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Elections fédérales 2023: «L'UDC a le plus de potentiel»

Elections fédérales 2023: «L'UDC a le plus de potentiel»

Elections fédérales: pourquoi c'est l'UDC «qui a le plus de potentiel»

Beaucoup de problèmes, peu de solutions simples. Et des partis qui promettent la lune. Mais la campagne électorale parviendra-t-elle jusqu'aux électeurs? Le politologue Claude Longchamp fait le point sur la question.
07.10.2023, 16:2408.10.2023, 09:04
Anna Kappeler
Anna Kappeler
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Monsieur Longchamp, les élections ont lieu dans un mois. Est-ce une impression trompeuse ou la campagne peine à décoller?
Claude Longchamp:
Ce n'est pas mon impression. Les partis politiques sont très actifs sur le plan publicitaire, les candidats au Conseil des Etats participent à de nombreux débats et les médias en font amplement mention.

Mais la campagne électorale parvient-elle jusqu'aux électeurs?
La grande différence avec 2019 réside dans l'absence d'un sujet majeur qui domine le climat politique et suscite un large débat. Au lieu de cela, il y a des problèmes pour lesquels nous ne trouvons parfois pas de solutions.

Claude Longchamp, Politologe, spricht mit ein Journalist waehrend der sogenannten "Nacht der langen Messer", am Dienstag, 10. Dezember 2019 im Hotel Bellevue in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Claude Longchamp.Image: KEYSTONE
A propos de Claude Longchamp
Claude Longchamp est historien et politologue. Jusqu'en avril 2017, il était directeur de l'institut de recherche gfs.bern. L'homme au nœud papillon interprète les votations et les élections, autrefois pendant de longues années en tant qu'expert à la SRF.

Si vous deviez labelliser cette campagne, avec quoi le feriez-vous?
Je constate une saturation politique due à la pandémie, qui a mis en lumière de nombreuses préoccupations. Cependant, aucune ne domine. L'urgence post-pandémique semble être ce qui prévaut actuellement. En 2023, on pourrait parler d'une élection qui corrige les résultats des précédentes, en 2019.

Selon le baromètre électoral de la SSR, les caisses maladie et le changement climatique sont les sujets qui préoccupent le plus les gens. Pourquoi aucun de ces thèmes ne décolle-t-il vraiment?
Ces deux thèmes ne sont plus des surprises, comme l'était encore la question du climat en 2019. C'est pourquoi aucun parti ne parvient à en faire une force motrice de la campagne électorale. En ce qui concerne les caisses maladie, nous avons de nombreuses idées de la droite à la gauche, sans qu'aucune ne prenne le dessus. Sur la question du climat, nous avons eu en juin un référendum important avec une alliance de partis victorieux. Là aussi, il n'y a pas de gagnant.

«Ce qui est nouveau, c'est que nous avons des thèmes très polarisants: le wokisme, l'identité de genre et l'abattage des loups»

Pourquoi ces thèmes attirent-ils autant?
L'identité de genre était une accroche préélectorale de l'UDC pour créer une ambiance émotionnelle. Ces sujets sont exploités à partir d'une attitude accusatrice. Ils suscitent une forte émotion, mais n'ont pas le potentiel d'un sujet factuel pour le profilage partisan.

«Personne ne peut mobiliser fortement. De même que personne ne perd fortement»

Les problèmes politiques ne manquent pas: garantie des assurances sociales, évolution de la situation sécuritaire en Europe, hausse des loyers... Quel parti a fait la meilleure campagne électorale jusqu'à présent?
Si l'on en croit les sondages, presque tous ont pu conserver les positions qu'ils avaient acquises jusqu'en 2020. Trois s'en écartent. L'UDC, qui progresse. Les Verts, qui perdent. Et le Centre, qui pourra peut-être faire des gains grâce à la fusion du PDC et du PBD. Mais comparés à l'étranger, tous les changements sont minimes. Intéressant: si l'on additionne les gains ou les pertes, tels qu'ils sont actuellement négociés, ils sont inférieurs aux gains des seuls Verts en 2019. Cela indique que personne ne peut mobiliser fortement. De même que personne ne perd fortement.

