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Zurich prend une décision radicale vis-à-vis du français à l'école

Zurich prend une décision radicale vis-à-vis du français à l'école

Le parlement zurichois envoie un signal fort en voulant supprimer le français dit «précoce» à l'école publique.
Le français pourrait disparaître dans les classes du niveau primaire dans le canton de Zurich.Image: KEYSTONE
Le parlement zurichois a voté lundi la suppression de l’enseignement «précoce» du français à l’école primaire, au profit d’un début au secondaire. Contre l’avis du gouvernement cantonal, la motion a été adoptée par une large majorité, suscitant des inquiétudes quant au respect du compromis linguistique national.
01.09.2025, 18:1201.09.2025, 18:12
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Le parlement zurichois envoie un signal fort en voulant supprimer le français dit «précoce» à l'école publique. Contre l'avis du gouvernement, il a adopté lundi une motion exigeant le renvoi au secondaire de l'enseignement de la langue de Molière. La ministre cantonale de l'éducation Silvia Steiner (le Centre) a mis en garde contre un retrait unilatéral du «compromis linguistique».

La motion a été acceptée par 108 voix contre 64. Le texte de la députée Kathrin Wydler (Le Centre) demande de créer les bases légales pour que le français ne soit enseigné qu'à partir de la 9e année scolaire (1ère classe du secondaire l), et non plus dès la 5e année de l'école primaire. Il est cosigné par des élus PEV, UDC et Vert'libéraux.

La ministre zurichoise de l'éducation a déploré le pas. La motion a une signification qui dépasse largement le canton:

«Le français n'est pas simplement une langue étrangère, mais une langue nationale. Celle-ci doit être entretenue»
Silvia Steiner, ministre de l'éducation du canton de Zurich

Le gouvernement recommandait de rejeter la motion. Mettre en oeuvre ce texte signifie s'écarter unilatéralement de la stratégie linguistique de la Conférence des directeurs et directrices de l'instruction publique (CDIP). Avant le débat, Silvia Steiner a évoqué des échos selon lesquels Berne «n'était pas du tout contente» des velléités zurichoises.

L’enseignement du français à l’école primaire est remis en question dans d'autres cantons alémaniques, comme Bâle-Campagne, St-Gall et Thurgovie. Le parlement d'Appenzell Rhodes-Extérieures a adopté en mars dernier une motion dans ce sens.

Base légale

Selon la motion zurichoise, les résultats d'études récentes montrent que l'objectif de l'enseignement précoce du français au primaire n'est pas atteint. Les élèves du secondaire I présenteraient en outre une maturité cognitive plus élevée et une base plus solide en allemand, ce qui facilite l'apprentissage de langues avec une grammaire complexe comme le français.

Les opposants au français précoce sont convaincus qu'un report améliorera les résultats d'apprentissage, favorisera la motivation et évitera la surcharge. Ils proposent de simplement supprimer les leçons de français au primaire ou de les réinvestir en partie dans l'allemand ou les mathématiques.

L'exécutif zurichois est désormais chargé de créer, dans un délai de deux ans, les bases légales nécessaires pour le report de l'enseignement du français. Ce qui signifie que le canton devrait se retirer du concordat Harmos auquel il y a adhéré en 2008, après un vote populaire.

«HarmoS n'est pas une loi de la nature», a déclaré une députée Vert'libérale, ajoutant que «si la cohésion helvétique dépend vraiment du français précoce, l'unité du pays est réellement mal en point». Dans 12 des 19 cantons alémaniques, il y a des interventions contre le français précoce, a renchéri un élu du PLR.

Signal fatal

Les Vert-e-s, la Liste alternative et le PS n'ont pas suivi les motionnaires.

«Si nous supprimons le français de l'école primaire, nous enverrons un signal fatal»
Un député écologiste

Pour le PS, le concordat Harmos doit absolument être maintenu. Le gouvernement ne voyait quant à lui aucune valeur ajoutée dans la suppression du français précoce. Pour lui, la majorité des élèves est capable d'apprendre deux langues étrangères déjà au primaire, le niveau exigé n'étant pas excessif.

La directrice de l'éducation zurichoise a toutefois reconnu qu'il fallait agir dans l'enseignement de la langue de Molière au niveau primaire. Mais si les attentes n'ont pas pu être satisfaites, ce n'est pas une raison pour abandonner, a-t-elle souligné.

Dans sa prise de position publiée en avril, l'exécutif zurichois rappelle que le concordat HarmoS exige une formation solide dans la langue locale. Et aussi des compétences de base dans une deuxième langue nationale ainsi qu'au moins une autre langue étrangère.

Et de rappeler qu'en cas d'importants retraits du «compromis linguistique», une intervention de la Confédération est à prévoir. Celle-ci pourrait imposer aux cantons d'enseigner une deuxième langue nationale comme première langue étrangère, ce qui remettrait en question le modèle de l'anglais précoce.

Contactée par Keystone-ATS, la CDIP écrit prendre connaissance de la décision du parlement zurichois. Elle entend poursuivre les discussions sur les défis liés à l’enseignement des langues nationales et de l’anglais et examinera lors de ses prochaines séances les différentes possibilités d’action à l’échelle intercantonale.

Le plurilinguisme et l’apprentissage des langues à l’école revêtent une importance fondamentale pour la CDIP. L’apprentissage d’une deuxième langue nationale contribue de façon essentielle à la cohésion nationale et à la compréhension mutuelle entre les régions linguistiques, réitère-t-elle. (mbr/ats)

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