La suite de ce film d'horreur très attendu méritait mieux
Trois ans après le très bon Black Phone de Scott Derrickson, les fans d’horreur espéraient un retour aussi maîtrisé que glaçant. Le premier film, porté par l’interprétation intense d’Ethan Hawke, avait su allier suspense psychologique, atmosphère poisseuse et mystère surnaturel. Une réussite inattendue, qui s’était imposée comme un petit classique du genre moderne.
Mais cette suite, réalisée cette fois encore par Derrickson, semble avoir perdu tout ce qui faisait la force du premier opus. Le film reprend les mêmes ingrédients, les coups de téléphone venus d’outre-tombe, l’enfant courageux, la présence spectrale du tueur, sans parvenir à recréer la tension ni la subtilité du précédent.
Le scénario, surtout, part dans une direction quelque peu absurde: l’âme de l’Attrapeur, le tueur masqué, reviendrait littéralement des enfers pour hanter les vivants. Une idée déjà peu crédible sur le papier, et qui à l’écran tourne vite à la farce. On sent que Black Phone 2 existe avant tout pour justifier une suite commercialement rentable, plutôt que pour raconter une histoire digne d’intérêt.
Les scènes gores, nombreuses, sont d’une gratuité déconcertante. Là où le premier film jouait sur la suggestion et la peur intérieure, ce second volet verse dans le grotesque et le surenchérissement visuel. Le sang coule, les cris fusent, mais la peur ne prend jamais.
BLACK PHONE 2 has no reason to exist and bends over backwards trying to justify itself, but it does everything it’s doing so well that I enjoyed myself despite my issues. Bigger leaps in logic than the first, but with even more of that patented Derrickson style. The finale slays. pic.twitter.com/CCJ8zFOOho
— Dancin' Dan in NYFFland (@dancindanonfilm) October 15, 2025
Côté casting, la déception continue. Mason Thames, incarnant Finn, désormais adolescent, semble totalement désengagé. Son jeu sonne forcé, mécanique, sans émotion.
Les seconds rôles ne sauvent rien: Ernesto et Gwen font de leur mieux pour paraître réellement investis, mais les dialogues sont plats, parfois risibles, et aucune alchimie ne se dégage entre les personnages. On a l’impression que tout le monde veut simplement en finir avec la scène.
Les quelques sursauts du film proviennent uniquement des screamers, ces effets sonores violents qui font sursauter le spectateur par surprise. Ce sont d’ailleurs les seuls instants où l’on ressent quelque chose, mais plus par réflexe que par frayeur. C’est dire à quel point le film manque de tension véritable.
Visuellement, Black Phone 2 conserve pourtant la patte de Derrickson: quelques jeux d’ombre réussis, une photographie sombre et granuleuse, des décors inquiétants. Ces éléments techniques ne suffisent toutefois pas à masquer le vide narratif et émotionnel du scénario.
En somme, ce deuxième volet semble destiné à un public adolescent en quête de sensations fortes à l’approche d’Halloween, plutôt qu’aux amateurs d’horreur exigeante. Ceux qui avaient apprécié la finesse et la lente montée en tension du premier film risquent de sortir de la salle avec une impression de trahison. Black Phone 2 voulait ressusciter la peur. Il ne fait que réveiller la déception.