Transfert de la route au rail: Berne prend des mesures
Le transfert de la route au rail du transport de marchandises à travers les Alpes est à la peine. La part du rail dans ce trafic a diminué depuis 2022, et un nouveau recul se profile pour 2025. Des progrès sont à faire. Le Conseil fédéral entend prendre des mesures.
Le transport ferroviaire transalpin de marchandises occupe une place importante en Suisse. Or il est sous pression, a indiqué mercredi le ministre des transports Albert Rösti devant les médias à Berne, en présentant le rapport sur le transfert pour les années 2022-2024.
La quantité de marchandises transportées par train a diminué de 9,3% entre 2022 et 2024, selon le rapport. En d'autres termes, à la fin de l'année passée, la part du rail s'élevait à 70,3%, soit 2,6 points de pourcentage de moins qu'en 2022. C'est déjà un bon objectif si nous pouvons rester dans cette fourchette, a commenté le conseiller fédéral.
Il a estimé que l'objectif de maximum 650 000 courses de camions à travers les Alpes, qui aurait dû être réalisé en 2018, conformément à l'initiative des Alpes, était «ambitieux». Le nombre de courses a de nouveau augmenté ces dernières années, pour se monter à 916 000 en 2023 et à 960'000 en 2024.
Malgré cette hausse, Rösti s'est réjoui de ces chiffres en dessous du million. Il a aussi salué les instruments de transfert existants. Sans cela, environ 800 000 camions supplémentaires franchiraient les Alpes chaque année. Par rapport à l'an 2000, le nombre de courses à la fin 2024 a diminué de 31,6%.
Des travaux en cours
Le Conseil fédéral souligne plusieurs raisons pour expliquer les difficultés du fret ferroviaire. Premièrement, cinq ans après avoir été entièrement mise en service, la Nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA) et ses tunnels de base du Saint-Gothard, du Lötschberg et du Ceneri n'ont pas encore pu pleinement exploiter leur potentiel.
Sur les lignes d'accès à la NLFA, surtout à l'étranger, la modernisation et l'extension de l'infrastructure ne progressent que lentement. Cela empêche toute exploitation fiable d'un fret ferroviaire performant, indique le gouvernement.
En outre, divers travaux de construction, surtout sur les lignes d'accès nord à la NLFA, perturberont le fret ferroviaire ces prochaines années. Il s'agit notamment de désengorger la ligne allemande de la vallée du Rhin et d'aménager deux tunnels près de Bâle.
Ce deuxième chantier doit permettre de développer la ligne d’accès de la rive gauche du Rhin en France, qui complètera efficacement la ligne allemande. Albert Rösti a rappelé la signature cette année d'une déclaration d'intention en ce sens avec la France. La situation à l'international devrait s'améliorer dès 2029.
Des incitations financières envisagées
Ces obstacles nuisent à la performance du fret ferroviaire international, ce qui a notamment poussé l'entreprise exploitante RAlpin à cesser prématurément l’exploitation de la chaussée roulante (transport de camions par le rail) à la fin de l'année. Cette suppression pourrait entraîner une augmentation du trafic de transit routier.
Le Conseil fédéral entend prendre des mesures, notamment des incitations financières, pour atténuer ces effets. Il s'agit entre autres de soutenir le transfert vers le transport combiné non accompagné (TCNA), soit des containers grutés sur le train.
A l'international, le gouvernement compte encourager une modernisation rapide de l'infrastructure ferroviaire dans les pays voisins. Albert Rösti a dit avoir abordé le sujet avec ses homologues allemand et italien au début du mois. Mais la Suisse n'a pas l'intention de financer des projets à l'étranger, a-t-il précisé.
En outre, le Conseil fédéral examine la possibilité de prolonger l’encouragement financier au TCNA transalpin, qui est actuellement limité à fin 2030. Et de rappeler un projet visant à ce que les camions à propulsion électrique paient aussi la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP), ce qui doit permettre de générer plus de recettes. Le National empoignera le dossier à la session d'hiver.
Le Conseil fédéral a également fixé mercredi au 1er janvier 2026 l'entrée en vigueur d'ordonnances visant à renforcer le transport par rail et par bateau de marchandises. (jzs/ats)
