Scandale électoral à Vernier: «Un coup de canif à notre démocratie»
C'est une situation qui se répète à Vernier. Après l'annulation du scrutin de mars dernier suite à des suspicions de fraude électorale, un deuxième épisode a secoué la commune ce dimanche 30 novembre. Lors des élections municipales, des irrégularités ont bloqué le processus pour élire le Conseil municipal. Plus de 200 bulletins auraient été remplis par la même main. Conséquence: la conseillère d’Etat Nathalie Fontanet a annoncé la suspension des élections.
De quoi soulever une question: notre système de votation est-il sûr? Carmelo Laganà, fondateur de l'agence de communication politique Impakt Nexus, à Genève, répond:
Il poursuit: «On a un système qui est basé sur une confiance presque aveugle, fondé sur des processus qui datent du siècle passé et qui mériteraient d'être revus». Selon le stratège politique, «une chaîne de confiance se brise» quand un épisode comme celui de Vernier survient.
Le spécialiste s'inquiète du narratif autour de ces épisodes genevois:
A ses yeux, les deux épisodes de Vernier rappellent qu'il faut renforcer les garde-fous et développer une surveillance accrue. Pour moderniser le processus, Carmelo Laganà appelle à une traçabilité plus claire du bulletin de vote, en suivant le parcours de l'enveloppe grâce à un traceur.
Interrogée à ce propos, la chancellerie d'Etat explique que le canton de Genève possède un système à la pointe: «Nous avons un Datamatrix (réd: un code-barres bidimensionnel) sur les enveloppes de votation». Et de préciser:
En clair, lorsque que la personne vote et remet son enveloppe à la Poste, ce Datamatrix permet de tracer la missive tout au long de son circuit postal jusqu'à son retour au service de votation. Mais la chancellerie concède qu'il reste «une partie impossible à contrôler»: le moment où les électeurs sont seuls face à leur bulletin de vote.
Faut-il revenir à un vote directement aux urnes? «Cela nécessiterait un projet de loi et donc un débat au Grand Conseil», évacue la chancellerie. De son côté, Carmelo Laganà souligne qu'il ne faut pas remettre en cause le vote par correspondance.
A ce jour, les autorités indiquent vouloir attendre l'enquête du Ministère public et le rapport graphologique. C'est à ce moment que le Conseil d'Etat statuera, le 17 décembre, et de valider (ou non) le scrutin.
