Remontées mécaniques: pourquoi l’été rapporte peu mais reste stratégique
Les domaines skiables continuent à innover pour draguer les touristes et les faire découvrir leur domaine respectif en été. Le «tourisme 4 saisons», pour trouver la parade face au réchauffement climatique qui presse, est devenu un facteur très important, voire primordial pour les stations. Mais est-ce que cela fonctionne?
A Villars-sur-Ollon (VD), la stratégie porte ses fruits. «Nous avons accueilli cet été 75 000 clients (dont 47% avec un abonnement Magic Pass), et dépassé le record de l’été 2021, pendant lequel le Covid avait poussé une majorité de Suisses à rester dans le pays pour les vacances», se réjouissait Martin Deburaux.
Excellents chiffres de fréquentation
La fréquentation du domaine estival de Villars-Gryon-Diablerets a augmenté de 30% cet été par rapport à l’année précédente, informe la station. Pour le voisin, comme le soulignait 24 Heures, Télé Leysin-Les Mosses-La Lécherette (TLML) fait état d'une hausse de 35%.
Les Alpes vaudoises ont la banane et cette tendance se vérifie ailleurs. «Nous ne divulguons pas nos chiffres, mais de manière générale, la fréquentation a été excellente», déclare la station valaisanne des Portes du Soleil, qui ne compte pas sur le Magic Pass pour attirer sa clientèle.
Le mois de juin était ensoleillé, mais celui de juillet quelque peu maussade a mis un frein à la fréquentation. Or, la société explique:
Du côté des Marécottes, Gianluca Lepori, le directeur de la société VerticAlp Vallée du Trient (VAVT), se montre lui aussi satisfait: «Toutes les fréquentations enregistrées sont les meilleures depuis toujours», alors que la saison n'est pas finie, rappelle le directeur. «Par extrapolation, la fréquentation totale de l’été devrait être supérieure d’environ 20% en comparaison des meilleures années (2021-2022-2023)», complète-t-il.
Même son de cloche dans la station haut-valaisanne de Saas-Fee, qui ne fait aucune mention des chiffres, mais assure que cette saison estivale 2025 fait mieux que la précédente.
Et de préciser que les chiffres s'approchent des records:
Une faible marge pour les remontées mécaniques
Des records qui pleuvent et démontrent l'accent mis sur le «tourisme 4 saison». Toutefois, le pourcentage de la saison estivale dans le chiffre d'affaires reste maigre dans l'absolu pour les sociétés des remontées mécaniques.
Parmi les nombreuses stations questionnées sur leur marge, peu ont accédé à notre requête – les chiffres n'étant pas encore finalisés, selon les explications. La direction des Portes du Soleil précise que la saison estivale ne représente que 3% du chiffre d'affaires total.
Pour Villars-Gryon-Diablerets, la saison estivale ne constitue actuellement que 10% des entrées globales du domaine, et 5% du chiffre d’affaires annuel. Une maigre récompense.
«Si on se réfère au communiqué des remontées mécaniques suisses, en 2008, 13% du chiffre d'affaires du transport de touristes était réalisé l'été. En 2024, le chiffre s'élevait à 30% sur l'ensemble de la Suisse. Après, il y a de grandes disparités régionales», souffle Pascal Favre, collaborateur à la HES-SO Valais-Wallis.
En juillet 2025, l'association des remontées mécaniques exposait des premiers chiffres. Les premiers passages ont augmenté de 24% par rapport à l'année dernière, rapportait l'association. En mai et juin, le nombre de visiteurs suisses dans les montagnes a augmenté de 30% par rapport à l'année dernière.
Or, les remontées mécaniques comptent (toujours) sur «le produit ski pour remplir les caisses et il n'y a pas d'équivalent pour l'été», commente Pascal Favre, tout en estimant que les stations ont une réelle marge de progression pour la saison estivale. «C'est clair que pour les remontées mécaniques, c'est plus compliqué. On ne peut pas vendre une journée en VTT comme une journée de ski».
L'expert ajoute: «Villars est un très bon exemple et présente un très bon produit été, même si la marge des remontées mécaniques reste faible. Crans-Montana est aussi un bon exemple. La station étoffe son offre culturelle et événementielle. C'est la bonne piste à suivre, selon moi».
L'hôtellerie en sort gagnante
Pascal Favre assure que la saison estivale a également de la marge en termes d'occupation.
Il rapporte également que les nuitées sont «aussi importantes en juillet et août qu'en janvier et février».
Contactée, la station de Crans-Montana donne raison à notre expert. «Entre mai et juillet, les nuitées hôtelières ont progressé de 14,6% par rapport à la même période l’an dernier, une hausse particulièrement marquée dans l’hôtellerie 5 étoiles», nous affirme la station valaisanne, qui dresse un premier bilan «très positif» de la saison estivale 2025.
Est-ce un épiphénomène? «L'été et l'automne gagnent constamment en importance en termes de nuitées. Au cours de l'exercice comptable 2023-2024, les nuitées estivales ont atteint 41 % du total et nous prévoyons une augmentation de cette part pour l'année en cours», informe le domaine de Saas-Fee.
Si les investissements estivaux n’offrent pas de marges substantielles aux remontées mécaniques. Pourtant, ils dopent l’hôtellerie, dynamisent les communes de montagne et posent les bases d’un véritable tourisme 4 saisons.
