Mercredi, par souci de respecter sa politique de neutralité, le Conseil fédéral a finalement décidé de refuser la transmission de matériel de guerre suisse à l'Ukraine. Il rejetait, de ce fait, une demande de la ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht.
Souvenez-vous: dans une lettre, Christine Lambrecht demandait que l'Allemagne puisse transmettre à l'Ukraine 12 400 cartouches pour le char antiaérien Gepard. Des munitions qui proviennent, à l'origine, de Suisse.
Autant dire que cette interdiction n'a pas particulièrement ravi côté allemand. La presse ne mâche pas ses critiques. Dans un commentaire titré «La Suisse est un problème», la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) juge que le refus de la Suisse est «un revers cuisant» pour la politique étrangère allemande.
Dans la phase actuelle de la guerre, il serait «particulièrement amer» pour l'Ukraine que l'insistance de la Suisse conduise à rendre le Gepard inutilisable, poursuit le quotidien. L'Allemagne doit également tirer des leçons de cette situation. L'une d'entre elles?
La Süddeutsche Zeitung, pour sa part, fait preuve d'à peine plus de compréhension. Dans un commentaire publié en début de semaine, elle soulignait déjà que la Suisse ne bloquait pas la transmission des munitions «simplement par manque de courage, mais parce que ses lois sont ce qu'elles sont».
Pour le journal, la Suisse doit en tirer une conclusion: «Il est grand temps de changer quelque chose au statu quo».
Toujours selon la SZ, la Suisse se trouve à la croisée des chemins: «Soit la neutralité, qui n'a en fait causé que des problèmes aux Suisses ces derniers temps. Ou bien les affaires d'armement avec l'étranger, de toute façon compliquées sur le plan politique et également controversées dans le pays même». Au vu de leur faible utilité économique et en matière de politique de sécurité, la réponse est claire, conclut l'éditorial.
(Traduit et adapté de l'allemand par mbr)