Suisse
Société

Voici comment apprendre une nouvelle langue le plus vite possible

Le professeur d'allemand Niko Aktas parle treize langues, dont dix au niveau conversationnel. Il livre ses conseils pour apprendre une langue efficacement.

Vous voulez parler 13 langues comme cette personne ? Voici ses astuces

Professeur de langues, Niko Aktas peut s'exprimer dans quantité d'idiomes. En Suisse, mieux vaut parler aux personnes dans leur langue maternelle.
18.01.2025, 21:21
Linda Leuenberger / ch media
Plus de «Suisse»

Niko Aktas est probablement la personne polyglotte à connaître le plus de langues en Suisse. A 36 ans, il est capable de tenir des conversations en allemand, suisse-allemand, anglais, italien, français, espagnol, néerlandais, suédois, turc et russe. Il peut également se faire comprendre en slovaque, arabe et albanais. De plus, il comprend quelques autres langues, comme le romanche.

Niko Aktas fait partie des rares hyperpolyglottes du pays. Le terme provient du grec: «poly» signifie «plusieurs» et «glôtta» désigne «la langue». Alors que les polyglottes parlent trois langues ou plus, les hyperpolyglottes, comme Niko Aktas, en maîtrisent plus de six.

Comment y parvient-il? La condition préalable semble être une affinité pour les langues – et beaucoup de dévouement. Niko Aktas a désormais mis au point un système qui l’aide, lui et d’autres, dans l’apprentissage des langues. Il organise sa carrière, son cadre de vie, ses loisirs, ses relations - toute sa vie, en fait - autour de l’apprentissage des langues.

Vous vous êtes installé en Suisse il y a plus de quatre ans. Pourquoi précisément à Morat à l'époque?
Niko Aktas: La Suisse, avec sa richesse linguistique, m’a toujours fasciné. Je rêvais de vivre dans un lieu où je pourrais pratiquer quotidiennement plusieurs langues – et quel endroit plus idéal que celui où se situe le Röstigraben?

Vous avez d'abord travaillé à Morat...
Oui, j'avais pris en charge la gestion de nuit dans un hôtel. Ainsi, j'étais en contact non seulement avec les locaux, mais aussi avec les touristes. Grâce à mon métier, j'ai pu pratiquer le français, l'italien et l'anglais, parfois même l'arabe. Je voulais éviter autant que possible de parler l'allemand standard. C'est pourquoi, pendant mon temps libre, j'ai également appris le bernois.

Pourquoi? Les gens là-bas savent pourtant parler l'allemand standard.
Oui, mais la manière dont les gens vous abordent est très différente lorsque vous leur parlez dans leur langue.

«J'ai rapidement constaté que cela m'apportait des avantages, tant sur le plan personnel que professionnel, de parler le suisse allemand avec les Suisses alémaniques»

Parce que sinon, ils sont désagréables?
«Désagréable» n'est pas le bon mot. D'après mon expérience, les Suissesses et Suisses sont très polis et respectueux. Mais quand je parle l'allemand standard, certains se sentent obligés de répondre en allemand standard - ce qui leur est inhabituel. Soudain, il y a une certaine formalité. Je n'ai jamais été mal traité, mais la conversation perd en spontanéité. En suisse allemand, les échanges sont plus chaleureux. Et il est bien plus facile de se faire des amis.

Vous avez déménagé de Morat à Berne, et vous habitez maintenant au Tessin. Tout cela pour les langues?
Oui. J'avais envie de découvrir la Suisse italophone. Il est difficile de trouver un emploi au Tessin en raison du grand nombre de travailleurs frontaliers.

«Mais le fait que je parle trois des quatre langues nationales augmente mes chances»

En parallèle, je donne des cours de langues et je songe actuellement à créer une plateforme en ligne pour l'apprentissage des langues.

Vous parlez treize langues, dont dix au niveau conversationnel. Quel est votre secret?
C'est avant tout un travail difficile. Les personnes qui ne parlent que leur langue maternelle pensent que nous, les polyglottes, avons une sorte de talent magique et que la connaissance des langues nous est presque acquise.

Ce n'est pas le cas?
Non. Dire qu'il est facile de maintenir son niveau dans autant de langues ou d'en apprendre de nouvelles serait un mensonge. Cela prend du temps et nécessite beaucoup de persévérance.

