C'était il y a neuf ans. Voilà une sombre histoire qui croupit comme une bague inestimable dans le tiroir d'un vieux secrétaire. Pourtant, l'affaire n'a rien d'anodin. Elle implique une figure mondialement connue, Kim Kardashian, et des membres d'un gang parisien, surnommés les «papys braqueurs», des roublards aux profils dignes d'un polar à grand suspense, qui ont fonctionné en réseau pour faire aboutir le casse du siècle.
Dans le lot, on trouve notamment le cerveau, un certain Aomar Aït Khedache, 69 ans, dit «le vieux Omar», et Yunice Abbas, le guetteur du braquage, aujourd'hui âgé de 72 ans, qui a publié un livre au titre sans équivoque: J’ai kidnappé Kim Kardashian.
Rajoutez Didier «Yeux bleus» Dubreucq, 69 ans, deuxième voleur à avoir pénétré dans le penthouse de Kim Kardashian après le vieux Omar, ou le deuxième cerveau, Pierre 'Big Pierrot' Bouianère, 72. N'oublions pas Christiane «Cathy» Glotin, 78 ans, une criminelle notoire qui aurait aidé à organiser le braquage et se serait rendue à Anvers pour vendre le butin.
Or, neuf ans après, la justice semble avoir bien de la peine à tenir le timing du procès. Si tout se passe comme prévu, il devrait se dérouler du 28 avril au 23 mai 205 devant la cour d'assises de Paris.
Mais une partie des accusés ont pu quitter la cellule dans laquelle ils étaient censés rester jusqu'au procès, ayant pris de l'âge, ou étant malades. De quoi, assure le Mail Online, mettre en rogne les agents de la Brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire de Paris. Ceux-ci ont bien du mal à digérer ces multiples ajournements de la justice, après avoir arrêté tous les membres présumés du gang lors de raids simultanés dès janvier 2017.
De cette impatience, le Daily Mail en a ressorti une enquête complémentaire, permettant de remonter le processus, des premières rumeurs échangées sur la présence de Kim à Paris, à un flingue pointé dans sa direction.
Rembobinons.
Tout a commencé en 2016. Le vieux Omar reçoit un tuyau selon lequel une «grande star américaine arrivait en ville». Ladite star? Kim Kardashian, 36 ans à l'époque, et inconnue au bataillon en ce qui le concerne. L'important est qu'elle expose sa fabuleuse richesse sur Instagram.
«Old Omar» a lui-même a obtenu des indications de Florus Héroui, 52 ans, qui tient un bar dans le quartier parisien du Marais. Lui aurait été mis au jus par Gary Madar, un agent d'accueil VIP qui accueillait régulièrement les stars à leur arrivée à l'aéroport de Paris Le Bourget en jet privé.
A noter que Madar était «apprécié» et «jouissait de la confiance de Mme Kardashian», et qu'il avait «des liens familiaux étroits avec la société automobile» qu'elle utilisait toujours lorsqu'elle était en France. Ils ont d'ailleurs été photographiés ensemble à de nombreuses reprises.
Le Mail Online s'intéresse ensuite à un personnage central du méfait, lié au vieux Omar. Il s'agirait d'une femme surnommée Christiane «Cathy» Glotin, âgée de quelque 79 ans, née dans le Marais et condamnée pour la première fois pour trafic de drogue au début des années 1990. Elle figure sur la liste des accusations des Kardashian en tant qu'organisatrice clé du braquage.
Elle aurait rejoint le vieux Omar et le gang et «reluqué les bijoux de Kim après avoir recherché des photos sur Google sur un ordinateur», selon un enquêteur de la police.
La bande était surtout intéressée par la bague de fiançailles de 18,88 carats de Kim. Une babiole estimée à quelque 4 millions de dollars.
Le reste est bien connu, et a largement été traité dans les médias. Le gang a découvert que la star de téléréalité séjournait à l'Hôtel de Pourtalès, un manoir reconverti en appartements de rêve, qui a accueilli de nombreuses stars hollywoodiennes, de Leonardo DiCaprio à Prince. La bâtisse se trouve au numéro 7 de la rue Tronchet, juste derrière l'église de la Madeleine, à Paris (8e). Les malfaiteurs ont attendu que Kim soit seule, sans sa famille ni son garde du corps allemand de l'époque, Pascal Duvier.
Ainsi, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, ce sont trois cyclistes affublés de gilets jaune fluo qui ont garé leur vélo dans la cour de Pourtalès. Ils ont été rejoints par deux autres membres qui sont arrivés à pied, munis de cagoules noires et de faux brassards de police.
Ils ont d'abord attaqué le concierge de l'établissement, Abderrahmane Ouatiki, un père algérien et doctorant à l'Université de Paris, alors âgé de 39 ans. C'est avec un pistolet sur la tempe que l'homme a mené une partie des assaillants à l'étage, où se trouvait Kim. Le concierge se souvient qu'une arme a été pointée en direction de l'influenceuse.
Pour empêcher Kim Kardashian de crier trop fort, avance le Daily Mail - bien que plusieurs versions existent - les voleurs lui auraient scotché la bouche avant de l'enfermer dans sa salle de bain. En tout, les malfrats auraient passé 49 minutes complètes dans le penthouse, avant de repartir avec un butin estimé à environ 10 millions de dollars.
Après les faits, la police a finalement été alertée, et Kim entendue. De son côté, Kanye West avait dû interrompre prématurément un concert à New York, en raison d'une «urgence familiale». Quant à Kim, profondément choquée, elle avait finalement pris son vol privé pour se rendre chez elle.
Des empreintes ont été relevées sur les lieux, tandis que des images de vidéo surveillance de la zone ont été passées au peigne fin. Plutôt que d'arrêter les suspects immédiatement, les forces de l'ordres ont lancé des opérations de filature, qui comprenaient le placement de dispositifs de surveillance GPS sur les voitures des suspects. C'est à ce moment, assure le Daily Mail, que de nouveaux visages sont apparus...
Le 5 décembre 2016, des agents du BRB auraient observé de loin le gang «partager le butin» sur la terrasse d'un café du Marais, près de celui où Omar avait reçu son premier tuyau.
Ce n'est qu'un mois plus tard, le 9 janvier 2017, que la BRB a fait irruption dans les domiciles des suspects, les a menottés et placés en garde à vue. Aït Khedache (Old Omar) aurait d'abord nié tout acte répréhensible, mais, lorsque des preuves ADN ont été brandies contre lui, il a livré des aveux complets.
«Profondément traumatisée» par le braquage, Kim Kardashian a évité Paris pendant plus d'un an, si bien que la juge d'instruction Armelle Briand a dû se rendre aux Etats-Unis pour l'interroger.
Pour l'heure, tous les suspects restent officiellement innocents jusqu'à preuve du contraire, malgré les quelques aveux et le droit légal de la police et du parquet de divulguer des informations sur l'affaire.
Le procès prévu pour avril 2025 risque de faire grand bruit. Après tout, selon le Daily Mail, il pourrait bien s'agir «du plus grand vol de bijoux commis contre une seule personne en France au cours de ce siècle». Reste à voir si celui-ci ne sera pas, une fois encore, reporté.
Cela donnerait raison à l'un des accusés, qui a déclaré au média britannique: «A ce rythme-là, nous comparaîtrons tous devant le tribunal en fauteuil roulant ou dans un cercueil.»