L’Union européenne impose désormais, sur tous les smartphones neufs mis en vente à partir du 20 juin 2025, un affichage standardisé permettant aux consommateurs d’évaluer facilement la robustesse et la réparabilité de l’appareil. Une manière de pousser à des achats plus durables, en magasin comme en ligne. Comme le rappelle le journal français Le Monde, la Commission européenne espère réduire de 22% les ventes de téléphones neufs d’ici à 2030.
La Suisse sera, elle aussi, concernée dans la plupart des cas, comme l’écrit digitec.ch sur son blog. «La Suisse n'est pas membre de l'UE, mais elle adopte généralement les labels énergétiques», souligne la plateforme, qui ajoute que les premières étiquettes ont déjà fait leur apparition.
Elles comportent cinq pictogrammes lisibles en un coup d’œil, accompagnés d’une échelle de A à G (dans la logique des étiquettes énergétiques), et d’un QR code donnant accès au détail des résultats. Ces notes sont attribuées par les fabricants, mais selon un protocole de test imposé par Bruxelles.
Ce qui est évalué:
Un argument de vente convaincant pour les Suisses? Pas sûr selon l’expert en nouvelles technologies Xavier Studer. «On est dans un pays riche, où les consommateurs choisissent encore très souvent des smartphones haut de gamme, chez Apple ou chez Samsung. Cela dit, ça n’est pas un mauvais calcul puisque ces marques vendent des téléphones performants, qui durent longtemps, et qui ne rament pas au bout de 3 ans.»
L’expert souligne toutefois que la démarche européenne va dans le bon sens, même si, pour Xavier Studer, il s’agit surtout de «marketing institutionnel». «C’est très bien, mais ça ne va pas encore assez loin.»
Cette nouvelle étiquette ne vient pas seule: elle s’inscrit dans un train de mesures plus large porté par la directive Ecodesign, également entrée en vigueur le 20 juin. L’objectif? Forcer les fabricants à allonger la durée de vie de leurs appareils.
Concrètement, les smartphones vendus en Europe doivent désormais:
Pour Xavier Studer, ce n’est pas uniquement l’accès aux pièces détachées qu’il faut améliorer, mais aussi leur coût.
L’expert en technologie rappelle également que parfois, pour changer une pièce, vous devez en changer plusieurs, car elles sont interconnectées, et la réparation coûte bien trop cher comparé à l’achat d’un nouvel appareil. «Donc garantir l’accès aux pièces détachées, c’est bien, mais l’Etat doit faire davantage pour aider les consommateurs à tendre vers plus de durabilité.» Et d’ajouter qu’il faut aussi que les fabricants assurent la mise à jour des logiciels.
Le fait que la notation sur cette étiquette ne tienne pas compte du prix des pièces détachées, c’est aussi ce que regrettent certaines ONG, comme l’écrit Le Monde. D’autres soulignent que certains scores peuvent être contournés, en gonflant artificiellement la facilité de démontage ou la disponibilité de certaines pièces.
Même si l’affichage de cette étiquette n’est pas (encore) juridiquement contraignant chez nous, les consommateurs suisses pourraient en profiter indirectement: l’amélioration globale de la qualité, la pression sur les fabricants pour rendre les appareils plus réparables et les pièces plus accessibles, ou encore l’augmentation de la durée de vie moyenne des smartphones devraient bénéficier à l’ensemble du marché.
Et de faire une comparaison avec nos choix en matière de voitures. «Prenez l’exemple des voitures électriques: on a beaucoup de difficultés à les implanter en Suisse, et les gens veulent toujours des gros modèles, qui consomment beaucoup. Pour les smartphones, c’est pareil, on veut le dernier modèle d’Iphone ou de Samsung, alors qu’il existe le Fairphone, plus durable et plus respectueux de l’environnement.»
Pour l’heure, ces mesures européennes marquent une étape importante dans la lutte contre l’obsolescence programmée. L’ambition: enrayer le gaspillage, réduire les déchets électroniques, et donner aux consommateurs les outils pour faire des choix plus éclairés. Reste à voir si les habitudes d’achat suivront, ou si la course au dernier modèle continuera à dicter nos choix.