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Pourquoi vous devriez vous méfier de la neige artificielle

La neige artificielle est 50 fois plus dure que la neige naturelle, ce qui augmente le risque de blessures.
La neige artificielle est 50 fois plus dure que la neige naturelle, ce qui augmente le risque de blessures.Image: Keystone

Pourquoi vous devriez vous méfier de la neige artificielle

La neige fait cruellement défaut en montagne actuellement. Cela n'empêchera toutefois pas la plupart des skieurs qui ont déjà réservé leur hébergement pour les fêtes de dévaler les pentes. Mais une chute sur de la neige artificielle peut faire très mal.
20.12.2025, 06:5620.12.2025, 06:56
Sabine Kuster / ch media

Les Dents du Midi, en Valais, étaient le seul endroit en Suisse où, en milieu de semaine, on constatait un peu plus de neige que la moyenne à cette période de l'année. Mais même là-haut, elle a désormais fondu. La carte du pays a viré à l'orange et au rouge foncé, car l'or blanc manque partout cette année.

Les stations peuvent s'estimer heureuses dès lors qu'elles disposent d'une fine couche continue à moins de 2000 mètres d'altitudes. Christoph Marty, climatologue à l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches SLF de Davos qualifie lui aussi la situation d'exceptionnelle.

Il souligne toutefois qu'elle n'a rien d'unique pour une fin de mois de décembre. A Andermatt, sur la crête principale des Alpes, où les flocons tombent en général aussi bien lors de dépressions dans le sud que dans le nord, l'enneigement reste nettement inférieur à la moyenne.

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Pas de neige fraîche en vue

Mais alors, pourquoi? Christoph Marty explique:

«Il s'agit d'une combinaison typique entre un phénomène naturel extrême, comme il y en a toujours eu, et le réchauffement climatique.»

En d'autres termes, les débuts d'hiver secs ont toujours existé, mais, désormais, en cas de précipitations, il pleut parce qu'il fait trop chaud pour la neige.

Et l'or blanc n'est pas en vue, bien au contraire: selon Météosuisse, il a plu cette semaine jusqu'à 1600-2000 mètres, et il a fait un degré à 2000 mètres. Le thermomètre pourrait redescendre après Noël, mais on n'attend aucune précipitation.

Conséquence: à Laax, dans les Grisons, seules 15 des 30 remontées mécaniques et téléskis fonctionnent. A Scuol (GR), seules 7 des 26 pistes sont ouvertes, en quasi-totalité grâce à l'enneigement artificiel.

Partout, de la neige artificielle

La situation n'est guère meilleure ailleurs. Il a donc fallu sortir les canons et autres lances à neige. Objectif: offrir malgré tout une expérience de glisse aux nombreux touristes qui arriveront pour les fêtes. Les grands domaines ont pris leurs dispositions en novembre, lorsqu'il a fait très froid plusieurs jours de suite et qu'ils ont pu enneiger de vastes surfaces. Aujourd'hui, certaines pistes au bas des domaines sont praticables.

De nos jours, grâce aux nombreuses installations d'enneigement artificiel, les sports d'hiver ne dépendent plus de la météo: on peut skier dans n'importe quelles conditions. Les remontées mécaniques fonctionnent, peu importe si l'herbe est visible dans les prairies environnantes.

Une augmentation du risque de blessures

Mais les pistes recouvertes à presque 100% de neige artificielle présentent des désavantages. Tout d'abord pour l'environnement, car elle nécessite beaucoup d'eau et réduit l'apport en oxygène de la végétation sous-jacente, mais aussi parce que la neige artificielle accroît le nombre et la gravité des accidents.

Il n’existe pas de chiffres précis sur les accidents en Suisse. Du côté du Bureau de prévention des accidents (BPA), on indique que le nombre d’accidents durant les hivers pauvres en neige n’est pas visiblement plus élevé. Cela s’explique toutefois par le fait que, lorsque les conditions d’enneigement sont bonnes, il y a nettement plus de pratiquants de sports d’hiver, la saison est alors plus longue et, par conséquent, le nombre total d’accidents augmente.

Toutefois, en 2008, un article publié par l'Université Savoie Mont-Blanc, soulignait que la neige artificielle faisait grimper les risques de blessure de 20 à 40%.

Les canons à neige ont rendu les stations de ski indépendantes de la neige naturelle: même si l'hiver est peu enneigé, il est presque toujours possible de skier.
Les canons à neige ont rendu les stations de ski indépendantes des chutes naturelles: même si l'hiver est peu enneigé, il est presque toujours possible de skier.Image: Keystone

Une question de densité et de dureté

En cause: la densité de la neige artificielle, d'une part. Selon le SLF, elle est 33% plus dense que la neige naturelle et, selon l'Université Savoie Mont Blanc, environ 50 fois plus dure. Cela augmente le risque de blessure. En outre, quand l'or blanc fait défaut, le relief du terrain ressort plus nettement. Des cailloux peuvent alors aussi remonter.

A cela s'ajoute la fonte plus importante du manteau artificiel pendant la journée. La faute, une fois encore, à sa densité. Il gèle par ailleurs plus rapidement la nuit, ce qui rend les pistes plus glissantes. Cependant, ce n'est pas le matin, mais l'après-midi que l'on recense le plus d'accidents, lorsque la neige artificielle devient lourde.

Et quand il neige pour de vrai, il faut encore faire preuve de patience: les différences d'adhérence entre les deux types de neige et les accumulations de poudreuse provoquent encore plus d'accidents sur les pistes.

Le facteur humain, plus important que la neige

Pour la Suva, qui couvre les accidents en Suisse:

«Les pistes entièrement enneigées artificiellement sont également plus difficiles, car souvent moins larges. Il est donc d'autant plus important de bien rester concentré.»

En cas de forte affluence, les experts conseillent d'attendre sur le bord jusqu'à ce que la voie se libère.

Mais on ne saurait tenir les canons à neige pour seuls responsables. Selon Regina Pinna-Marfurt, porte-parole de la Suva:

«Le risque principal reste et restera le facteur humain. Car neuf accidents de sports d'hiver sur dix sont causés par les skieurs eux-mêmes»

Le danger dépend ainsi fortement des comportements individuels. Dans les conditions actuelles, il est d'autant plus fondamental de tenir compte de sa forme du jour et de son propre niveau. La Suva a développé pour cela une application de prévention qui permet de sensibiliser les utilisateurs à la gestion saine de la fatigue physique.

Les amateurs de hors-piste pourraient aussi se retrouver sur les tracés balisés. En effet, Christoph Marty constate:

«On peut monter en ski de randonnée malgré tout, mais la descente n'est pas très agréable. La neige est dure et il vaut mieux prendre de vieux skis à cause des cailloux.»

Seul l'ouest du Valais semble bénéficier d'un enneigement un peu plus favorable.

(Adaptation française: Valentine Zenker)

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