Il est en effet bien possible que la nouvelle élue ou le nouvel élu reprenne le Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) qu'elle a dirigé pendant six ans – et donc, les cas qui vont avec.
Face à la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine, le rôle stratégique de l’armée a pris une importance accrue. En réponse, le Parlement a décidé d’augmenter le budget militaire pour cette année et de relever le plafond des dépenses pour les années à venir. D’ici 2032, les ressources allouées à l’armée devraient atteindre 1% du PIB.
Le DDPS (Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports) devra désormais établir des priorités claires pour l’utilisation de ces fonds. Parmi les axes envisagés, on évoque l’accélération de la modernisation des forces terrestres et l’amélioration de l’équipement des unités militaires. Par ailleurs, la cyberdéfense figure parmi les priorités, avec le renforcement des infrastructures numériques, soutenu par la mise en service récente de l’Office fédéral de la cybersécurité. La planification détaillée des acquisitions et des échéances reste toutefois en cours.
Pour contrer la baisse des effectifs dans l’armée et la protection civile, deux modèles sont à l’étude. Le premier, appelé « obligation de servir dans la sécurité », concernerait uniquement les hommes suisses, qui auraient le choix entre servir dans l’armée ou contribuer à la protection contre les catastrophes. Ce modèle fusionnerait la protection civile et le service civil actuels en une organisation sous responsabilité cantonale. Le second, l’« obligation de servir en fonction des besoins », élargirait cette exigence aux hommes et aux femmes, mais seuls les effectifs nécessaires seraient mobilisés pour l’armée et la protection civile, tout en maintenant le service civil.
Une réflexion est également en cours sur la possibilité d’inclure les étrangers résidant en Suisse dans des rôles liés à la protection contre les catastrophes. Le DDPS a pour mission de soumettre au Conseil fédéral, d’ici fin 2027, une feuille de route détaillant les options et les priorités pour ces nouveaux modèles de service.
Sous la direction du Secrétariat d’Etat à la politique de sécurité (Sepos), une nouvelle stratégie de politique de sécurité doit être finalisée d’ici fin 2025. Cette initiative vise à renforcer la défense et la sécurité de la Suisse, en s’appuyant sur les recommandations d’une commission d’experts ayant proposé plus d’une centaine de mesures. Parmi les priorités identifiées par le Conseil fédéral figurent la lutte contre les attaques hybrides et le renforcement de la coopération avec l’OTAN et les pays voisins.
Cependant, cette orientation stratégique suscite des tensions politiques. L’UDC s’oppose fermement à un rapprochement avec l’OTAN, insistant sur le maintien d’une neutralité armée stricte. Son initiative populaire, actuellement en suspens au Parlement, propose d’inscrire dans la Constitution une neutralité armée perpétuelle et d’interdire largement les sanctions internationales.
L’achat de 36 avions de combat F-35 auprès du constructeur américain Lockheed Martin marque une étape majeure pour l’armée suisse. Ces appareils remplaceront, à partir de 2030, les actuels F/A-18 Hornet et F-5 Tiger. Une partie des F-35 sera assemblée et testée en Suisse par des ingénieurs locaux, chez Ruag, dès 2027. Pour cela, ces ingénieurs bénéficieront d’une formation spécifique aux Etats-Unis, avec l’appui technique de Lockheed Martin.
Le DDPS insiste sur l’importance de respecter le calendrier établi pour éviter tout retard ou dépassement de coûts, un enjeu clé pour un projet de cette envergure. Le département reste vigilant sur la coordination entre les différents acteurs afin d’assurer une transition fluide vers cette nouvelle flotte, essentielle pour la modernisation des forces aériennes suisses.
Parallèlement, le DDPS cherche une solution pour la «Patrouille Suisse ^», dont l’avenir est remis en question avec le retrait programmé des F-5 Tiger. Une réflexion est en cours pour garantir la pérennité de cette formation emblématique, symbole de l’excellence aérienne suisse.
Le Service de renseignement de la Confédération (SRC), rattaché au DDPS, devrait bénéficier de nouvelles possibilités pour remplir ses missions dans le cadre de la révision de la loi sur le renseignement. Cette réforme vise à pallier les lacunes identifiées par l’autorité indépendante de surveillance, qui avait relevé de graves problèmes dans la gestion administrative et du personnel du SRC, affectant ses capacités à fournir l’intégralité de ses prestations.
Le projet de réforme, initialement prévu dans son ensemble, a été scindé en deux par le DDPS afin de mieux en structurer la mise en œuvre. Cette division entraîne toutefois un retard dans son adoption : la première phase de la réforme ne devrait entrer en vigueur qu’au plus tôt en 2027, repoussant les améliorations attendues pour le fonctionnement du SRC.
En dépit des retards, cette réforme est essentielle pour moderniser le SRC et renforcer son efficacité face aux défis croissants liés à la sécurité nationale et internationale. Le DDPS entend ainsi doter le service des outils nécessaires pour répondre aux exigences stratégiques actuelles et futures.
Le groupe d’armement Ruag, propriété de la Confédération, a été au cœur de polémiques ces dernières années, notamment après la détection d’irrégularités dans les affaires liées aux chars Leopard 1 par le Contrôle fédéral des finances. La ministre de la Défense, Viola Amherd, a dénoncé des lacunes dans l’application des règles internes, ce qui a conduit le gouvernement à envisager un renforcement de son contrôle sur l’entreprise.
Pour accroître cette influence, Ruag pourrait perdre son statut actuel de société anonyme de droit privé. Parmi les options à l’étude figure une réintégration complète de l’entreprise au sein du DDPS. Un projet de consultation visant à modifier les bases légales doit être soumis au Conseil fédéral d’ici mai 2025. Cette réforme marquerait un tournant dans la gouvernance du groupe d’armement.
En parallèle, le Conseil fédéral prévoit de céder et de liquider la partie internationale de Ruag, poursuivant ainsi une stratégie de recentrage sur les activités nationales. Cette démarche vise à garantir une meilleure transparence et une gestion plus rigoureuse des opérations du groupe.
Enfin, la Suisse accueillera l'été prochain le championnat d’Europe de football féminin, un événement qui met en lumière son engagement dans le sport. A moyen terme, le DDPS place le développement stratégique du sport parmi ses priorités, couvrant à la fois le sport de masse et l’organisation de grandes compétitions internationales.
Cependant, la situation financière tendue de la Confédération pourrait compromettre des investissements nécessaires pour soutenir cet élan sportif. Des efforts seront indispensables pour équilibrer ambitions et contraintes budgétaires.
Malgré les défis, cet événement offre à la Suisse une occasion unique de renforcer sa réputation dans l’organisation de manifestations sportives et d’inspirer de nouvelles générations à s’engager dans le sport. Sans oublier de permettre au successeur de Viola Amherd de briller. (mbr/ats)