La Neue Zürcher Zeitung estime que la ministre aurait pu jouer un rôle clé dans un contexte géopolitique tendu, mais critique son incapacité à mobiliser une direction forte pour surmonter les défis structurels et budgétaires de l’armée.
De côté de chez watson, on suggère que ce départ précipité reflète une lassitude face aux tensions internes du DDPS, aux désaccords sur le budget militaire avec Karin Keller-Sutter, et aux critiques récurrentes sur le manque de stratégie.
Blick partage un constat sévère: malgré des problèmes hérités de ses prédécesseurs, Viola Amherd n’a pas su maîtriser les multiples projets en souffrance au sein de son département, préférant des rencontres internationales plutôt que des réformes internes.
A l’inverse, 24 Heures et La Tribune de Genève soulignent les réussites de la Haut-Valaisanne: l’acceptation en votation populaire des nouveaux avions de combat, la promotion des femmes dans l’armée et la modernisation écologique de cette dernière. Ces journaux saluent également son pragmatisme face à l’OTAN, son sommet pour la paix en Ukraine, et son rôle dans le rapprochement avec Ursula von der Leyen sur les négociations UE-Suisse.
Pour La Liberté, sa démission paraît «stupéfiante» et laisse un vide symbolique, tandis que le Tages-Anzeiger la décrit comme une figure marquée par les «cas exceptionnels», des crises pandémiques à l’invasion russe en Ukraine.
Malgré des divergences d’opinions, les médias s’accordent à reconnaître l’impact de Viola Amherd sur le DDPS, un ministère historiquement dominé par des hommes.
Si certains, comme La Liberté, jugent son style «sans éclat», ils admettent que son passage a été déterminant pour redéfinir le rôle de l’armée suisse dans un contexte mondial instable. Enfin, les spéculations vont bon train quant à sa succession, avec des noms comme Gerhard Pfister ou Isabelle Chassot évoqués pour reprendre le flambeau.
Pour le Nouvelliste / Le Journal du Jura / ArcInfo: A 62 ans, la Haut-Valaisanne s’en va au moment le plus ingrat pour elle, alors que les reproches répétés – et souvent justifiés – adressés au Département de la défense viennent presque éclipser ses réussites, relèvent le quotidien valaisan et les journaux de ESH Médias.
La première femme à avoir dirigé l’armée suisse est pourtant parvenue à sortir la Grande muette de sa torpeur, écrit le Nouvelliste. Si l’agression russe de l’Ukraine a fait l’effet d’un électrochoc pour toute l’Europe, la centriste a su convaincre qu’il fallait réinvestir comme jamais depuis la fin de la guerre froide.
Elle a également fait preuve de courage en faisant sauter le tabou de l’omniprésence de la discrimination et la violence sexualisée au sein des troupes. Mais son manque d’ambition, en laissant passer sa chance de prendre la tête du Département mammouth de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, est coupable, conclut le journal.
Le Quotidien Jurassien: Cette reddition coïncide avec la présentation hier d'une réforme de l'armée qui vise à engager davantage de femmes pour étoffer l'effectif des troupes. Tout un symbole, écrit le Quotidien Jurassien.
La cheffe de l'armée a transpiré sous la tenue de combat, ajoute le journal. Face aux antimilitaristes, elle devait expliquer que le pays a besoin d'une armée crédible. Pour l'heure, les grandes manoeuvres commencent, au sein du centre évidemment. Mais pas que. On entend remuer des casseroles au loin. Serait-ce dans la cuisine libérale-radicale, se demande le quotidien.
Le Temps: Beaucoup moins à l’aise que sa prédécesseure sur l’échiquier des grands stratèges de la Coupole, Viola Amherd a préféré s’agripper à ce qui était au départ une punition, le Département de la défense, plutôt que d’oser bousculer la cour des grands, explique le Temps. Ce qu’elle aurait pourtant pu essayer de faire fin 2022, lorsque Simonetta Sommaruga a quitté le prestigieux Département des transports et de l’environnement. «Sa famille partisane ne lui a jamais pardonné cette faiblesse coupable, caractéristique d’un manque d’appétit politique».