Donc pas de gagnants?
Pas de grands gagnants. Si je dois en distinguer un petit, c'est l'UDC. Avec la question migratoire, c'est elle qui a le plus de potentiel.

Le nombre de personnes débarquant à Lampedusa n'a jamais été aussi élevé. La Suisse compte pour la première fois plus de 9 millions d'habitants. L'immigration va-t-elle devenir un sujet de préoccupation?
C'est possible. C'est ce que veut l'UDC. Mais c'est justement là que réside la difficulté. En 2019, on a reproché aux médias, du moins en partie, d'avoir favorisé le thème du climat, et donc les Verts. En 2023, on ne veut pas que cela se reproduise, peu importe à qui cela pourrait profiter. C'est pourquoi tous les médias favorisent une campagne électorale thématiquement diversifiée.

Quel parti mène la pire campagne électorale?
Les Verts se retrouvent étonnamment sur la défensive. Ils ont gagné des sièges dans les cantons, spéculant sur le fait de devenir la troisième force et d'entrer au Conseil fédéral à la place du deuxième siège du PLR. Mais depuis un an, ils sont un peu à la traîne. Ils ont perdu de façon spectaculaire le référendum sur Frontex, qui portait sur le cofinancement de Frontex, le service de surveillance des frontières et des côtes de l'UE. Et ils ont été surpris par la démission de la conseillère fédérale socialiste Sommaruga.

Ils ont ensuite perdu les élections dans le canton de Zurich et aussi à Genève. Il y a trois semaines, on n'a pas compris leur refus d'accélérer le développement du solaire en Valais. Actuellement, ils tentent de revenir dans la course, mais sans grand succès.

«Ils risquent de perdre des sièges dans les deux chambres»

Le Centre devrait dépasser le PLR. Quelles en seraient les conséquences?
Le triomphe du Centre est peut-être ce qui est le plus excitant de cette campagne électorale. Lors de la fusion du PDC et du PBD, j'étais très sceptique. Mais cela s'est avéré payant pour Le Centre. Les Jeunes du Centre et les Femmes du Centre ont justement beaucoup contribué au renouvellement du parti.

«Malgré tout, un deuxième siège au Conseil fédéral est irréaliste et Le Centre n'y aspire guère. La différence est trop faible pour pouvoir conserver durablement le siège»

Les partis resteront-ils représentés au Conseil fédéral comme ils le sont actuellement?
C'est le scénario principal. Cependant, il existe un scénario secondaire: si le PS perd contre toute attente et que les Verts conservent ou gagnent contre toute attente, les Verts pourraient obtenir un siège au Conseil fédéral au détriment du PS. Si Le Centre joue ce jeu et se positionne en conséquence, il sera de nouveau faiseur de roi:

«C'est Le Centre qui avait aidé le PS à obtenir deux sièges en 1959. Mais il pourrait aussi être celui qui les en empêche cette fois-ci»

Qu'est-ce que Le Centre aurait à y gagner?
Elle pourrait briser la polarisation de la gauche. Et ainsi faire un premier pas contre la majorité de droite. Les Vert'libéraux pourraient ainsi être lancés contre le PLR au Conseil fédéral.

Que faudrait-il encore pour que les gens se rendent aux urnes?
Les élections pourraient connaître un nouvel élan si l'élection du Conseil fédéral en décembre devenait le véritable enjeu de la campagne électorale. Mais le PS est satisfait de la manière dont les choses se passent et ses adversaires savent qu'une attaque pourrait plutôt aider le camp socialiste. Les élections se sont stabilisées à un taux de participation entre 45 et 50%. Les jeunes électeurs ne sont guère présents. A titre de comparaison, la crise Covid a, en revanche, fortement mobilisé en 2021. Lors de la deuxième votation sur le Covid, 65,7% des votants se sont rendus aux urnes.

Pourquoi tant de gens sont-ils désintéressés par les élections?
La formulation me semble un peu forte. Je le prends de manière plus objective. Tant que nous n'élirons pas directement le gouvernement, il n'y aura pas d'augmentation de la participation électorale. Contrairement à l'étranger, nous pilotons notre système sur des questions de fond. C'est moins sensationnel. Mais juste. Et important.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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