Neuchâtel: on en sait plus sur la mort du lynx Diego
Le lynx, abattu le 9 septembre par un garde-faune du canton de Neuchâtel, était gravement malade. Un rapport démontre que l’animal souffrait de la maladie de Carré et présentait d’importantes inflammations touchant plusieurs organes internes. Le décès du lynx avait suscité de nombreuses réactions.
Les constatations de l'Institut pour la santé des poissons et des animaux sauvages (Institut für Fisch- und Wildtiergesundheit – FIWI) «confirment que la décision du garde-faune d'abattre l'animal était justifiée et conforme au droit fédéral», a indiqué jeudi le Canton.
Le rapport précise que la maladie de Carré affaiblit fortement le système immunitaire. Les altérations marquées constatées dans plusieurs organes confirment ce diagnostic. Cet affaiblissement a de plus favorisé la présence en quantité anormale d'autres agents pathogènes - bactéries et parasites - qui ont contribué à détériorer encore l'état de santé de l'animal.
Comportement inhabituel
La maladie de Carré s'accompagne généralement de troubles neurologiques tels que désorientation, vertiges et perte de conscience. «Ces symptômes pourraient expliquer, au moins en partie, le comportement inhabituel, peu farouche et parfois agressif du lynx», a précisé le Canton.
La maladie de Carré touche rarement les félidés. En Suisse, le FIWI n'a recensé que deux cas chez le lynx sur un total de 346 animaux analysés entre 2000 et 2022.
L'exposition du lynx à une forte concentration du virus de la maladie de Carré, notamment lors de la consommation de renards, pourrait avoir conduit à son infection. Celle-ci pourrait également résulter de contacts plus nombreux qu'à l'accoutumée avec des chiens, renards, blaireaux ou fouines évoluant en périphérie des zones habitées.
«Un risque croissant pour les personnes»
Le canton a ajouté que les conclusions du FIWI corroborent les observations faites sur le terrain par le garde-faune professionnel, qui avait «constaté un animal affaibli et au comportement déviant, voire agressif. En procédant à un tir sanitaire, ce dernier a agi conformément aux compétences que lui confère la législation fédérale», a-t-il expliqué dans le communiqué.
Le lynx abattu le 9 septembre en soirée sur le littoral neuchâtelois était un jeune individu retrouvé à l'automne 2024. Après une période de réhabilitation au zoo de la Garenne, il avait été relâché en mai sur son site d'origine dans le canton de Vaud, avant de rejoindre le territoire neuchâtelois.
Depuis sa remise en liberté, l'animal s'était spécialisé dans la chasse au renard, à proximité de zones habitées. Il n'avait en revanche jamais attaqué d'ongulés sauvages, qui constituent habituellement la proie principale du lynx.
«Son mauvais état de santé et son comportement déviant montrent qu'il n'avait pas réussi à se réadapter à la vie sauvage et qu'il représentait un risque croissant pour les personnes et les animaux domestiques», a ajouté le canton.
«Eviter de futurs incidents regrettables»
Le tir du garde-faune avait suscité de l'émoi dans le canton. L'association Avenir Loup Lynx Jura avait parlé d'un «drame».
La pétition en ligne de «Protect the lynx» avait rapidement recueilli près de 600 signatures en ligne. Le texte demandait «la mise à pied immédiate et disciplinaire des garde-faune responsables de la mise à mort de Diego». Elle exigeait «l'ouverture d'une enquête indépendante pour comprendre pourquoi et comment une telle décision a pu être prise, en vue d'éviter de futurs incidents regrettables».
Une action symbolique avait eu lieu le 25 septembre à un rond-point de Neuchâtel. Les activistes s'étaient rendus ensuite à Couvet, au siège du Service de la faune. Le canton avait expliqué qu'il y avait eu violation de domicile et des dommages à la propriété - ce que contestaient les activistes - et dépôt de plainte pénale. (jzs/ats)
