doux. En moyenne nationale, on peut s'attendre à une température hivernale record, selon le météorologue Stefan Bader. Première ou deuxième place, cela dépendra des températures jusqu'à fin février. Celles-ci devraient légèrement baisser de manière générale. Mais l'hiver 2019-2020, jusqu'ici le plus doux depuis le début des mesures avec un écart de 2,7 degrés à la moyenne, pourrait être détrôné par l'hiver en cours.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder