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Une «révolution militaire» change la philosophie de la guerre en Ukraine

Une équipe de soldats pilotes de quad et un tireur d'élite s'entraînent à abattre des drones, lors d'une séance d'entraînement avec la 33e brigade mécanisée séparée ukrainienne, da ...
Une équipe de soldats s'entraînent à abattre des drones dans l'est de l'Ukraine, le 6 juin 2025.Image: afp

Ces drones qui «pénètrent partout» offrent un avantage à la Russie

La Russie a multiplié son nombre de drones, forçant les Ukrainiens à s'adapter. Cette augmentation est considérée comme une «avancée majeure» de la part des Russes. Reportage près du front, à Donetsk.
26.06.2025, 05:3226.06.2025, 13:57
Florent VERGNES / AFP
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Fonçant à travers les champs, trois soldats ukrainiens serrés sur un quad sont poursuivis par un drone, que l'homme à l'arrière tente d'abattre avec un fusil de chasse: l'arme la plus efficace dans ce cas-là.

Lorsque l'engin volant tombe sous les coups de chevrotine, dont la dispersion permet d'atteindre les petites cibles, tous les militaires exultent, car toucher un drone de 15 centimètres de longueur en roulant à 100 km/h relève de l'exploit.

Ce jour-là, il s'agit d'un entraînement près du front dans la région orientale de Donetsk, au cœur des combats depuis l'invasion russe lancée en 2022.

Le tireur aurait voulu descendre sa cible plus vite, car avec l'augmentation des drones russes, «vous n'avez pas droit à l'erreur, vous ne pouvez pas vous détendre», dit-il, cigarette au bec.

Depuis deux mois, selon plusieurs soldats, la Russie a multiplié son nombre de drones pour «harceler massivement» la logistique ukrainienne, poussant Kiev à s'adapter constamment.

Un avantage technologique russe

En Ukraine, des experts déplorent l'avance russe dans ce domaine, une première, semble-t-il, depuis le début de l'invasion.

Moscou fabrique des drones massivement avec des «projets scientifiques monumentaux» menés par des «ingénieurs russes, iraniens et chinois», s'inquiète Maria Berlinska, cheffe du Centre de soutien à la reconnaissance aérienne, dans une tribune.

Le commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a reconnu samedi que Moscou avait certains «avantages» dans la guerre par drones, notamment «en nombre et en portée» de drones à fibre optique dont les systèmes sont difficiles à brouiller. Il assure:

«Nous sommes en train de rattraper notre retard dans ce domaine»

Le développement de drones a modifié la construction de fortifications, désormais collées à des bandes boisées pour moins de visibilité et plus compactes. Oleksandre Syrsky a ajouté:

«Aujourd'hui, un drone, surtout celui à fibre optique, peut pénétrer dans n'importe quelle fissure»

Avec son agilité et sa vitesse, le quad permet d'évacuer les blessés en évitant les drones, à l'inverse des blindés lourds. La moto, elle, sert à attaquer ou relever les troupes. «On va finir en vélo», lâche le soldat en tirant sur sa clope.

Les routes près du front sont maintenant parcourues par des motos bardées d'antennes, des buggies en tôles rouillées ou des blindés cachés sous des mètres de filets, donnant au tableau des airs des films post-apocalyptiques Mad Max.

Dans les environs de la ville de Kramatorsk, centre logistique ukrainien du front oriental, des rangées de piquets sont érigées le long des routes pour placer des filets censés préserver les véhicules des frappes de drones, même à plus de 20 kilomètres du front.

La «philosophie de la guerre a changé»

Selon Ievguène, officier de presse de la 28e brigade mécanisée séparée, face à cette révolution militaire, l'ère des véhicules militaires est «révolue».

Depuis deux mois, la «philosophie de la guerre a changé», l'objectif russe n'étant plus de prendre des positions çà et là, mais de vouloir faire tomber «toute la ligne de front, en visant la logistique».

Mais l'Ukraine, qui avait de l'avance lors des premières années de l'invasion, est désormais à la traîne dans la production de drones, réalisée selon des experts par des fabricants hétéroclites.

Selon Maria Berlinska, Kiev tente de tenir le rythme avec «des technologies bon marché et simples». Mais le «bricolage amateur» ne suffit pas face à une production russe qui s'industrialise.

Objectif? «Détruire et tuer»

Avec son buggy fait de tôles soudées, Akademic, de son nom de guerre, est un adepte de la débrouille. Son équipe de geeks a monté sur l'engin des brouilleurs de signaux contre les drones, fabriqués dans des caves, non loin du front.

Le pilote de 28 ans explique:

«Ça fait maintenant trois ans que nous tenons bon, nous essayons de ne pas prendre de retard»

Selon lui, les deux ennemis observent la façon de travailler de l'autre, améliorant les techniques, tentant de prendre l'avantage. Illustration de cette rivalité, la Russie a annoncé en juin la création de forces armées «sans pilote», un an après une décision analogue de Kiev.

L'équipe du soldat Boroda, 27 ans, a transformé un lourd drone agricole en cargo de fret, qui permet de fournir nourriture et médicaments aux fantassins, bloquées dans les tranchées pendant parfois pendant plusieurs semaines, la supériorité aérienne russe empêchant leur rotation.

Moscou possède «un plus grand nombre de nouveaux drones, plus modernes», mais n'en a pas pour l'instant «comme les nôtres, pour livrer de plus grandes quantités de produits», assure Boroda.

Il croit toujours en la victoire:

«Notre objectif est plus noble, c'est nous défendre, il nous motive. Le leur, ce n'est que détruire et tuer»
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source: service d'incendie et de secours
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