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Pourquoi les syndicats «flanchent» sur la protection salariale

Pierre Yves Maillard, Praesident vom Schweizerischen Gewerkschaftsbund SGB, aeussert sich an ihrer ausserordentlichen Delegiertenversammlung zu den neuen Abkommen mit der EU, am Freitag, 31. Januar 20 ...
Pierre-Yves Maillard lors de l'assemblée extraordinaire des délégués à Berne.Image: keystone

Pourquoi les syndicats «flanchent» sur la protection des salaires

Le Conseil fédéral a annoncé une victoire d'étape dans la bataille autour de la protection des salaires. Et pour cause: les syndicats ont beaucoup à perdre en cas d'échec des accords avec l'UE.
21.02.2025, 16:5621.02.2025, 16:56
Peter Blunschi
Peter Blunschi
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Lors de la présentation des grandes lignes du nouveau paquet d'accords avec l'Union européenne fin 2024, Pierre-Yves Maillard a vu rouge:

«Le Conseil fédéral a sacrifié notre protection salariale!»
Pierre-Yves Maillard, le président de l'Union syndicale suisse (USS) dans une interview accordée au Blick.

Mercredi, le conseiller aux Etats socialiste vaudois s'est montré beaucoup plus conciliant auprès du même média: le gouvernement reconnaît enfin «les problèmes que nous soulevons depuis des années et la nécessité d'agir qui en découle». Il fait «un premier pas dans la bonne direction, cela ouvre certaines possibilités».

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La secrétaire d'Etat à l'Économie Helene Budliger Artieda et le conseiller fédéral Guy Parmelin en conférence de presse.Image: keystone

Auparavant, le ministre de l'Économie Guy Parmelin et la secrétaire d'Etat Helene Budliger Artieda avaient annoncé que les partenaires sociaux et les cantons avaient trouvé un terrain d'entente. Il s'agit d'un ensemble de 13 points qui visent, entre autres, à compenser les fameuses réglementations européennes.

«Au début du processus»

Les syndicats ne se disent pas encore pleinement satisfaits:

«Nous sommes encore au début du processus et nous ne tirerons un bilan définitif qu'à la fin des débats parlementaires»
Pierre-Yves Maillard, toujours dans le Blick.

Quant à Travailsuisse, faîtière plus petite que l'USS, elle ne considère pas l'état actuel des négociations comme «une percée».

Même le Conseil fédéral reconnaît que d'autres mesures sont nécessaires. Il s'agit notamment de conférer une force obligatoire aux conventions collectives de travail (CCT). Les syndicats en ont fait leur cheval de bataille, alors que les employeurs continuent de se montrer réticents. On peut néanmoins s'attendre à une percée sur ce point.

L'accord tout juste conclu s'est dessiné au cours des dernières semaines. Réunie en assemblée extraordinaire des délégués fin janvier, l'USS avait vivement critiqué le Conseil fédéral. Mais des décideurs ont par ailleurs confirmé au Tagesanzeiger un dégel des relations.

«Si cela échoue, on ne pourra rien nous reprocher», a constaté Daniel Lampart, économiste et négociateur en chef de l'Union syndicale suisse. Ses propos ont fait réagir, car c'est justement lui qui, par le passé, défendait une ligne dure en la matière. Les syndicats auraient cependant beaucoup à perdre en cas de rejet du paquet bilatéral.

La base du PS clairement en faveur

Cela provoquerait un déchirement à gauche, en particulier au sein du PS. Dans un sondage SSR de l'automne dernier, l'électorat du Parti socialiste affichait un avis plus positif par rapport aux accords bilatéraux que ce n'était le cas chez les Vert'libéraux, pro-européens. On peut en déduire indirectement que la protection des salaires n'est pas le sujet de préoccupation numéro un pour la base du PS.

En cas de non aux accords, les syndicats se retrouveraient en outre à lutter au même niveau que les «capitalistes de la finance» du zougois Partners Group et les nationaux conservateurs de l'UDC. Le patron vaudois de l'USS minimise cet aspect dans les médias, mais la pilule devrait être difficile à avaler pour la majorité des sympathisants de gauche.

Des contrôles de salaires lucratifs

Si les syndicats ont finalement accepté de soutenir le texte, c'est principalement pour éviter une érosion de la voie bilatérale, voire sa dénonciation par l'UE. Des risques bien réels en cas d'échec. Les employeurs pourraient alors se détourner des mesures d'accompagnement.

Eine Vertreterin der Gewerkschaft UNIA begleitet einen Kontrolleur am 17. August 2005 auf einer Baustelle in Bern bei der Pruefung von Arbeitsbewilligungen der Arbeiter auf einer Baustelle. Damit soll ...
Une syndicaliste d'Unia lors d'un contrôle salarial sur un chantier à Berne.Image: KEYSTONE

Celles-ci jouent non seulement un rôle pour la protection du niveau des salaires, mais elles représentent aussi une source de revenus pour les syndicats, grâce aux contrôles des entreprises européennes qui ont des travailleurs détachés en Suisse. En 2023, plus de 36 000 entités ont été passées en revue. C'est un chiffre record en comparaison internationale, que le Contrôle fédéral des finances (CDF) a critiqué dans un rapport en 2022.

De moins en moins de membres

Les entreprises étrangères et certaines branches, comme la construction et l'hôtellerie, font l'objet d'une surveillance exagérée, a déploré le CDF. Il estime que les quelque quinze millions de francs versés chaque année par la Confédération pour ces contrôles sont mal utilisés. Les syndicats ont rejeté ce reproche. Au vu de la perte de membres enregistrée, ils ont besoin de cette manne.

Car selon les statistiques de l'USS, entre 2010 et 2022, le nombre de syndiqués a en effet reculé d'environ 750 000 à un peu plus de 660 000. En 2023, la tendance s'est légèrement inversée pour la première fois depuis des années. Mais cela s'explique uniquement par l'adhésion de deux petites organisations. Moins de membres, cela implique moins de cotisations dans les caisses de l'USS.

L'importance des recettes issues de ces contrôles de salaires est d'autant plus grande qu'elles permettent de financer les campagnes des syndicats, pour la 13ᵉ rente AVS ou contre la réforme de la LPP. En raison de leur caractère protectionniste, les mesures de garantie des salaires intéressent aussi bien sûr certains secteurs de l'économie.

Mais en fin de compte, il est clair qu'en cas de rejet des «Bilatérales III», les syndicats n'auraient presque rien à gagner, et presque tout à perdre. Cofondateur de Partners Group et du mouvement anti-européen Kompass Europa, Urs Wietlisbach sait qu'il ne faudra plus compter sur eux dans ce dossier. «Ils vont flancher», a-t-il déclaré à la NZZ am Sonntag.

«Ils négocieront des avantages à l'intérieur du pays et passeront ensuite dans le camp du oui», estime Wietlisbach. À l'heure actuelle, on ne saurait le contredire.

Traduit et adapté par Valentine Zenker

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