PS et UDC vont s'affronter face à des Vaudois furieux
Cela n’a pas traîné. Privé de Conseil d’Etat depuis le décès brutal de Jean-Claude Mermoud en 2011, l’UDC vaudoise a volé la politesse à tout le monde en annonçant la candidature de Jean-François Thuillard, quelques heures seulement après l’annonce de la démission, mercredi, en cours de mandat, pour raisons de santé, de la socialiste Rebecca Ruiz, cheffe du Département de la santé et de l’action sociale (DSAS). Le parti agrarien, qui attend son heure depuis quatorze ans, s’était fait souffler la place au Château Saint-Maire, le siège du gouvernement cantonal, par la centriste Valérie Dittli. C'était en 2022, l’année où l'exécutif vaudois basculait à droite après plus de dix ans de majorité rose-verte. Vraiment pas de chance.
A l’UDC, on ne tarit pas d’éloges sur celui devrait être le candidat unique de la droite et du centre, le PLR lui ayant apporté son soutien jeudi. Sauf surprise – par exemple la démission dans la foulée de Rebecca Ruiz d’une Valérie Dittli actuellement en mauvaise posture –, le Centre ne devrait pas présenter de candidat ou candidate à l’élection complémentaire du 8 mars prochain. Une date bien pleine, puisque les Vaudois renouvelleront, ce jour-là également, leurs élus municipaux et communaux.
Syndic de Froideville, une commune du Gros-de-Vaud de 2700 habitants, Jean-François Thuillard, agriculteur de profession, «a le profil de celui qui peut travailler en équipe», affirme le chef du groupe UDC au législatif de la ville de Lausanne, Valentin Christe, lui-même candidat à l’exécutif du chef-lieu vaudois.
Pour Valentin Christe, «Jean-François Thuillard, qui dirige un exécutif communal, est à même de se fondre dans un exécutif cantonal». Pourrait-il reprendre le DSAS de Rebecca Ruiz?
Restons encore un moment avec le candidat UDC au Conseil d’Etat. Xavier de Haller, député PLR au Grand Conseil, observe à son sujet:
Un point positif, donc. «Son profil est adéquat pour le poste de conseiller d’Etat, poursuit Xavier de Haller. Il travaille bien ses dossiers, il peut construire des ponts, il a un bon sens de l’écoute. Son arrivée au gouvernement pourrait ramener un certain pragmatisme.»
Jamais joué d’avance
Attention, rappellent l’ensemble des interlocuteurs joints par watson: une élection n’est jamais jouée d’avance. D’autant plus qu’il s’agira d’un scrutin pour un seul poste, où les aspects liés à la personnalité des candidats et à l’opposition droite-gauche joueront à plein. La gauche réussira-t-elle à sauver son troisième siège sur les sept que compte l’exécutif?
La démission de Rebecca Ruiz en cours de mandat et dans le maelström des grèves de la fonction publique en rogne contre les coupes budgétaires pour 2026, notamment dans le domaine de la santé, pourrait être perçue comme un aveu de faiblesse de la gauche, même si chacun reconnaît à la socialiste le courage et la pleine légitimité de sa décision.
A qui profitera la gabegie?
Autrement dit, la candidature Jean-François Thuillard, l'UDC étant absente depuis longtemps du gouvernement, apparaîtra-t-elle comme l’occasion de remettre de l’ordre dans les finances vaudoises? A l’inverse, comme on l’espère à gauche, les déficits des comptes publics seront-ils mis au passif de la droite majoritaire au Conseil d'Etat, elle qui avait hérité en 2022 de chiffes dans le vert?
Selon la gauche, ce seraient les cadeaux fiscaux faits aux contribuables et la manne apportée aux communes pour soulager les plus riches d'entre elles des efforts à produire dans le cadre de la péréquation intercommunale, qui auraient creusé les déficits.
Pour succéder à la ministre démissionnaire, nos confrères de 24 heures ont listé huit papables. Deux semblent se détacher, sachant qu’il faudra plutôt un poids lourd pour concourir dans une complémentaire. L’ancien pilier du Conseil national Roger Nordmann, à qui la place serait promise comme à Ulysse au retour de l’Odyssée, fait figure de candidat naturel, trop, peut-être. «Je n’ai encore rien décidé, je ne m’attendais pas du tout à une démission en cours de mandat», dit-il, joint par watson.
«Un phénomène d’usure»
Lors de sa démission début 2025 de la Chambre basse fédérale, il disait ressentir «un phénomène d’usure». Oeuvrant depuis comme conseiller externe sur le dossier médical numérique pour le compte de l’Office fédéral de la santé publique, il semble hésiter à se lancer dans la course au Conseil d’Etat vaudois:
Justement, ne serait-il pas la bonne personne pour faire le ménage?
Un scénario à la genevoise?
L’autre favorite PS à la succession se nomme Jessica Jaccoud, avocate, ex-députée au Grand Conseil, élue en 2023 au Conseil national. 24 heures la présente comme une «candidate crédible», ayant l’expériences des enjeux cantonaux. Mais son profil «très marqué à gauche» pourrait la desservir.
A Genève, dans la complémentaire cantonale de septembre-octobre, c'est la gauche qui l'avait emporté devant l'UDC. Là aussi, l'enjeu, pour la gauche, était de garder trois sièges sur sept. Les voix du Centre avaient manqué au candidat UDC. «J'espère que les centristes nous renverront l'ascenseur. Moi, en 2022, j'avais voté pour notre candidat UDC mais aussi pour Dittli qui faisait partie de l'entente», tient à rappeler Vincent Christe.
