«C'est trop facile»: ce braqueur visait les musées suisses, il raconte
Seulement quelques semaines après le braquage retentissant du Louvre, c'est le Musée romain de Vidy qui a été pris pour cible. En une poignée de minutes, ce sont des dizaines de pièces d'or qui ont été raflées. Et le butin est colossal, estimé à plusieurs millions de francs
Un vent d'inquiétude souffle désormais dans les directions muséales de Suisse. Et il est justifié, affirme Jonathan Moltaldo, ancien braqueur. Au micro de Mise-au-Point, celui qui avait dévalisé le Musée de l'horlogerie Audemars-Piguet et celui de Jaeger-LeCoultre à la Vallée de Joux, s'exprime pour la première fois. Aujourd'hui repenti, il explique pourquoi les musées sont des cibles de choix, un choix presque logique:
Pourtant, les musées abritent des objets d’une immense valeur patrimoniale, mais restent conçus pour accueillir du public, pas pour résister à des criminels déterminés:
L'ancien braqueur décrit un système de sécurité largement insuffisant, notamment lors de son casse du Musée Audemars-Piguet:
Pour lui, le déséquilibre est total: beaucoup à gagner, très peu à risquer, un jackpot que l'on peut espérer sans violence.
Son braquage d’Audemars Piguet en 2010 en est l’exemple parfait: rapide, silencieux, méthodique.
A 3h du matin, après deux semaines de repérages, il entre par une fenêtre du premier étage, brisée à la masse. Pendant qu’un complice casse les vitrines, lui ramasse les montres. Bilan: 59 montres volées.
De son autre casse, celui du musée Jaeger-LeCoultre, il dit simplement: «Quelqu’un nous a donné les infos: sécurité, nombre de caissons, contenu. On lui a donné ce qu’il voulait.» Simple, efficace.
Comment revendre le butin d'un braquage de musée
Une fois les objets volés, la revente commence immédiatement. «Je n’ai jamais porté les montres, je n’aime pas ça», prévient-il. Mais les acheteurs, eux, ne manquent jamais. Et ils les avaient avant le vol, comme c'est souvent le cas. Il décrit une chaîne internationale d’écoulement où tout disparaît sans laisser de trace:
Montres fondues pour récupérer les diamants, pièces revendues à des collectionneurs qui veulent les soustraire définitivement au circuit légal: rien ne revient.
Moltaldo, fidèle à son code, ajoute:«Je n’ai jamais donné de noms. On ne balance pas. A Marseille, si tu balances, tu meurs.»
Aujourd’hui repenti et auteur d’un livre sur son parcours, il assure vouloir tourner la page. Mais son témoignage laisse un constat froid: la Suisse reste, pour les voleurs professionnels, un terrain où la valeur est immense… et les portes trop faciles à ouvrir. (hun)
