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Les salaires suisses vont augmenter, mais il y a 5 problèmes

Une augmentation de salaire pour compenser l'inflation? C'est bien, mais pas suffisant.
Une augmentation de salaire pour compenser l'inflation? C'est bien, mais pas suffisant.Image: Shutterstock

Les salaires augmentent en Suisse, mais il reste 5 problèmes

Grâce à des augmentations moyennes de salaire de 2,5%, les employés suisses vont quasiment voir l'inflation qu'ils subissent être compensée. Pourtant, les choses n'ont pas l'air toutes roses. Voici pourquoi.
13.01.2023, 05:4413.01.2023, 08:11
Ann-Kathrin Amstutz / ch media
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De plus en plus de millionnaires, une certaine précarité causée par la hausse des primes d’assurance maladie, l'apprentissage sous pression: l'Union syndicale suisse (USS) a analysé la situation salariale, patrimoniale et fiscale en Suisse.

Les résultats du rapport annuel sur la répartition 2023 ont été présentés, lundi, par l'USS. Les voici:

L'écart salarial se creuse

Les négociations salariales pour 2023 ont été couronnées de succès pour les syndicats: avec des augmentations de 2,5% en moyenne.

«On n'est pas loin d’une compensation complète du renchérissement»
Pierre-Yves Maillard, président de l'USS

L’évolution des salaires au cours des dernières années est toutefois une «source de préoccupation». Comme l’indique le rapport, les revenus moyens et inférieurs ont, aujourd’hui, un «salaire réel» (qui tient compte de l'inflation) est inférieur à celui de 2016. Les pertes les plus importantes concernent les salaires les plus bas, tandis que les salaires réels des personnes mieux payées ont augmenté.

On s’attend à un maximum de 4100 francs par mois pour les salaires les plus bas, de 6200 francs pour les salaires moyens et de 11'000 francs pour les salaires les plus élevés. Selon l'USS, les salaires les plus élevés sont en hausse depuis 2014, même pendant la crise du Covid.

L'apparition de plus en plus de salaires annuels dépassant le million de francs est aussi à noter. Le nombre de ces personnes a augmenté en Suisse:

  • En 2020, le pays comptait 3549 millionnaires, soit 35% de plus qu’en 2010,
  • et 15'637 personnes ont pu se réjouir de recevoir un salaire d’au moins un demi-million — 32% de plus qu’en 2010.

Et c'est à peu près le salaire d'un conseiller fédéral 👇

La moitié des femmes gagne moins de 4500 francs

Depuis 2012, les femmes ont à peine rattrapé leur retard salarial, selon l’analyse de l'USS. La moitié des femmes gagne moins de 4500 francs par mois, contre 6645 francs pour les hommes. Les femmes travaillent en effet beaucoup plus souvent à temps partiel et sont sous-représentées dans des emplois mieux rémunérés.

Leur temps est aussi souvent consacré à du travail non rémunéré, comme la garde des enfants ou les tâches ménagères: les femmes y travaillent près de 30 heures par semaine, alors que les hommes n'y consacrent que 18 heures environ. Pour la vice-présidente de l'USS, Vania Alleva, ce sont des «chiffres effrayants». «Il faut reculer plutôt qu’avancer» dans la répartition équitable du travail de soins, plaide-t-elle.

Selon l'USS, il est toutefois réjouissant que l’écart de rémunération entre les sexes ait été réduit de moitié pour les postes sans fonction de cadre. En 2008, il atteignait encore près de 13% et n’était plus que de 7% en 2020.

L’apprentissage ne paie pas assez

L'USS qualifie «d’inquiétante» l'évolution des salaires des personnes actives qui ont fait un apprentissage. De 2016 à 2020, leurs salaires réels ont baissé.

Un quart des salariés gagne moins de 5000 francs après un apprentissage, par exemple les boulangers, les vendeurs et les dessinateurs en bâtiment. Selon l'USS, la question se pose de plus en plus de savoir si le credo de la politique de formation — selon lequel «l'apprentissage est la voie royale» — est encore bien valable...

Même pour ceux qui suivent une formation complémentaire dans la formation professionnelle supérieure après leur apprentissage, les salaires ont baissé en termes réels ces dernières années.

Les primes d'assurance-maladie augmentent

Au cours des 25 dernières années, la charge des primes a plus que doublé. La réduction des primes n'a pas suivi l'augmentation des coûts: alors que les primes ont augmenté d'environ 140% en termes réels, la réduction n'a permis de compenser que 40%. Quant aux salaires réels moyens, ils n'ont permis d'en compenser que 15%.

Selon l'analyse de l'USS, cela signifie que pour les couples à revenus faibles et moyens, 13 à 15% du revenu sont consacrés aux primes dans le modèle avec libre choix du médecin. Dans le modèle du médecin de famille, ce sont plus de 10%. Un couple avec deux enfants doit donc payer pour la première fois plus de 1000 francs par mois avec une franchise de 300 francs.

Pour l'USS, les primes pèsent aujourd’hui beaucoup trop lourdement dans le budget familial qu’avant le tournant du millénaire. Cette charge devient de plus en plus «inacceptable» et la faîtière syndicale réclame d’urgence davantage de réductions de primes.

La Suisse n'est pas si bien classée au niveau européen

Plusieurs études décortiquées par l'USS ont porté sur la répartition des revenus dans différents pays. La Suisse se situe dans la moyenne européenne en ce qui concerne l’inégalité des revenus. La situation y est pire qu'en France et en Suède, mais meilleure qu'au Royaume-Uni.

L'inégalité de richesses est cependant bien plus élevée que l'inégalité de revenus. Cela est particulièrement vrai en Suisse, selon l’analyse de l'USS. En 2003, 3% de la population possédait la moitié de la richesse totale. En 2019, ce chiffre s'est concentré à 1,6%... On résume: 1,6% de la population suisse possède donc autant que les 98,4% restants réunis.

Ça bouchonne sur les pistes autrichiennes
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