«Mais il est possible d'élaborer des stratégies pour y parvenir»

Lesquelles?
En principe, je ne mets guère l'accent sur la grammaire au début. J'ai développé cinq points que je transmets à mes élèves. Premièrement, une liste des deux cents mots les plus importants, que j'ai établie avec un autre polyglotte. Ces mots sont relativement peu spécifiques.

Un exemple?
Si je veux apprendre une nouvelle langue, je dois savoir ce que signifie par exemple «animal» ou «plante». Je n'ai pas besoin de savoir dire «cerf» ou «tulipe». Même si je veux parler d'un lac ou d'une rivière, il suffit que je montre la chose du doigt et que je dise «eau». On me comprendra.

Cette liste de 200 mots est-elle uniquement composée de noms?
Non, elle contient également des adjectifs et des prépositions, ainsi que les 30 verbes les plus importants: «avoir», «aller», «être», etc.

Pour pouvoir utiliser ces verbes, vous devez tout de même enseigner leur conjugaison.
Oui, mais seulement la structure de base. La conjugaison irrégulière n'est pas encore très importante. Si quelqu'un dit: «J'ai mettre ça» ou «J'ai prendre cet objet», c'est certes faux, mais on le comprend. Ainsi, on arrive très vite à un point où l'on peut se faire comprendre. Les lacunes peuvent être comblées plus tard. Si l'on s'acharne sur des mots spécifiques et une grammaire correcte, on est vite dépassé et on perd le plaisir d'apprendre.

Quel est le second point de votre stratégie?
Outre les 200 mots, il existe quinze domaines qui méritent également d'être appris tôt. Il s'agit notamment de la météo ou des directions à prendre, par exemple pour savoir comment aller à la gare.

Et le troisième?
Il faut s'efforcer à se diversifier. Il ne suffit pas de lire. Parler, écrire et surtout écouter permettent d'avancer plus vite et plus loin.

«Et si vous manquez de motivation un jour, il est aussi possible de s'allonger et d'écouter un podcast dans la langue en question»

Cela permet de développer une sensibilité passivement .

Quels podcasts recommandez-vous?
N'importe quoi. N'importe quel sujet qui vous intéresse. Le sport, le lifestyle, la politique. Ça, c'est le quatrième point sur lequel j'insiste. Il me paraît nécessaire de cultiver ses intérêts dans la langue étrangère également. Et j'essaie de pratiquer chacune des langues qui m'intéressent chaque semaine, si possible. Ce matin, c'était le tour du néerlandais, et j'ai fait traduire en ligne en néerlandais un article italien sur la vie festive à Lugano, que j'avais de toute façon l'intention de lire. De cette manière, l'apprentissage des langues a moins l'impression d'être un effort supplémentaire - et s'intègre mieux dans la vie quotidienne.

Quel est le dernier point important?
Très important: faire simple. Accepter les erreurs. Pour ma part le «Bärndütsch» a été très compliqué à apprendre. J'ai longtemps parlé un mélange étrange entre l'allemand et le suisse allemand. Les gens à Morat me regardaient bizarrement et me répondaient en allemand standard. Il faut passer par là. Apprendre une langue demande de la persévérance. Il ne faut pas se stresser. Pour réussir, je conseille de pratiquer peu à la fois, mais régulièrement.

Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich

Des images de lapins, à travers les siècles
1 / 16
Des images de lapins, à travers les siècles
Fragment d'une peinture funéraire polychrome représentant des hommes portant du grain, une gazelle ou une antilope, deux lapins ou lièvres, tandis que le dernier porte un joug avec du grain et un certain nombre d'objets peu clairs.Thèbes, Égypte 18e dynastie, vers 1350 av.
source: universal images group editorial / florilegius
partager sur Facebookpartager sur X
Rupture de stock? On a fabriqué notre propre chocolat Dubaï
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Cassis s'attend à une «catastrophe mondiale»: voici sa stratégie
Le président américain bouleverse la politique mondiale à une vitesse trop rapide pour le Conseil fédéral. Le ministre PLR a pris les devant dans un discours.

Trump le matin. Trump à midi. Trump le soir... Qu'est-ce que le président américain vient d'annoncer? Qu'a-t-il déjà décidé? Ou bien est-il déjà revenu sur sa décision? Il serait facile de perdre le fil.

L’article