Oyé oyé, populace! Le prince Harry est de retour! JE REPETE: LE PRINCE HARRY EST DE RETOUR. Trois mois après un voyage express de 24 heures pour rencontrer son père, dans la foulée du diagnostic de cancer, le fils prodigue vient de poser ses valises à Londres. Une visite en solo, sans femme ni enfants. La première depuis sa défaite devant la Haute Cour, en février, dans sa bataille judiciaire pour obtenir une sécurité financée par le contribuable britannique.
Cette fois-ci, en revanche, pas question de gâcher tout ce carburant et ces heures de vol pour 30 malheureuses minutes d'audience avec papa, qui n'a de toute façon pas le temps. Harry est venu célébrer le dixième anniversaire de son bébé. Son «projet numéro 1». Les Invictus Games, dont les dix ans seront marqués avec une messe dans la cathédrale Saint-Paul mercredi.
C'est qu'il y a matière à fêter! Depuis que le duc de Sussex a conçu cette compétition paralympique pour soldats et vétérans de guerre, blessés ou en situation de handicap, les Jeux Invictus sont devenus un événement mondial impliquant 22 pays et plus de 500 athlètes. Un ultime héritage du passé royal d'Harry et Meghan, une occasion rêvée de se trouver sous les feux de la rampe, mais surtout l'un des projets les plus personnels du prince. Une immense source de fierté pour ce vétéran, durablement marqué par son service en Afghanistan.
Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à observer Harry, les yeux brillants et les joues en feu, noyé au milieu d'un stade plein à craquer. Qu'il soit en train d'applaudir les athlètes, de s'essayer au bobsleigh ou de prononcer un discours vibrant, le prince semble toujours à l'aise durant les Jeux. Sincèrement heureux. Une vision trop rare. Souvenez-vous de sa tronche dans les tribunes du concert de Beyoncé, l'an dernier.
Malgré le succès et l'envergure croissante des Invictus Games sur la scène mondiale, il est peu probable que la famille royale vienne goûter à ce succès avec Harry à la chapelle Saint-Paul. Selon Page Six, bien que le duc de Sussex ait fait parvenir à tout le monde un carton d'invitation, aucun membre haut placé ne participera à la cérémonie du 8 mai. Le palais n'a même pas pris la peine d'envoyer un quelconque substitut royal, comme le prince Edward. C'est dire.
Pas faute pour les Windsor d'être intrinsèquement liés au lancement des Jeux Invictus. A l'époque, la tornade Meghan n'a pas encore pointé le bout de son nez, Harry est encore un prince investi et obéissant. Un membre actif de la team royale à part entière.
En septembre 2014, lors de la cérémonie d'ouverture à Londres, ils sont tous là pour le soutenir, de Charles à Kate et William, dont la Fondation royale a injecté des sommes importantes dans l'événement. Même la sacro-sainte Elizabeth II y a mis du sien, en jouant son propre rôle dans un spot publicitaire dans laquelle figurent, accessoirement, Barack et Michelle Obama.
Un courtisan affirme alors au Telegraph: «Le prince William et Catherine ont toujours soutenu les efforts de Harry pour créer Invictus. Ils sont ravis que ce soit un succès.»
Ravis... vraiment? Tout le monde ne partage pas ce point de vue. Le biographe royal Robert Jobson, lui, perçoit plus volontiers une pointe d'envie chez l'héritier du trône d'Angleterre vis-à-vis de son frère cadet: «Je pense qu'il y a un certain degré de jalousie quant à la façon dont tout s'est bien passé.»
Depuis que le trublion aux cheveux roux a quitté la Firme, tout a changé. Le joyeux soutien de la famille royale envers les Invictus Games a fait place à un silence glacial. Plus un mot d'encouragement ni le moindre commentaire public. Aucun vague geste de soutien. Et encore moins l'ombre d'un financement. Comme si les Invictus Games n'avaient jamais existé.
Il faudra pourtant bien sortir la tête du sable. En 2027, après l'Allemagne et le Canada, c'est au Royaume-Uni que pourrait se tenir la 7e édition des Jeux. Birmingham tente de remporter l'appel d'offre face à la rude concurrence de Washington DC. A supposer que la candidate britannique remporte la compétition, une absence de soutien de la part de la famille royale pour un évènement caritatif sur sol britannique serait incompréhensible. Si ce n'est carrément grotesque.
«Les gens vaguement conscients que les membres de la famille royale passent leurs journées à visiter des centres communautaires et à ouvrir des supermarchés, vont se demander pourquoi ils boycottent cette formidable organisation caritative, qui est dirigée par le fils du roi», souligne un ancien courtisan au Daily Beast.
En attendant, beaucoup de choses peuvent changer. La famille royale est bien placée pour le savoir. Avant de convaincre qui que ce soit de soutenir ses Jeux Invictus, c'est Harry lui-même qui va devoir convaincre de sa bonne volonté. Plus tôt cette année, le duc a manifesté sur la chaîne ABC News son désir de renouer avec sa famille et de la «voir autant que possible».
Pour ce coup-ci, c'est raté. Entre son audience hebdomadaire avec le premier ministre et la première garden-party de la saison à Buckingham Palace mercredi, Charles vient de faire savoir qu'il n'aurait pas le temps pour rencontrer son fils. Une information confirmée dans la foulée par un porte-parole de la team Sussex mardi:
Du côté de William, rien n'indique non plus que le prince de Galles soit prêt à recroiser son frère de sitôt. Sa famille se trouvera à Londres, sur ses terres de Windsor, où la princesse de Galles poursuit sa chimiothérapie.
Rien toutefois qui parvienne à décourager le duc de Sussex, qui vient d'engager un spécialiste d’images basé au Royaume-Uni, avec l'intention de reconquérir les cœurs et les esprits de son pays natal. Faute de quoi, il pourra toujours se consoler avec le succès de ses Invictus Games.