«Stranger Things» tient ses promesses
C’est l’événement télévisuel de l’année, et pas des moindres! Après près d’une décennie de phénomène, la série Stranger Things revient livrer sa conclusion tant attendue, levant le voile sur ses derniers secrets. Pour cette cinquième saison, Netflix a dépensé sans compter: on parle d’un budget estimé entre 400 et 520 millions de dollars (soit 50 à 60 millions par épisode), ce qui la place dans le peloton des séries les plus chères de l’histoire de la télévision. Alors, cette «season finale» méritait-elle trois années d'attente interminables? Parlons-en, et sans spoiler!
Quatre épisodes ont été mis en ligne ce jeudi 27 novembre à 2h du matin, simultanément dans le monde. Trois autres suivront le vendredi 26 décembre avant l’arrivée en fanfare du final le 1er janvier, Netflix ayant choisi de diffuser sa série sous forme d'événement. Un choix parfaitement compréhensible, puisque Stranger Things est la dernière série à créer un engouement aussi populaire.
Lorsque la série a été entamée en 2016, certains comédiens étaient alors âgés de 12 à 14 ans. Il y a quelque chose de réellement émouvant à les avoir vus grandir et devenir des adolescents.
Un attachement encore plus flagrant si l’on s’est adonné à un revisionnage intégral de la série. L’action de cette saison se déroule en 1987, soit quatre ans après que le jeune Will Byers a été kidnappé dans le Monde à l’envers (The Upside Down en VO), et après la rencontre de Onze (Eleven) avec Mike et le reste de la bande.
Chapitre 5
Ce cinquième volume repart sur de nouvelles bases avec un premier épisode d’une heure, qui introduit le nouveau contexte ambiant. La série reste évidemment dans la continuité du chapitre précédent, avec la même générosité dans la durée des épisodes, atteignant parfois jusqu’à une heure et demie. Une ambition résolument cinématographique qui se ressent à chaque plan, dont les séquences sont autant de scènes touchantes que des moments de tension, en passant par du grand spectacle époustouflant.
L’intrigue se déroule un an et demi plus tard, à l’automne 1987, après que la petite ville de Hawkins et ses habitants ont été placés en quarantaine par les autorités. Ce confinement fait suite à l’apparition d’une gigantesque faille traversant la ville, ouvrant directement sur le monde parallèle où sévissent les Démogorgons. Vecna, la monstruosité aux pouvoirs démesurés responsable du chaos ambiant, court toujours. Onze, aux côtés de Mike, Dustin, Jacob, Will, Steve, Robin, Nancy et les autres sont bien déterminés à en finir une bonne fois pour toutes.
Seul bémol: l’armée contrôle désormais la ville et cherche désespérément à mettre la main sur Onze, tout en menant évidemment de nouvelles expériences sur le Monde à l’Envers. Ces recherches sont pilotées par une nouvelle scientifique, le Dr Kay, incarnée par Linda Hamilton, l’iconique Sarah Connor de Terminator. Cette dernière poursuit le travail amorcé par le Dr Brenner, le fameux «Papa» de Onze, et sa détermination à retrouver la jeune fille constitue l’un des enjeux centraux de cette première salve d’épisodes.
Dans cet ultime chapitre, la série créée par les frères Duffer gagne en ampleur tout en restant dans la lignée des précédentes. L’effet de groupe, directement inspiré du cinéma de Spielberg et des romans de Stephen King, fonctionne toujours du feu de Dieu, et les références 80’s continuent de faire vibrer la nostalgie de cet âge d’or de la culture pop.
Si les saisons précédentes se dissociaient légèrement les unes des autres, cette conclusion semble vouloir ramifier l’ensemble et répondre à toutes les questions laissées en suspens — dont celle que l’on s’est toutes et tous posée: Mais pourquoi diable Will Byers s’est-il fait kidnapper dans le tout premier épisode de la série? Leur lien est un élément central de l'intrigue, dont le mystère est abordé dès les premières secondes de ce nouveau chapitre.
Vaincre Vecna
Comme dans toute bonne campagne de Donjons & Dragons, le jeu de rôle emblématique dont la série s’inspire, il faut un climax épique où les joueurs affrontent l’antagoniste final. Et le plus emblématique d’entre eux se nomme Vecna. C’est essentiellement à cela que ce volet ultime de Stranger Things va se consacrer.
Dans l’histoire de Donjons & Dragons, Vecna était autrefois un mage extrêmement puissant et terriblement ambitieux. Sa quête éternelle de pouvoir et d’immortalité l’a conduit à devenir une liche, une créature ni morte ni vivante, à l’instar de Voldemort dans Harry Potter.
Principal antagoniste de la série phénomène, le Vecna de Stranger Things s'est révélé durant la saison quatre, nous confiant notamment le secret de ses origines. À commencer par sa véritable identité. Avant Vecna, il y a eu Henry Creel, un jeune homme d'Hawkins doté de pouvoirs télépathiques qui a été le premier sujet-test du Dr Brenner et son laboratoire dans lequel sera aussi détenue Onze des années plus tard.
Ses pouvoirs bloqués par une puce, Henry Creel, le sujet 001, avait manipulé Onze (011) afin qu’elle lui retire le dispositif qui neutralisait ses capacités. Une fois libéré, il avait massacré tous les autres cobayes numérotés et dans un mécanisme mêlant colère et instinct de survie, Onze avait fait appel à toute sa puissance dévastatrice pour ouvrir un portail interdimensionnel et exiler Henry dans le Monde à l’Envers. C’est ainsi qu’elle avait perdu ses pouvoirs, sa mémoire et même la parole, comme on le découvrait dans la première saison.
Écorché vif et défiguré par son voyage dans le Monde à l’Envers, Henry Creel avait utilisé ses pouvoirs pour prendre le contrôle de son nouvel environnement et avait découvert le moyen de créer des portails entre sa dimension et notre réalité qu’il n’aspire qu’à envahir. Il s’avère que ce moment est enfin venu.
C'est loin d'être fini
Série emblématique de la Gen Z et véritable doudou pour les générations précédentes, Stranger Things est devenue un élément central de la culture populaire, au même titre que Star Wars, Dragon Ball ou Game of Thrones, pour ne citer qu’eux. Netflix en a bien conscience: la série des frères Duffer est aujourd’hui sa propriété la plus lucrative, dépassant largement Mercredi, Squid Game ou encore La Chronique des Bridgerton.
La série a donné naissance à des bandes dessinées, des romans, et même une pièce de théâtre, primée aux Tony Awards. Une série animée est à venir sur la plateforme et une série dérivée est actuellement dans les cartons.
Le budget marketing, aussi démesuré que la production, s’est traduit par des happenings organisés aux quatre coins du monde pour le lancement de la nouvelle saison et par une omniprésence culturelle grâce à une multitude de partenariats. Que ce soit des baskets Nike, des gammes de vêtements pour H&M et Pull & Bear, des jeux Donjons et Dragons dédiés, des sucettes Chupa Chups et même sa propre gamme de pizzas surgelées avec Palermo: la marque de Netflix est partout.
Stranger Things a les moyens de ses ambitions pour se terminer en apothéose, et c'est bien tout ce qu'on lui souhaite. Il semblerait que le portail sur le Monde à l'envers n'est pas près de se fermer.
Les quatre premiers épisodes de Stranger Things sont disponibles sur Netflix depuis le 27 novembre. Les trois suivants sortiront le 26 décembre avant l’arrivée du final le 1er janvier.
