Le procureur général de la Confédération Stefan Blättler, commandant de la police cantonale bernoise jusqu'en 2021, a émis une nouvelle demande pour obtenir plus de ressources. Il s'est alarmé, la semaine dernière:
Tout simplement, a-t-il dit, parce qu'il y a beaucoup plus à faire pour la police qu'auparavant. «Les organisations criminelles se répandent et elles sont aussi dangereuses pour l'Etat que les saboteurs et les espions.» Si un Etat ne se défend pas contre le crime organisé, poursuit-il, celui-ci finira par se manifester dans les rues, comme cela s'est produit en Suède, en Belgique, en Hollande. Et de déclarer:
Le message est-il reçu? Le procureur fédéral est-il enfin entendu par les politiques? Nous sommes allés demander directement sur place, au Palais fédéral.
Pour le centriste et conseiller national bernois Lorenz Hess, qui a le grade de colonel dans l'armée, il est clair que «si nous voulons vraiment renforcer la sécurité en Suisse, il ne suffit pas d'équiper l'armée. Il faut aussi que la Confédération dispose de plus de moyens et de personnel, par exemple pour la police et le service de renseignement. Tout le reste n'est que de la poudre aux yeux».
Mais l'UDC n'est manifestement pas prêt à investir davantage dans ce type de sécurité. Le parti mise sur le réarmement de l'armée. Lors de la session de printemps, les 65 membres du Conseil national de l'UDC présents ont même rejeté en bloc un postulat de la Commission des finances du Conseil national qui demandait un réexamen des ressources de Fedpol. Dans une proposition de son politicien des finances Lars Guggisberg, l'UDC avait alors défendu la position selon laquelle Fedpol devait «se structurer en interne de manière à ne pas manquer de ressources».
La semaine dernière, CH Media a demandé, par l'intermédiaire du conseiller national Lars Guggisberg, si cette position était toujours valable, mais n'a pas reçu de réponse.
Peter Schilliger, conseiller national PLR lucernois versé dans les arcanes des finances fédérales, reconnaît en revanche la nécessité d'agir:
La question de savoir comment mettre à disposition les moyens nécessaires n'est pas encore résolue: «Nous verrons alors s'il en résultera une annonce supplémentaire pour l'année 2025, si le changement se répercutera alors sur le budget 2026 ou si ces tâches pourront être absorbées par des transferts budgétaires internes», constate-t-il. Le PRD a «pour principe que la répartition des moyens est déterminée par les besoins». Mais «de même que des prestations supplémentaires sont exigées, la suppression ou l'abandon de tâches doit également être thématisé».
Les discussions au Palais fédéral le montrent: même dans le camp bourgeois, nombreux sont ceux qui ne sont plus à l'aise avec la direction prise, à savoir réarmer l'armée presque à tout prix et lésiner ou réduire d'autres domaines également importants pour la sécurité. Mais personne ou presque n'ose le dire à haute voix.
Plus de ressources aussi pour la police? La position des Verts et des socialistes interrogés est claire. Gerhard Andrey, conseiller national des Verts, déclare:
«Il faut une compréhension globale de la sécurité», explique le politicien fribourgeois versé dans la sécurité et les finances.
A la question de savoir d'où vient cette focalisation intransigeante sur le plus d'argent possible pour l'armée, il répond:
La conseillère nationale PS et politicienne en charge de la sécurité Priska Seiler Graf déclare:
Le problème, selon elle, et que si l'armée doit être équipée encore plus rapidement qu'elle ne l'est déjà, et que l'on ne pense pas non plus à des possibilités de recettes supplémentaires, cet argent devra être économisé ailleurs.
Lors des débats budgétaires au Conseil national la semaine dernière, on a pu voir où cela mène: «250 millions de moins pour la coopération internationale et 70 millions de coupes forfaitaires dans le personnel fédéral. Cela touchera également Fedpol, le service de renseignement et le corps des gardes-frontières. Toutes des organisations qui ne sont pas vraiment dotées de trop de ressources en personnel», a déclaré Seiler Graf.
Pourtant, selon le service de renseignement, le risque terroriste reste élevé chez nous et «le crime organisé se sent parfaitement à l'aise chez nous parce que nous avons trop peu de poursuites pénales». Cela menace massivement la sécurité intérieure, selon la Zurichoise.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)