«Il faut un électrochoc»: ils tentent de défendre le service civil
D'ici au 15 janvier, le comité référendaire contre la révision des conditions d'accès au service civil doit récolter 50 000 signatures. Idéalement 55 000, car une réserve d’environ 10% assure presque à coup sûr la validité du référendum. Mais, pour l’heure, seules 36 000 signatures ont été récoltées. Il en manque donc près de 20 000. La conseillère nationale (PS/ZH) Priska Seiler Graf, coprésidente de l’association du service civil Civiva, tire la sonnette d’alarme.
Selon Priska Seiler Graf, le comité – composé du PS, des Verts, du Parti évangélique suisse et de plusieurs organisations – n’a pas suffisamment mesuré à quel point la période des fêtes compliquait la récolte. A cela s’ajoute l’impossibilité, durant ces jours-là, de faire certifier les signatures dans les communes. «C’est une situation complexe», constate-t-elle.
Le comité prévoit donc une grande journée de récolte le 20 décembre. Priska Seiler Graf souligne que pour les bénévoles, obtenir des signatures contre le durcissement de la loi sur le service civil n’est pas difficile en soi.
Comment le service civil est devenu un succès
Introduit en 1996, le service civil s’est transformé en véritable succès à partir de 2009, lorsque l’examen de conscience a été supprimé. Les admissions ont alors explosé. En 1996, seuls 96 hommes avaient opté pour ce service; entre 900 et 1450 par an jusqu’en 2008; puis, dès 2009, plus de 6000 personnes ont été admises chaque année.
L’année 2024 a été un record: près de 1,9 million de jours de service avaient été effectués en Suisse. Le social représente 52% des affectations, l'école 17%, la santé 15% et la protection de l’environnement 10%. En 2024, 6799 nouvelles personnes ont été admises, dont 33,7% après avoir accompli leur école de recrues (la formation de base de l’armée).
Ces dernières années, ce succès a fini par inquiéter le Conseil fédéral et le Parlement. En 2025, ils ont pris la décision d'adopter un projet de révision de la loi sur le service civil pour durcir les conditions d’admission. L’objectif est de limiter le nombre d’entrées à environ 4000 par an, contre près de 7000 actuellement. Le but est d’empêcher une diminution significative des effectifs de l’armée. Gouvernement et Parlement rappellent qu’il n’existe constitutionnellement aucune liberté de choix entre service militaire et service civil.
«Tactique du salami»
Ce qui inquiète Berne, c’est surtout que de nombreux militaires sont admis au service civil après l’école de recrues. La révision prévoit donc de serrer la vis pour ceux qui ont déjà accompli une partie importante de leurs obligations militaires: ils devront désormais effectuer au moins 150 jours de service civil additionnel. Quant à ceux qui auront terminé tous leurs jours de formation, ils n’auront plus le droit de changer de voie.
Priska Seiler Graf redoute que cette révision ne soit qu’un premier pas. Elle évoque une «tactique du salami» menée par la droite. Si le durcissement passe, elle s’attend à voir réapparaître l’examen de conscience, voire à ce que la question de la suppression du service civil soit remise sur la table.
C’est précisément pour stopper net ce premier recul que le comité veut porter le débat devant les urnes. «Le service civil bénéficie d’un énorme soutien dans la population», rappelle Seiler Graf. «Et notre société a besoin de ce service.»
Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich
