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Gaspillage alimentaire: chaque Suisse jette 300 kg de déchets

Chaque Suisse gaspille 330 kg de nourriture par an: comment faire mieux?

Les ménages sont responsables de 40% du gaspillage alimentaire en Suisse. Le Conseil fédéral prépare un plan d'action qui obligera désormais chacun – des agriculteurs aux commerçants en passant par les consommateurs – à réduire son gaspillage alimentaire.
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08.04.2022, 05:5908.04.2022, 11:52
Chiara Stäheli / ch media
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Un Suisse jette chaque année, en moyenne 90 kilos, de nourriture encore consommable à la poubelle.image: shutterstock

Près de trois millions de tonnes de denrées alimentaires sont perdues chaque année en Suisse. Cela correspond à un tiers de toutes les denrées alimentaires produites. Si l'on ramène ce chiffre à une seule personne, il est encore plus impressionnant: chaque personne jette en moyenne 330 kilogrammes de nourriture à la poubelle par an, comme le montre une étude de l'Ecole polytechnique fédérale (EPF) de Zurich.

A l'origine de la plupart des pertes alimentaires: les ménages. En moyenne, chaque personne jette environ 90 kilogrammes de nourriture comestible chaque année. Les consommateurs privés sont responsables de près de 40 % du gaspillage alimentaire. Des aliments encore comestibles sont parfois mis au rebut parce que les consommateurs préfèrent cuisiner quelque chose de frais au lieu des restes de la veille ou alors parce que lorsqu'ils achètent sans prendre en compte la quantité dont ils ont réellement besoin.

En parlant de nourriture (et de gaspillage?)

Un pain sur deux finit à la poubelle

Sauf que le problème ne se situe toutefois pas uniquement au niveau de la consommation. Des tonnes de nourriture sont également perdues au fournil, à la boucherie et à l'usine de pâtes. Plus d'un quart du gaspillage alimentaire se produit au cours de la transformation du produit. En revanche, la restauration (14 %), l'agriculture (13 %) et le commerce de détail (8 %) ne sont pas à l'origine d'une grande partie du gaspillage alimentaire.

Pain, poisson et légumes: selon l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), les pertes les plus importantes se produisent dans ces trois catégories d'aliments. Plus de la moitié du pain et des produits de boulangerie produits ne sont pas consommés, mais jetés – soit durant la transformation, soit plus tard dans les restaurants et les ménages. C'est pareil avec le poisson et les légumes: moins de la moitié de la nourriture produite est consommée. Les pommes de terre montrent que plus d'un cinquième de la récolte ne se rend pas du champ au camion du concessionnaire. Se révélant trop petites, trop grosses ou difformes, certaines pommes de terre restent sur le carreau.

D'ici 2030, le gaspillage alimentaire sera réduit de moitié

En réponse à un postulat de l'ancienne conseillère nationale Verte'libérale Isabelle Chevalley, la Confédération s'est désormais fixé pour objectif de réduire de moitié le gaspillage alimentaire en Suisse d'ici 2030 par rapport à 2017. Le gouvernement a, en conséquence, publié mercredi son «Plan d'action contre le gaspillage alimentaire». Pour ce faire, le Conseil fédéral met tous les acteurs de l'économie alimentaire devant leurs responsabilités: aussi bien les détaillants que les agriculteurs, les consommateurs, les transformateurs, les commerçants et les restaurateurs doivent apporter leur aide.

A travers ce plan d'action, la Confédération a défini 14 mesures devant être mises en œuvre dans la première phase, de 2022 à 2025. Par exemple:

  • Accroître les dons de «denrées alimentaires qui ne peuvent plus être vendues» aux organisations d'utilité publique. Pour cela, le gouvernement explique devoir améliorer les conditions-cadres des dons alimentaires.
  • Concevoir les promotions dans les magasins de manière plus flexible. Cela signifie que si les agriculteurs suisses produisent davantage de pommes de terre que habituellement, par exemple, en raison d'une récolte particulièrement bonne, il incombe au commerce de détail de promouvoir la vente de ces excédents à l'aide de campagnes ciblées.
  • Optimiser la taille et l'emballage des emballages pour éviter que les aliments ne soient jetés en raison d'emballages surdimensionnés. Cette tâche incombe à l'industrie alimentaire.
  • Informer les écoliers sur les moyens d'éviter ou du moins de réduire le gaspillage alimentaire. La Confédération veut réaliser cet objectif en collaboration avec les cantons.
  • La Confédération, les cantons et les communes «doivent montrer l'exemple». Tous sont encouragés à éviter les pertes de nourriture dans les marchés publics – par exemple pour la cuisine de l'armée.

En 2025, le Conseil fédéral vérifiera si les mesures du plan d'action ont été suffisantes. Si ce n'est pas le cas, il utilisera des moyens plus étendus, selon son communiqué.

Le gaspillage alimentaire pollue l'environnement

Si la Suisse réduit son gaspillage alimentaire, cela profitera également au climat. Après tout, le gaspillage alimentaire est responsable de plus d'un quart de l'impact environnemental des aliments. Cela signifie qu'il est aussi mauvais en termes de pollution environnementale que la moitié de tous les trajets en voiture réalisés en Suisse chaque année. Atteindre l'objectif de réduction de moitié d'ici 2030 entraînerait une réduction de 10 % à 15 % de l'impact environnemental et des émissions de gaz à effet de serre causés par ce que nous mangeons. Et cela sans avoir à se passer de quoi que ce soit.

Le gaspillage alimentaire a également des répercussions négatives sur le porte-monnaie. Un Suisse jette chaque année pour plus de 600 francs de nourriture. C'est à peu près la somme qu'un ménage de deux personnes dépense chaque mois pour se nourrir.

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