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Une nouvelle étiquette arrive sur les smartphones suisses

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Cette étiquette arrive sur nos smartphones: voici sa mission

Depuis le 20 juin, tous les smartphones vendus dans l’Union européenne doivent être accompagnés d’une étiquette indiquant leur durabilité: réparabilité, résistance aux chutes, autonomie de la batterie, etc. Et la Suisse, dans tout ça? Tour d’horizon des changements en cours sur le continent, et des questions que cela soulève chez nous.
21.06.2025, 06:5121.06.2025, 06:51
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L’Union européenne impose désormais, sur tous les smartphones neufs mis en vente à partir du 20 juin 2025, un affichage standardisé permettant aux consommateurs d’évaluer facilement la robustesse et la réparabilité de l’appareil. Une manière de pousser à des achats plus durables, en magasin comme en ligne. Comme le rappelle le journal français Le Monde, la Commission européenne espère réduire de 22% les ventes de téléphones neufs d’ici à 2030.

La Suisse sera, elle aussi, concernée dans la plupart des cas, comme l’écrit digitec.ch sur son blog. «La Suisse n'est pas membre de l'UE, mais elle adopte généralement les labels énergétiques», souligne la plateforme, qui ajoute que les premières étiquettes ont déjà fait leur apparition.

Elles comportent cinq pictogrammes lisibles en un coup d’œil, accompagnés d’une échelle de A à G (dans la logique des étiquettes énergétiques), et d’un QR code donnant accès au détail des résultats. Ces notes sont attribuées par les fabricants, mais selon un protocole de test imposé par Bruxelles.

Ce qui est évalué:

  • La consommation d’énergie, sur la base d’un usage standard (appels, navigation, vidéo, jeu). Même si les smartphones restent peu gourmands en électricité, cette mesure s’aligne sur les autres étiquettes déjà connues des consommateurs européens.
  • L’autonomie de la batterie, exprimée en nombre d’heures. Une donnée utile pour comparer les modèles entre eux, même si elle varie fortement selon les usages.
  • La durabilité de la batterie, c’est-à-dire le nombre de cycles de recharge complets qu’elle peut endurer avant de passer sous les 80% de sa capacité. Un smartphone doit aujourd’hui tenir au moins 800 cycles pour être autorisé à la vente.
  • La résistance aux chutes, testée sur 270 chocs depuis un mètre de hauteur. Un téléphone qui tient la distance obtient un score élevé, même s’il finit avec l’écran fissuré – tant qu’il reste fonctionnel.
  • L’étanchéité, notée selon la norme IP (protection contre les solides et les liquides). L’étiquette garantit un minimum (IP44) équivalent à une protection contre la poussière et les éclaboussures.
  • Et enfin, la réparabilité, notée de A à E selon plusieurs critères: complexité du démontage, disponibilité des pièces, nécessité d’outils spécialisés, ou encore durée des mises à jour logicielles.
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Un argument de vente convaincant pour les Suisses? Pas sûr selon l’expert en nouvelles technologies Xavier Studer. «On est dans un pays riche, où les consommateurs choisissent encore très souvent des smartphones haut de gamme, chez Apple ou chez Samsung. Cela dit, ça n’est pas un mauvais calcul puisque ces marques vendent des téléphones performants, qui durent longtemps, et qui ne rament pas au bout de 3 ans.»

«Le problème, c’est que les Suisses n’attendent pas 5 ou 6 ans avant de changer de smartphone, même si le leur fonctionne encore très bien»
Xavier Studer, expert en nouvelles technologies

L’expert souligne toutefois que la démarche européenne va dans le bon sens, même si, pour Xavier Studer, il s’agit surtout de «marketing institutionnel». «C’est très bien, mais ça ne va pas encore assez loin.»

Cette nouvelle étiquette ne vient pas seule: elle s’inscrit dans un train de mesures plus large porté par la directive Ecodesign, également entrée en vigueur le 20 juin. L’objectif? Forcer les fabricants à allonger la durée de vie de leurs appareils.

Concrètement, les smartphones vendus en Europe doivent désormais:

  • Répondre à des exigences minimales en matière de résistance, de durabilité et de réparabilité.
  • Fournir aux utilisateurs des informations détaillées sur la batterie (état de santé, nombre de cycles, date de mise en service…).
  • Inclure une option permettant de limiter la recharge à 80%, pour préserver la batterie.
  • Garantir l’accès aux pièces détachées essentielles pendant au moins 7 ans.
  • Autoriser certains types de réparations sans blocage logiciel, dès lors que le client a donné son accord.

Peut mieux faire

Pour Xavier Studer, ce n’est pas uniquement l’accès aux pièces détachées qu’il faut améliorer, mais aussi leur coût.

«Si vous devez changer une pièce à 300 francs sur une voiture qui en vaut 50 000, vous ne vous posez même pas la question, vous le faites. Sur un smartphone, si vous voulez remplacer une vitre brisée et que la pièce ainsi que la main d’oeuvre vous en coûte 250 francs, il y a de fortes chances pour que vous vous disiez “bon, pour quelques centaines de francs de plus, j’ai un nouveau téléphone…”»
Xavier Studer, expert en nouvelles technologies

L’expert en technologie rappelle également que parfois, pour changer une pièce, vous devez en changer plusieurs, car elles sont interconnectées, et la réparation coûte bien trop cher comparé à l’achat d’un nouvel appareil. «Donc garantir l’accès aux pièces détachées, c’est bien, mais l’Etat doit faire davantage pour aider les consommateurs à tendre vers plus de durabilité.» Et d’ajouter qu’il faut aussi que les fabricants assurent la mise à jour des logiciels.

Le fait que la notation sur cette étiquette ne tienne pas compte du prix des pièces détachées, c’est aussi ce que regrettent certaines ONG, comme l’écrit Le Monde. D’autres soulignent que certains scores peuvent être contournés, en gonflant artificiellement la facilité de démontage ou la disponibilité de certaines pièces.

Et en Suisse?

Même si l’affichage de cette étiquette n’est pas (encore) juridiquement contraignant chez nous, les consommateurs suisses pourraient en profiter indirectement: l’amélioration globale de la qualité, la pression sur les fabricants pour rendre les appareils plus réparables et les pièces plus accessibles, ou encore l’augmentation de la durée de vie moyenne des smartphones devraient bénéficier à l’ensemble du marché.

«Là où j’ai encore des doutes, c’est sur l’état d’esprit des consommateurs. Combien vont jouer le jeu et accepter de garder un vieux téléphone, alors que le dernier Iphone est sorti? Encore une fois, j’insiste: on va dans le bon sens au niveau européen. Au niveau suisse, c’est une autre histoire.»
Xavier Studer, expert en nouvelles technologies

Et de faire une comparaison avec nos choix en matière de voitures. «Prenez l’exemple des voitures électriques: on a beaucoup de difficultés à les implanter en Suisse, et les gens veulent toujours des gros modèles, qui consomment beaucoup. Pour les smartphones, c’est pareil, on veut le dernier modèle d’Iphone ou de Samsung, alors qu’il existe le Fairphone, plus durable et plus respectueux de l’environnement.»

«Et autant être clair, le Fairphone n’est pas la star des ventes»
Xavier Studer, expert en nouvelles technologies

Pour l’heure, ces mesures européennes marquent une étape importante dans la lutte contre l’obsolescence programmée. L’ambition: enrayer le gaspillage, réduire les déchets électroniques, et donner aux consommateurs les outils pour faire des choix plus éclairés. Reste à voir si les habitudes d’achat suivront, ou si la course au dernier modèle continuera à dicter nos choix.

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