Dans la nuit du 24 août 2025, à Lausanne, un jeune homme de 17 ans circulant à scooter aurait tenté de prendre la fuite en voyant une patrouille de police. Le véhicule, volé selon les autorités, serait entré en collision avec un mur. Malgré l’intervention des secours, le jeune est décédé sur place.
Le Ministère public vaudois a ouvert une enquête et un mouvement de colère s’est fait sentir parmi la jeunesse lausannoise, provoquant des tensions dans le quartier de Prélaz peu après l’accident.
Mais que se passe-t-il dans la tête d’un jeune sur un scooter qui prend la fuite en voyant la police? Julien* a, lui aussi, à l’âge de 18 ans, tenté de fuir à scooter. Il nous raconte ce qu'il a pensé au moment d’accélérer, au mépris du danger.
C’était à un anniversaire, au sous-sol de la maison d’un ami. J'étais venu en scooter, sans penser à la manière dont j’allais rentrer chez moi. L’alcool coulait à flot.
Vers 3 heures du matin, les gens ont commencé à partir. Une amie, sans doute la seule personne encore en état de comprendre ce qu’il se passait, m’a pris mes clés, car même ivre, je ne voulais pas rentrer sans mon scooter. Rentrer sans aurait signifié, auprès de mes parents, le lendemain matin, que j’avais bel et bien trop bu.
De retour dans la rue où j’avais garé mon scooter quelques heures plus tôt, malgré mon état, j’ai tourné les clés, allumé le moteur. La route était déserte. Je pensais que je ne craignais rien. Sauf que… je roulais à contresens. Et j'ai croisé une voiture de police. J’ai compris immédiatement que j’étais dans la merde.
Le temps que la police fasse demi-tour, je me suis engouffré dans une petite rue, dans un quartier résidentiel, où j’ai déposé mon scooter. Mon but était de faire croire que ce scooter avait toujours été là, que c’était un autre scooter. Après les maisons, il y avait un bout de forêt, avec des buissons. Ça semblait l’endroit idéal pour disparaître. Alors, je me suis allongé là, en priant que la police passe son chemin.
J’entendais les sirènes, les aboiements des chiens, je savais qu’ils fouillaient les environs. Pourtant, personne ne m’a trouvé. Je n’ai aucune idée de combien de temps, je suis resté là, mais assez pour craquer intérieurement et avoir envie de rentrer.
C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que je n’avais plus mon sac à dos. Comme un débile, je l’avais laissé sur mon scooter, avec mon porte-monnaie dans lequel la police allait pouvoir trouver mon identité! Bon, elle y avait de toute façon accès, avec ma plaque d’immatriculation…
Je suis sorti de ma cachette, conscient que je risquais gros, mais je me suis dit «tant pis, si je croise la police, je leur dirai la vérité». Ça n'a pas manqué. Ils m’ont interpellé et fait souffler. Des heures après avoir quitté la soirée, j’étais encore largement au-dessus de la limite…
Mes parents sont venus me chercher au poste le lendemain. Ils m’ont passé un savon. Surtout ma mère, qui s’est fait réveiller au milieu de la nuit par un appel de la police, qui avait retrouvé mon scooter abandonné avec mon sac, tandis que des agents me cherchaient dans le quartier.
J’étais étudiant, sans revenus. J’ai écopé d’un retrait de permis de trois mois, d’une amende de 300 francs, plus 30 jours-amende à 30 francs avec sursis de deux ans. Sans parler des frais administratifs d’un montant de près de 2000 francs, l’intervention de la police (environ 250 francs) et la fourrière.
A ce moment-là, je n’avais pas mesuré la gravité de ce que je faisais: l’alcool, la police, les chiens... J’étais focalisé sur l’idée de fuir, pour ne pas me faire attraper. C'était un réflexe.