Depuis quelques jours, cette affiche aussi drôle que touchante tourne sur les réseaux. Certains l'ont également aperçue dans les rues de Lausanne.
En la découvrant, on a eu l'impression de nous retrouver au cœur de l'intrigue dans l'un de ces films vieillots mais furieusement réconfortants de Noël, que l'on binge sur TMC depuis le début du mois.
Mais qui est donc cette personne qui a réussi à nous mettre des paillettes plein les yeux juste avant les fêtes? Son appel a-t-il trouvé preneur? On veut tout savoir. Ni une, ni deux, on a contacté l'âme désespérément romantique derrière la missive.
A bout du fil, l'on découvre une Lausannoise à l'humeur franche et joyeuse. Marie* est une secrétaire et illustratrice âgée de 35 ans. Son histoire commence dans les transports publics (si, si, les CFF, ça peut inspirer autre chose que l'envie d'étrangler toute une rame), avant de rebondir au Flon. Aucun lieu, à priori, qu'on associerait à une quelconque romance, ou à une once de sentiment positif. Et pourtant.
Dimanche 20 octobre, Marie est encore dans le brouillard, après une soirée de la veille bien arrosée pour célébrer les 40 ans d'une amie. Elle monte dans un train direction Lausanne. «J'étais bien habillée, mes cheveux étaient ok», décrit l'illustratrice.
A l'étage, patatra! elle plonge sans s'y attendre dans les yeux d'un charmant jeune homme, déjà assis, «plus ou moins la trentaine, comme moi». Cheveux mi-longs, très lisses, rangés derrière les oreilles, petite moustache brossée, look british sous un faux air de dandy, tout de noir vêtu et Doc Martens pour achever le look: l'inconnu lui fait grand effet.
L'intérêt semble réciproque:
Mais, timidité ou convenance oblige, ni l'un ni l'autre ne lâchent un sourire, ni même une parole. Après cet eye contact qui la chamboule, Marie décide «instinctivement» de s'installer juste derrière l'intrigant bellâtre. «Je pouvais voir qu'il tournait parfois la tête dans ma direction, mais ça s'est arrêté là».
L'Apollon descend alors à Lausanne. Comme Marie, qui se dirige vers l'arrêt de métro. Mais le destin la talonne: Mr. Doc Martens est également là. Rebelote: des regards sont échangés de biais, mais personne ne sort de ses retranchements. «Je ne voulais pas qu'il me voie avec cette tête». De toute façon, explique la trentenaire, elle le sait, au fond d'elle: ils vont se revoir. D'une façon ou d'une autre. Elle n'est donc pas frustrée quand sa potentielle âme soeur débarque au Flon, tandis qu'elle descend plus loin.
Des heures après, cette rencontre fortuite continue de lui marteler l'esprit. «Il m'a peut-être confondue avec quelqu'un d'autre», songe l'illustratrice, qui dit fréquenter le monde de la musique. «Je n'avais jamais ressenti ça jusqu'ici. C'est une drôle de sensation, comme si on se connaissait depuis toujours».
Se rappelant d'une histoire poétique parue dans watson, Marie prend une décision un peu dingue. Elle prépare une dizaine de petites affichettes, un «wanted» du courrier du coeur, qu'elle compte placarder à Lausanne, dans les quartiers du Flon, de Saint-François et de la gare.
Sur celles-ci, elle explique rechercher son coup de foudre «du train Lausanne-Genève». Sa motivation?
Le texte en question se lit comme suit:
La soupirante s'excuse d'avance «si ces affiches paraissent un peu cringe». Mais promis, assure-t-elle...
Le tout est agréé d'un croquis de l'être désiré. Pour ses amis, la ressemblance est frappante:
Au bout du fil, Marie rigole. «J'ai fait le texte moi-même, mais ensuite, heureusement que mes amis m'ont accompagnée pour placarder les affiches. On était 4 dessus!»
Une de ses proches, d'ailleurs, lui assure avoir revu le gars en question à Saint-François, «blafard, dandy et taciturne».
En plus de la version papier, une annonce est déposée sur une page Facebook dédiée aux rencontres dans les transports. «La page Spotted Transports publics suisses romands a republié mon annonce par deux fois», sourit Marie.
Est-ce que ces multiples bouteilles à la mer ont ramené le marin égaré au débarcadère? Pas pour l'heure, nous assure la Lausannoise au coeur ému. Mis à part un internaute interloqué, qui lui a envoyé un e-mail pour saluer son initiative «drôle et courageuse».
Quant au bel inconnu à la veste de velours noir, qui sait s'il n'a pas déjà une tendre moitié, qui l'aura grillé en passant devant une affiche. «Peut-être qu'ils se sont engueulés à cause de moi», s'interroge Marie, en se marrant.
Dans le cas contraire, ce sera peut-être grâce à cet article watson qu'il se reconnaitra. Marie sait déjà où elle l'emmènera: «dans un café de la gare, car ce sera pour nous un lieu symbolique».
* Prénom d'emprunt